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La tête bien faite. Repenser la réforme, réformer la pensée.

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Edgar Morin nous confie dans ce livre quelques suggestions pour réformer l’enseignement en réformant la pensée ou le contraire. Ces propositions, consécutives à sa mission dans le cadre de la consultation que dirigea Philippe Meirieu, sont dans le droit fil de la pensée complexe dont l’auteur constitue la figure emblématique.

Il nous paraît possible de retenir quatre principes régulateurs pour une transformation radicale de l’école.

Le premier principe concerne l’organisation des connaissances. Il est demandé de développer des opérations de reliance et de séparation. Reliance par conjonction, inclusion ou implication afin de dépasser une connaissance fragmentée qui occulte les relations entre le tout et ses parties. Séparation, par opposition, différenciation, sélection, exclusion, afin de ne pas s’en tenir qu’à des globalités, mais de s’intéresser au particulier, au singulier, au concret. À un autre niveau, développer l’analyse et son corollaire, la synthèse et symétriquement débuter par une approche synthétique pour favoriser ensuite l’analyse. Il y a quelque temps on parlait de méthode inductive et de méthode déductive. Mais, ici, davantage que ces opérations mentales, cette reliance qu’Edgar Morin appelle de ses vux, vise à développer la pluri, l’inter et la transdisciplinarité autour de paradigmes intégrateurs du savoir.

Le deuxième principe a trait au divorce entre les cultures scientifiques et humaines. Dans le but d’humaniser le savoir, de développer le sens de l’humain, Edgar Morin propose d’intégrer la philosophie (ne parle-t-il pas davantage en fait du philosopher) dans le champ de la science, et là encore, inversement, de lire les interrogations fondamentales que nous nous posons, à la lumière de l’état de la science d’aujourd’hui, sans omettre la mythologie. Il nous est rappelé que  » les hommes, aujourd’hui, ne tuent pas seulement dans la nuit de leurs passions, mais aussi dans la lumière de leurs rationalisations « .

Le troisième principe est relatif à l’incertitude, et doit rendre capable de préparer à un monde indéterminé. Les trois viatiques qui s’en déduisent ont trait à l’écologie de l’action (les conséquences ultimes de l’action sont imprédictibles, tant les actions et interactions au sein du milieu où elle s’effectue sont nombreuses) ; à la stratégie (à opposer au programme) ; au pari (c’est-à-dire à  » l’intégration de l’incertitude dans la foi ou dans l’espoir « ). L’école devrait préparer au pari de l’humanité.

Le quatrième principe est l’apprentissage citoyen. Citoyen de la France, de l’Europe, du monde.

Autant l’adhésion à la pensée d’Edgar Morin est, pour notre part, aisée ; autant le passage à l’action complexe nous a toujours paru problématique. Et les propositions que l’auteur avance pour les trois degrés – primaire, secondaire, université – n’éclairent pas fondamentalement l’action pédagogique. Des finalités sont avancées, mais on ne voit pas comment les champs disciplinaires existants permettraient de les atteindre. Il est possible que  » le manuel pour écoliers, enseignants et citoyens  » dont parle l’auteur dans son avant-propos nous montre le chemin de l’action complexe. Espérons.

M. Develay


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