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Les écoles japonaises à l’étranger

1. Les enfants japonais vivant à l’étranger

Selon le Ministère des Affaires étrangères[[Statistiques sur le nombre de ressortissants japonais, version provisoire 2008]], 1 063 695 Japonais séjournent en longue durée ou sont installés de façon définitive à l’étranger en 2006. Ce chiffre représente moins de 1 % de la population japonaise, mais est en augmentation. Parmi les pays d’accueil arrivent en tête les États-Unis (374 732 Japonais), puis la Chine (127 905), le Royaume-Uni (63 526), l’Australie, le Brésil, le Canada, la Thaïlande, l’Allemagne et la France, qui se situe au 9e rang (29 279). Parmi les Japonais résidant à l’étranger, le nombre d’enfants suivant l’enseignement obligatoire s’élève en 2006 à 58 304 (44 099 à l’école primaire, 14 205 au collège)[[Enquête sur le nombre d’enfants japonais résidant à l’étranger du Ministère des Affaires étrangères]]. Ces enfants sont scolarisés soit dans une école japonaise, soit dans un autre type d’école (école locale, école internationale, etc.). Dans ce dernier cas, il arrive que l’enfant suive en plus une école complémentaire.

2. Écoles que fréquentent les enfants japonais à l’étranger

1) Écoles japonaises
On compte 85 écoles japonaises dans le monde en 2006.
Ces écoles ne correspondent pas à l’école définie par la « loi sur l’éducation scolaire » régulant les écoles au Japon. La plupart ont été créées par des associations locales de ressortissants japonais, répondant à la demande d’hommes d’affaires expatriés, et vivent grâce aux frais de scolarité, aux dons d’entreprises, etc. En général, elles n’ont pas de statut scolaire légal dans le pays résidant, et existent sous la forme d’une association ou d’un organisme similaire.
Suivant les principes de « l’égalité des chances dans l’enseignement obligatoire » et de « la gratuité de l’enseignement obligatoire », des enseignants japonais sont envoyés dans ces écoles, et des textes scolaires sont gratuitement distribués. Leur programme scolaire se conforme aux directives de l’enseignement du Japon et est équivalent au curriculum d’une école primaire ou d’un collège. Toutefois, reflétant la diversité de chaque pays, il leur est permis plus de marge de manœuvre.
En France, il existe une école japonaise à St-Quentin en banlieue parisienne, qui en 2009, compte 176 élèves en primaire et 44 collégiens. À côté d’un secrétaire général, de 3 secrétaires et de 5 enseignants recrutés sur place travaillent un directeur, un directeur adjoint et 13 enseignants envoyés par le ministère de l’Éducation, de la Culture, des Sports, des Sciences et de la Technologie (MEXT).

2) Écoles complémentaires
Certains enfants résidant à l’étranger et ayant atteint l’âge de l’enseignement obligatoire fréquentent des écoles complémentaires donnant des cours en japonais, le samedi ou après l’école en semaine. Aux États-Unis environ 60 % des enfants concernés fréquentent ce type d’école notamment dans les grandes villes comme New York ou Los Angeles. Le gouvernement japonais apporte son soutien par une distribution gratuite des textes scolaires, l’envoi d’enseignants, des aides sur les salaires des enseignants recrutés sur place.
Les enfants issus de mariages internationaux (dont un parent est Japonais), ou les autochtones s’intéressant à la langue japonaise y vont également pour apprendre le japonais. En France, ces écoles sont présentes à Paris, dans le Nord-Pas-de-Calais, etc.

3. Fonctions des écoles japonaises

1) former et préserver l’identité japonaise
La fonction la plus fondamentale de l’école consiste à transmettre la culture japonaise à travers une éducation dans la langue, à enraciner l’identité japonaise. L’âge critique pour la formation de l’identité culturelle se situe entre 9 ans et 11 ans.

2) garantir l’environnement éducatif
La deuxième fonction consiste à garantir une offre de programmes éducatifs de même niveau et de même qualité qu’au Japon. Dans ce but, le MEXT envoie des enseignants et distribue des textes scolaires gratuitement, mais aussi, à travers son organisme affilié, Japan Overseas Educational Services, fournit des aides, des matériaux scolaires et des livres, à la demande de chaque école japonaise.

3) développer les réseaux des Japonais
La troisième fonction consiste à développer les réseaux des Japonais. L’école japonaise est un lieu où les enfants, les parents et les enseignants se rencontrent, et où s’accumulent des informations sur le Japon, sur la vie locale, sur l’orientation scolaire des enfants. En effet, l’école japonaise fonctionne comme un filet de sécurité pour les Japonais, offrant une stabilité psychologique en communiquant en japonais, etc. Et les enfants restent en contact même après avoir regagné le Japon, partageant des souvenirs communs et l’amitié qu’ils y ont nouée.

Les enfants japonais vivant à l’étranger sont imprégnés de cultures étrangères à travers la vie quotidienne. Toutefois, les écoles japonaises où ces enfants étudient sont des sociétés japonaises miniatures, espaces uniques pour élever les Japonais.

Kumiko Iwasaki, chercheur au NIER, National Institute for Educational policy Research (Japon).