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L’enseignement de l’Histoire – Enseigner l’histoire autrement – Devenir les héros des événements du passés

«Enseigner l’histoire autrement », pourquoi pas, même s’il n’est pas vrai que son enseignement secrète toujours « un ennui profond » ? Encore faut-il que cet enseignement reste de l’histoire. Ce livre pose deux questions. D’abord, peut-on proposer aux élèves de « devenir les héros des événements du passé » sans entrer dans une confusion sans fin entre histoire et roman historique ? On propose ainsi une douzaine de démarches, de jeux de rôle, de jeux de formation permettant « aux apprenants de devenir eux-mêmes des protagonistes d’événements historiques majeurs ». Mais peut-on faire en histoire un Jeu des sept sites comme il y a un Monopoly ou un Tiers-Mondopoly ? Si cela était possible, et surtout s’il s’agit de « la formation de l’esprit critique à partir des interprétations plurielles des sources historiques », but évidemment louable, à partir de quels documents ? quelques lignes tirées de l’Histoire générale des civilisations, publiée par les PUF dans les années 50, sont dans doute une information, elles ne sont pas un document sur lequel exercer son esprit critique à moins d’avoir, par ailleurs, une énorme information. Pas plus qu’une page sur Jeanne d’Arc de Michel Peyramaure, abondant et sympathique auteur de romans historiques ou biographies romancées toutes époques. De même, un article de la revue L’Histoire sur l’affaire Thalamas [[Un professeur d’histoire qui avait parlé en 1904 d’hallucinations.]] renseigne plus l’ambiance des débats à l’époque du petit père Combes que sur la Pucelle. Des documents sont totalement fictifs, comme (p. 176) ce « dialogue à quatre voix entre un Jésuite, un esclavagiste repenti devenu Jésuite et deux Indiens Guaranis ». Enfin, un grand nombre de « documents » ne sont pas datés, ce qui est pourtant un élément essentiel pour les aborder de façon critique. Ou leurs références sont inutilisables : s’il s’agit par exemple de l’origine du monde, il vaut mieux renvoyer (pour ce qui n’est pas une « théorie ») aux chapitres 1 et 2 de la Genèse, en indiquant la traduction, que, comme page 198, à La Genèse, tiré de la Sainte Bible, Sociep. Ed. 1955 (p. 118-119). Bref on retrouve dans ce livre la même « légèreté épistémologique » que dans L’histoire, indiscipline nouvelle , que M. Huber avait publié en 1984 (cf Cahier 238, p.37).

Jacques George