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Politiques d’éducation et de formation. Comparaisons internationales.

Le premier numéro de cette nouvelle revue traite du projet d’établissement : mythe et réalité. Jean-Pierre Obin, après en avoir rappelé l’histoire controversée dans le contexte français, propose qu’on réfléchisse à un pilotage par les finalités et les valeurs. Chiche que les programmes d’abord, les méthodes ensuite, leur ancrage enfin dans les réalités locales par les projets d’établissement soient gouvernés par la place faite à l’altérité, au souci du bien individuel et du bien collectif.

Angéla Martini, en se fondant sur l’analyse de soixante-dix projets en Vénitie montre leur balancement entre illusion et réalité. Sont pris en considération comme critères d’analyse : leur structure formelle, leur cohérence intérieure, la réponse qu’ils apportent aux besoins de formation des élèves, le degré de participation des différents membres de la communauté scolaire, les niveaux d’adaptation et d’intégration à l’environnement et enfin les modalités internes d’évaluation des résultats atteints. On regrette de ne pouvoir disposer des indicateurs retenus pour cette enquête et de leur pondération.

Les projets éducatifs espagnols, tels que Ferran Ferrer les décrit, oscillent entre autonomie et responsabilité. En conclusion, l’auteur montre, entre autres, que le degré de développement du projet éducatif révèle chemin faisant les arcanes du pouvoir et nécessiterait que l’on convienne du degré de consensus autorisé au sein de la communauté éducative. Cette dernière proposition mériterait d’être travaillée afin d’éclairer la question de la prise de décision collective dans l’institution scolaire.

Monica Gather Thurler, dans le système genevois, situe le projet d’établissement entre croyances et pratiques, suggérant un pilotage centré sur la négociation dans la durée. L’auteur se demande si les principes du projet d’établissement centré sur la diversité, l’indépendance, l’autonomie, la coopération, l’idée de contrat, la transparence dans l’information, la négociation et la concertation ne sont pas en décalage avec la culture administrative des systèmes scolaires francophones et germanophones imprégnés par une vision hiérarchique et plus proches des systèmes scolaires des pays anglo-saxons et nord européens. Plus profondément encore, elle se demande si l’invitation pour les enseignants à fonctionner selon les principes de l’innovation négociée dans un système essentiellement hiérarchique et autoritaire n’est pas de l’ordre de l’injonction paradoxale.

Denis Kallen traite de l’autonomie de l’école aux Pays-Bas, qui constitue une vieille tradition dans ce pays, accentuée, selon l’auteur, par la philosophie libérale et l’économie de marché, conduisant à une exaltation des droits de la personne individuelle et de la compétitivité. Il en montre les retombées en termes pédagogiques conduisant à accentuer l’importance à accorder aux stratégies de résolution de problèmes, à différencier dans les programmes une partie commune, une partie spécifique et une partie libre (15 % de la charge d’étude totale).

Francine Vaniscotte décrit la nature des projets éducatifs européens et le passage d’un projet d’établissement à ces derniers, conduisant à des partenariats multilatéraux dans des contextes culturels différents, développant par là-même une culture de la mobilité et la maîtrise des langues vivantes, la connaissance du patrimoine culturel et les études comparatives, ancrant dans une réalité européenne et plus seulement nationale l’enseignement de l’histoire, de la géographie, de l’instruction civique.

Denis Meuret, à travers les Charter schools américains qui passent un contrat avec une autorité éducative, en vue d’une autonomie accrue, se demande s’il s’agit d’une préfiguration du système scolaire de l’avenir ou d’une réponse conjoncturelle.

Une revue de grande qualité donc, proposant des éclairages neufs sur une question ancienne.

Michel Develay