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Maitrise de la langue Compétence 1 du socle commun

Tout le monde semble d’accord : il est essentiel de maitriser la langue française, c’est la clé de la réussite, chaque enseignant doit prendre sa part de l’indispensable travail sur la langue.

Dans ce dossier, qui concerne tous les enseignants, de la maternelle à la fin du collège au moins, nous avons voulu, à travers les contributions recueillies, présenter un panorama diversifié de ce que recouvre la compétence 1 du socle commun, placée en tête de gondole. En cela, nous nous inscrivons dans la continuité des dossiers sur le travail par compétences et sur la mise en œuvre du socle commun.

Mais qu’on nous permette, en premier lieu, d’interroger la notion même de « maitrise de la langue française », au risque de bousculer les faux consensus. S’il s’agit bien de maitrise, cela signifie « appropriation réelle » par l’élève, qui, du coup, doit être un acteur et non un sujet passif qui apprend les règles. Trop souvent, la langue ressemble à une chape de plomb qui serait le véritable maitre. Permettre aux élèves de bel et bien s’approprier la langue, leur langue, doit être au cœur de la compétence 1.

Ne confondons pas moyens et buts. Savoir conjuguer un verbe ne sert pas à grand-chose si on ne fait rien de ces conjugaisons dans une pratique d’écriture, sauf peut-être à répondre à des quizz. Les plus conservateurs objectent qu’il s’agit là de préalables, mais rien de sérieux n’étaie leurs propos. Plusieurs études, anglo-saxonnes notamment, montrent bien le peu d’effet des leçons de langue sur des pratiques visant à manier la langue. Et dans ce dossier, de nombreuses contributions montrent l’intérêt du travail par compétences quand il est authentique et dès lors qu’il s’agit de mobiliser des savoirs et savoir-faire techniques, à l’occasion de situations complexes ou de projets. Bien sur, la construction de compétences langagières peut passer par des exercices techniques, des gammes, et n’exclut pas les activités visant l’automatisation, mais elle exclut la confusion avec une pédagogie par objectifs qui fonctionne avec des micro-compétences.

Il est souvent dit dans les textes officiels que cette maitrise ne concernait pas que les enseignants de français. Mais il faut aller plus loin et nous nous efforçons d’y contribuer dans ce dossier. Quel doit être le rôle de chacun ? Comment éviter de réduire la langue à des problèmes d’orthographe, ce que révèlent certaines réflexions d’enseignants de sciences : « Mais bien sur je m’en occupe, j’enlève des points quand il y a trop de fautes ! » ?

Nous sommes partis d’aspects transversaux qui sont fondateurs pour y revenir en fin de dossier, à travers des exemples de pratiques interdisciplinaires, en allant voir du côté de la lecture et de l’écriture, en montrant que bien des articles peuvent tout autant concerner le primaire que le collège.

On s’étonnera peut-être de la part quasi inexistante réservée à l’oral. Il a fallu faire des choix vu l’abondance du dossier, et nous voulons renvoyer à l’excellent dossier « Oser l’oral » des Cahiers pédagogiques (n° 400) qui fait remarquablement le point sur la question et renvoie à de nombreuses pistes de travail.

Anne Hirribarren et Jean-Michel Zakhartchouk