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Les activités à visée philosophique en classe : l’émergence d’un genre ?

Après un premier colloque à l’INRP en 2001, le CRDP de Bretagne a accueilli le second en mai 2002. Les actes de ce colloque présentent diverses pratiques de la maternelle au collège et un éclairage théorique de questions de fond émanant de ce « genre » scolaire nouveau selon le terme de Gérard Auguet. C’est autour de la définition de l’acte même de philosopher que se penche François Galichet, préalable nécessaire, interrogation récurrente pour qui utilise le qualificatif « philosophique » pour ses pratiques. C’est également sur la place de ces activités par rapport à l’enseignement de la philosophie en terminale que l’on s’interroge, sur son rapport aux savoirs philosophiques « traditionnels », à la culture générale, demandant pour André Pessel, inspecteur de philosophie, de dépasser le « penser par soi-même » d’après lui illusoire, et de nous replacer dans un système de relations fondateur. Le rôle du maître est posé également, médiateur puis accompagnateur pour Agnès Pautard ; devant de manière très exigeante dépasser la simple mise en place d’un lieu « d’expression » pour Oscar Brenifier. On s’interroge aussi sur la place de l’écrit, les démarches choisies, les difficultés liées à la langue orale, très concrètes, rencontrées par Alain Delsol avec les plus jeunes. Y est évoquée l’intégration de ces pratiques dans la classe, de leur évaluation, de leur progression, opérant dans une organisation de type coopératif pour Sylvain Connac, par le biais d’une association, celle de la Fondation 93 (Alain Berestetsky) ou encore depuis l’angle de la constitution d’une culture de classe pour Jacky Caillier.
Enfin, deux ouvertures laissent augurer une part de la suite de la réflexion : lorsque Rémy David et Benoît Gerde posent la question d’un élémentaire en philosophie pour les élèves, c’est à celle de la formation des « animateurs » de pratiques de type philosophique que renvoie l’écho ; d’autre part, devant le corpus de textes de littérature jeunesse présenté par Anne Rabany, c’est aux savoirs que cela nous ramène. Si, pour Michel Tozzi, il n’est pas question de trancher pour ou contre une institutionnalisation, formation et rapport aux savoirs sont bien deux «chantiers» importants pour le devenir de ces pratiques porteuses d’espoir pour l’école mais également de bien des interrogations quant à leur mise en place, interrogations à mener le plus lucidement possible.

Christine Vallin