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Lettre à quelques amis politiques sur la République et l’état de son école

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En choisissant l’action institutionnelle, en « se mouillant », Philippe Meirieu n’a pas fait le choix de la facilité. Il devait bien s’attendre à recevoir des coups, mais malgré tout, il n’est guère agréable de se voir reproché d’être un fossoyeur de la Culture, un suppôt du Pouvoir – toujours – prêt – à porter – des – mauvais – coups – contre – les – enseignants. D’autant que parfois on sent douter les mêmes qui pourtant accueillaient avec intérêt les propositions de Meirieu-pédagogue et de Meirieu-chercheur telles qu’elles apparaissaient dans livres ou conférences. Or, le Meirieu-chargé de mission ministérielle est le même Meirieu !

Et puis, il y a ce procès incessant fait à la pédagogie, chargée de tous les péchés du monde, par de plus ou moins grands intellectuels, unis dans une Sainte-Alliance, au-delà de leurs divergences sur nombre de points essentiels (l’Europe par exemple), contre « l’abandon de l’instruction, la dictature des pédagogues post-soixante-huitards », contre ces méprisables charlatans des sciences de l’éducation.

Philippe Meirieu a choisi une forme originale pour « répondre », pour tenter de faire le point sur ce qui le sépare de ces critiques, mais aussi sur les points d’accord, au moins en théorie, avec ces singuliers « amis politiques ». Il a écrit à Jacques Julliard, Alain Finkielkraut, Régis Debray, Danielle Sallenave, Catherine Kintzler et, lettre un peu à part, qui ne manque pas de « roublardise », à la secrétaire générale du SNES pour bien souvent « les prendre au mot », tout en rejetant certaines accusations mal intentionnées. Comment être sérieusement pour la Culture, l’accès au savoir, à l’universel, la formation critique, comment prétendre refonder la République, combattre les intégrismes, les communautarismes, etc. sans s’intéresser aux moyens effectifs (cette exigence de trivialité, certes pas noble, lourde et besogneuse, comparée au lyrisme enivrant des tribunes publiées dans les médias), sans faire, inévitablement, de la pédagogie, sans se préoccuper du « comment ».

Nous invitons les lecteurs à savourer ce petit livre brillant, où perce souvent l’amertume, où transparaissent l’habileté et la malice démystificatrice et où on retrouve le militant engagé qui, quand il résiste (c’est le cas le plus souvent) à la même tentation lyrique et rhétorique évoquée plus haut, écrit des pages fortes sur ce que signifie réellement une école démocratique. Et finalement, rarement les clivages qui séparent ceux qui croient à cet idéal et ceux qui en réalité, consciemment ou non, défendent l’élitisme, ne sont apparus ainsi au grand jour.

Jean-Michel Zakhartchouk


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