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Une ligne d’horizon à la Réunion

Le CRAP-Cahiers pédagogiques de la Réunion organisait dans les locaux de Canopé, le 8 février dernier, un café de l’éducation sur le thème « Réussite scolaire, formation du citoyen, épanouissement du jeune sont-ils compatibles ? ».

Offrir un espace de sérénité, de réflexion et d’échanges bienveillants, c’est ce qu’a souhaité faire le CRAP-Cahiers pédagogiques à Saint-Denis de la Réunion, dans une période où « l’ile intense » a tout fait pour justifier son appellation : alerte précyclonique avec fermeture des établissements scolaires et interruption des transports la veille, éruption du Piton de la Fournaise depuis huit jours, conditions de circulation et réseau routier très dégradés, etc.

Ce mercredi 8 février, en début d’après-midi, dans ses locaux, le directeur de Canopé puis un haut responsable de la DJSCS (Direction de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale) ouvraient officiellement notre café de l’éducation, pendant que #cafedeleduc lançait ses premiers tweets. Dix-huit participants sur trente-cinq inscrits, mais pour certains en incapacité de rejoindre Saint-Denis, venus d’horizons aussi divers que les réseaux associatifs, les collectivités ou l’Éducation nationale, ont échangé autour de la problématique « Réussite scolaire, formation du citoyen, épanouissement du jeune sont-ils compatibles ? ».

4 E comme école éducatrice, émancipatrice et épanouissante

Comme un aiguillon destiné à piquer les participants, j’affirmais dans mon introduction un brin provocatrice que « pour un élève en souffrance, ayant validé l’obtention d’un examen ou d’une certification, on ne dirait pas vraiment qu’il est en réussite scolaire, puisqu’on penserait que l’école a été défaillante ; ceci bien sûr dans une vision d’école éducatrice, émancipatrice et épanouissante ». M’exprimant ainsi, sans le vouloir vraiment, j’ai lancé un nouvel acronyme, la 4 E, comme une ligne d’horizon, aussi idéale qu’inaccessible, comme un cap à suivre tout au long de nos débats.

Est-ce du fait de cette pique ? Toujours est-il que les échanges ont été aussi nombreux que fructueux et les questions de relance que j’avais préparées à partir de citations extraites de la vidéo de lancement ont été très peu utilisées.

Une fois l’orientation posée par l’introduction, c’est une vidéo qui a donné la parole à des personnalités du monde intellectuel tels Michel Wieviorka, Robin Renucci, Danièle Sallenave, Philippe Meirieu, Vincent Peillon et Marcel Gauchet, pour n’en citer que quelques-unes. Très vite, la question de proximité et compatibilité des éducations populaires et nationales a enflammé les débats, puisque l’expression de « feu sacré » a filé dans une série d’interventions venues de tous bords : « Existe-t-il encore chez les enseignants ? »

La richesse des prises de position a été telle qu’il est difficile d’en extraire les points forts. Je retiens toutefois les discussions autour de la responsabilité et de la nécessité pour tout éducateur de faire prendre conscience aux jeunes qu’avec les réseaux sociaux, ils s’adressent au monde entier. Également une expérience rapportée en toute humilité par une participante travaillant pour une collectivité autour d’un projet inscrit dans les programmes de réussite éducative où des groupes d’adolescents s’investissent pour le mieux vivre dans le quartier : ils conjuguent là épanouissement personnel et collectif, formation du citoyen, et ceci concourt à leur réussite scolaire.

La boucle était bouclée.

Daniel Comte
Proviseur, correspondant académique du CRAP à la Réunion