Les Cahiers pédagogiques sont une revue associative qui vit de ses abonnements et ventes au numéro.
Pensez à vous abonner sur notre librairie en ligne, c’est grâce à cela que nous tenons bon !

Littérature et biologie au cycle 2

Quand lire aide les élèves à se poser des questions scientifiques. Quelques exemples d’albums.

Si l’association entre la lecture d’écrits documentaires et la maîtrise des compétences relevant de la découverte du monde semble aller de soi, l’intérêt d’associer littérature et biologie n’est pas aussi évident. Pourtant, le rapprochement entre la lecture de certains albums et l’enseignement des sciences potentialise les apprentissages réalisés dans les diverses activités menées dans les deux domaines. Il ne s’agit certes pas de tout mélanger – car établir la distinction entre textes documentaires et textes de fiction est un point de repère important pour de jeunes enfants. Mais les albums sont le miroir des curiosités de l’enfant et de ses interrogations sur le monde. Occasions de renvoyer, tout naturellement, à des activités scientifiques. La littérature nous parle de nous-mêmes et du monde ; en multipliant les échos nous aidons les enfants à s’intéresser de plus en plus au monde de l’écrit.

Certains albums peuvent aider l’enseignant à « lancer » une notion ou à en faire la synthèse. Le choix de l’album est ici déterminé par le contenu du récit.

Par exemple, on peut partir de Ce que Thomas voit de C. Merveille et M. Servais (Magnard jeunesse) pour aborder les fonctions de relation, et plus particulièrement la vue. Les fonctions sensorielles chez les animaux sont facilement introduites avec la lecture de 7 souris dans le noir de E. Young (Milan), et leurs découvertes complémentaires d’un mystérieux objet.

L’observation des squelettes fantaisistes de J. et A. Ahlberg dans Bizardos (Gallimard) et la mise en parallèle avec des radios de véritables ossatures d’animaux permet de lancer l’étude de la locomotion chez les animaux.

On pourrait citer encore, dans le chapitre de la fonction de nutrition, Il y a un alligator sous mon lit de M. Mayer (Pastel) pour l’alimentation chez les animaux et La dent de Pierre de J. Ruillier (Magnard jeunesse), pour celle de l’homme. Dans celui de la fonction de reproduction, La promesse de T. Ross (Gallimard jeunesse), qui traite de métamorphoses, ou Alexandre et la souris mécanique de L. Lionni (L’École des loisirs) qui pose indirectement la question : qu’est-ce que le vivant ? Dans le domaine de l’hygiène, un album sur les convenances sociales, Moi, j’adore, maman déteste d’E. Brami et L. Le Néouanic (Le Seuil jeunesse). Et pour la reproduction chez les plantes, Toujours rien de C. Voltz (Éditions du Rouergue).

Mais enseigner les sciences, ce n’est pas seulement faire construire des connaissances (contenus), c’est également développer démarches et attitudes scientifiques. Pour aider les élèves à passer de l’imaginaire au réel et donc à bien distinguer les deux, l’album de fiction est un outil indispensable. Bon appétit ! Monsieur Lapin de C. Boujon (L’École des loisirs) aide à se dégager de la représentation enfantine du monde pour fonder ses connaissances sur une affirmation argumentée.

C’est même à une réflexion critique sur la science que nous invitent certains ouvrages. Un roman comme Le petit humain de A. Serres et A. Tonnac (Gallimard) amènera à réfléchir sur une relation au monde citoyenne et responsable.

Face au foisonnement et à la richesse de la littérature de jeunesse, il serait dommage de se priver des possibilités de faire lien entre les différents domaines d’apprentissage. Lire, au cycle 2, ce n’est pas seulement permettre aux élèves de maîtriser « un savoir-lire de base ». C’est aussi leur donner des raisons de lire, en utilisant et en explicitant avec eux des textes aux résonances riches et multiples.

Anne-Marie Lanoizelé, Professeur des écoles maître formateur à Stains.