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Passer son bac au Microlycée de Paris ? Bientôt possible !

Ingrid Duplaquet, quel parcours professionnel vous amène dans ce projet qui va faire s’ouvrir une classe de 1e puis de terminale en 2014 ?

selection_999_125_.jpgJ’ai été PLP Lettres-histoire dans l’académie de Versailles dans un lycée professionnel ZEP industriel pendant 18 ans, formatrice en formation continue des enseignants en Lettres mais aussi en transversal, chargée de mission d’inspection auprès des CFA.
Je peux donc dire que j’ai une vision un peu élargie du système éducatif
18 ans, ce n’est pas rien ! Mais j’étais arrivée à un moment de ma carrière où j’avais envie de faire autrement, de travailler autrement et particulièrement de travailler et de réfléchir davantage en équipe, mieux, de « faire équipe » afin d’aider des élèves que je voyais disparaitre du système scolaire.
Etre enseignant dans ce genre de structure, c’est concevoir qu’on n’est pas uniquement dans la transmission de notre discipline, que souvent le rapport aux savoirs se reconstruit par d’autres biais et qu’il est important d’accorder une place à la parole de l’élève tout en ayant des exigences fortes.
J’ai donc intégré le PIL, Pôle innovant lycéen, et quand cette opportunité d’ouvrir un Microlycée s’est présentée je n’ai pas beaucoup réfléchi avant d’accepter.
Une dernière chose qui m’a sans doute beaucoup influencée, c’est la possibilité d’innover, d’expérimenter et d’être aussi dans une logique de recherche-action avec des doutes, cette volonté de se remettre en question, d’analyser ses pratiques entre pairs.

Qu’est-ce qui vous a conduite à vous intéresser particulièrement à des élèves… non solubles dans l’école ?

Photographie © Haud Plaquette-Meline

Photographie © Haud Plaquette-Meline

Chaque année dans mon établissement, des élèves « disparaissaient » sans qu’on se demande vraiment pourquoi ni ce qu’ils étaient devenus. Et puis d’autres jeunes venaient sporadiquement, et de plus en plus difficilement, sans que rien ne soit vraiment mis en place pour eux.
Parfois avec un ou deux collègues plus motivés, on arrivait à raccrocher un ou deux jeunes. C’était des… cadeaux pédagogiques !

Mais que d’énergie et de force de conviction fallait-il déployer ! Des mails avec les cours envoyés, des coups de fil sur le portable que le jeune avait bien voulu nous donner… Que de stratagèmes, parfois non dits aux autres collègues, pour le faire !
Bien sûr dans un Microlycée, on retrouve cela ! Mais c’est une chose acceptée et partagée par tous.
Et puis certaines pratiques pédagogiques semblaient plus efficace que d’autres, la proximité avec mes élèves que j’ai toujours revendiquée semblait bien fonctionner donc j’ai eu envie de mettre cette expérience au profit d’élèves différents et de travailler avec des collègues partageant ces valeurs.
Ce sont donc mes envies de faire autrement qui ont rejoint les élèves différents. Ou l’inverse…

 

Photographie © Haud Plaquette-Meline

Photographie © Haud Plaquette-Meline

Cette structure aura-t-elle des particularités par rapport aux autres structures de ce type ?

Je pense que chaque structure pose une empreinte particulière (des choix d’emploi du temps différents, des cours différents, etc.) car elle évolue et se transforme au fil des ans. Mais les principes et les valeurs sont les mêmes.
Le choix même du nom «  Microlycée » et non « pilbac » par exemple, choix voulu par les enseignants porteurs du projet initial, montre qu’il y a une certaine volonté de s’inscrire dans une démarche commune.

 

Nathalie Broux et Eric de Saint-Denis viennent de publier « Microlycées, accueillir les décrocheurs, changer l’école »…

Ce livre ne pouvait pas mieux tomber et je l’ai dévoré !

Alors je vous propose de nous retrouver bientôt, Ingrid Duplaquet, et vous, visiteurs du site des Cahiers pédagogiques, pour une petite conversation avec les auteurs.

Propos recueillis par Christine Vallin