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L’orthographe ou la bête noire du français

Évaluer autrement une dictée

« J’ai eu -30/20 en dictée. » Comment un élève peut-il trouver une motivation avec un retour de ce genre sur son travail ? Passer la barre du 0/20 serait déjà un miracle ! Pourtant la dictée me semble un exercice d’apprentissage et d’évaluation qu’il ne faut pas laisser de côté, comme une occasion pour l’élève de prendre conscience de la complexité de la langue française, en particulier des écarts entre ce que l’on entend et ce que l’on écrit (la liaison, la lettre muette, etc.).

Depuis plusieurs années, j’ai remplacé le barème traditionnel par une grille de critères attribuant un nombre de points précis pour chaque capacité évaluée. Pour éviter de mettre en échec les élèves en difficulté, j’adapte le barème, j’évalue en points positifs : je souligne en vert les bonnes graphies, je m’appuie sur le logiciel ÉOLE (Échelle d’acquisition en orthographe lexicale, voir une présentation sur le site des éditions Retz). J’adapte la présentation de la dictée : à trous, plus courte, photocopiée au dos de la feuille, etc. Tous les points d’orthographe lexicale ou grammaticale évalués ont été vus en classe.

Français 6e – Séquence 1 – Séance 4

Critères de réussite Evaluation
J’ai su recopier sans erreur. / 1
J’ai écrit lisiblement. / 1
J’ai respecté les codes (majuscules, ponctuation, alinéa, sauts de ligne). / 1,5
J’ai écrit correctement les mots invariables et les chiffres en toutes lettres. / 2
J’ai correctement conjugué les verbes au passé simple de l’indicatif. / 3
J’ai correctement conjugué les verbes à l’imparfait de l’indicatif. / 3,5
J’ai su relever tous les verbes au passé simple et à l’imparfait. / 1
J’ai su classer les verbes selon leur temps. / 2
J’ai respecté les accords sujet-verbe. / 1
J’ai différencié les homophones et/est, à/a. / 2
J’ai respecté l’orthographe lexicale des mots usuels. / 2

Le Petit Poucet et ses six frères commençaient à se réchauffer dans la petite maison au fond des bois. Ils mangeaient du pain trempé dans une soupe de légumes. Soudain ils entendirent frapper à la porte. C’était l’ogre qui revenait chez lui. Sa femme fit signe aux enfants de se cacher sous la table ; puis elle ouvrit la porte et l’ogre entra. Il était immense et sa voix faisait trembler la maison. Les sept garçons restèrent immobiles lorsqu’il demanda si le diner était prêt.
Le Petit Poucet, d’après Charles Perrault

Consigne : Relève les verbes à l’imparfait et au passé simple de l’indicatif en les classant dans le tableau.

Mode : Indicatif
Verbes au passé simple Verbes à l’imparfait
entendirent fit ouvrit entra restèrent demanda commençaient mangeaient était revenait était faisait était

Démarche (durée : 45 min)

Étape dictée

Je choisis toujours un texte en cohérence avec le thème abordé dans la séquence. Je lis une première fois la dictée pour que les élèves comprennent le sens général du texte par une écoute attentive. Cette première lecture est naturelle, avec intonation, en respectant les liaisons.

Lors de la deuxième étape, les élèves passent à l’écriture. Je lis une deuxième fois le texte, plus lentement, en indiquant la ponctuation, en respectant les liaisons. Je me poste à côté des élèves en difficulté pour être certaine qu’ils suivent le rythme de ma lecture. Je m’adapte à ces derniers. Si les plus rapides s’impatientent, ils peuvent relire ce qu’ils ont déjà écrit. C’est dans cette deuxième étape qu’ils prennent conscience de la dimension scripturale des mots (le lexique).

Dans un troisième temps, j’attends que tous les élèves soient prêts à entendre ma dernière lecture intégrale du texte. Je le relis en précisant à nouveau la ponctuation, en respectant les liaisons et l’intonation (qui donne sens au texte).

Les élèves se relisent et peuvent me demander de répéter des passages du texte.

Étape questions

Le texte de la dictée est toujours suivi d’une ou plusieurs questions de repérage ou d’analyse sur les points d’outils de langue que le texte contient, en lien avec ce qui a été étudié pendant la séquence. Elles permettent également à l’élève d’analyser son écrit et de prendre conscience qu’il a appliqué ou non ses connaissances.

Le droit à l’essai dans la production d’écrit

Pour que les élèves progressent en expression écrite, l’approche de l’écrit doit être dédramatisée, sans obsession du formalisme[[L’écriture en chantier pour les dyslexiques et les dysorthographiques, Françoise Estienne, coll. Orthophonie, Masson.]].

Le cahier de français est un cahier de travail qui sert non seulement pour les leçons, mais surtout pour les productions d’écrit. Pour éviter les blocages, j’autorise les ratures. Trop d’élèves, par peur de laisser une trace de leurs erreurs, les gomment ou effacent après corrections, voire refusent même d’essayer. Comment peuvent-ils revenir sur leurs erreurs, les comprendre si elles n’existent plus matériellement ? Comment l’enseignant peut-il donner une nouvelle explication s’il ne possède pas la trace de la première représentation de l’élève ?

Lors des séances d’expression écrite, mes élèves utilisent leur cahier de français comme un brouillon, y jettent leurs idées pêlemêle. À partir de ces idées ils peuvent construire leur rédaction en sautant des lignes, pour permettre une relecture correctrice. Quand ils estiment leur écrit terminé, ils le recopient sur une feuille volante ou le dactylographient, toujours en sautant des lignes et me la remettent. Je corrige une première fois leur production en remplissant une grille de critères (avec des codes couleurs ou des symboles : vert/+/acquis, orange/+– /en voie d’acquisition, rouge/ –/non acquis)[[j’ai abandonné les smileys car on ne savait plus qui était content : parent, élève, professeur ?]]. Je leur rends sans y mettre une note chiffrée. Ils reprennent leur écrit, le corrigent sur la même feuille. Quand ils jugent leur travail terminé, ils recopient ou dactylographient une dernière fois leur production et me la remettent avec le premier jet et la grille d’évaluation. C’est à la fin de cette étape que je les note sur 20 points. Rares sont les élèves qui obtiennent un résultat inférieur à 13/20.

Voici un exemple de grille de production d’écrit qui va dans le sens « le droit à l’essai » :

Séquence 1, le conte merveilleux – Séance 6, écriture

Objectif : développer un conte

Consignes :
Je fais l’exercice d’abord au brouillon puis je recopie sur une feuille.
Je remplis ma colonne (je m’évalue) avec + + – – selon mon degré de réussite.
Mon professeur m’évaluera avec un code couleur en cours d’activité puis par une note chiffrée à la fin de l’activité.

Critères de réussite Je m’évalue Évaluation du professeur Je m’évalue Évaluation du professeur
Présentation des deux jeunes filles.
Je leur ai donné un nom ou un surnom.
J’ai utilisé des expressions exagérées pour souligner le haut degré de leurs qualités ou de leurs défauts.
Intervention du merveilleux.
J’ai inséré au moins un personnage, un objet ou une action relevant du merveilleux, en cohérence avec les autres éléments du conte.
Suite et fin.
J’ai choisi un des deux personnages féminins, pour en faire le héros de la suite.
A la fin de l’histoire, sa situation n’est plus la même.
La leçon se déduit naturellement de ce qui précède.
Outils de langue.
J’ai employé et conjugué correctement le passé simple et l’imparfait.
J’ai respecté l’orthographe lexicale et grammaticale.
J’ai construit des phrases correctes (syntaxe, sens, ponctuation).
J’ai utilisé un vocabulaire riche et varié, en évitant les répétitions, « il y a » et « être ».
Mise en page.
J’ai rédigé sous forme de paragraphes avec des alinéas.
 J’ai écrit de façon lisible.
Ma copie est propre.
J’ai mis en évidence les modifications que j’ai apportées au texte (soulignement, changement de couleurs).