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L’éducation en débats : la fin des certitudes

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Jacky Beillerot nous propose un livre qui n’est ni d’imagination, ni de prospective, et qu’il refuse d’assimiler à un livre savant. Seulement – mais ce n’est pas rien – un livre de réflexion à propos des trois questions kantiennes appliquées à l’éducation et à la formation :  » que puis-je savoir ? « ,  » que puis-je faire ? « ,  » que m’est-il possible d’espérer ?  »

D’emblée il indique la thèse qu’il défend :  » les réformes, les réflexions, les textes et les comportements d’aujourd’hui, sont simplement ceux d’hier, pérennisés, et qu’ainsi nous sommes loin du compte pour affronter l’avenir « .

Sa démonstration se fonde d’abord sur deux états de fait.

Un consensus et un mythe
Chapitre un : il existe un consensus et un mythe autour de l’éducation.

Le consensus est que l’éducation va de soi, qu’il ne peut exister une restriction de l’éducation, à cause du bilan global positif de l’éducation en dépit de problèmes en suspens, bref, pour reprendre un ouvrage antérieur de Jacky Beillerot, nous sommes dans une société pédagogique. Le mythe : une vision républicaine et démocratique des questions éducatives depuis leur fondation moderne au xviiie siècle qui se déploie, en six tableaux : la nécessité de l’éducation pour tous, d’une éducation qui doit se différencier du dressage, d’une éducation qui n’a pas de limites aux apprentissages, les savoirs étant objectifs et la science prééminente, d’une éducation qui ne relève pas seulement de la sphère privée mais de la responsabilité de la société, l’État occupant un rôle central.

Nouveaux horizons
Chapitre deux : l’éducation sera de plus en plus difficile.

 » La démocratie constitue l’horizon des valeurs et l’objet de l’éducation « . Or les démocraties sont habitées par des questions économiques qui surgissent dans les fondations de l’éducation. Parallèlement des phénomènes sociaux nouveaux apparaissent : les nouveaux rôles et les nouveaux statuts des adultes qui mettent en panne la transmission  » parce que les identités dans tous les domaines ne s’héritent plus « , l’émancipation des femmes qui accroît la distance acceptée entre adultes et enfants, l’évolution de la famille et de la vie groupale qui travaille aussi la question de l’identité.

Des réalités nouvelles aux conséquences imprévisibles se font jour : l’immatériel et le virtuel se développent transformant notre rapport au temps et à l’espace, à la présence et à l’absence.

La question du sens devient commune.

Exigences
Chapitre trois : depuis toujours, il faut continuer à penser aujourd’hui pour demain.

Des tentations et des impasses sont assurées. L’éducation se déploie dans la tension de contradictions permanentes (affranchissement-domestication ; émancipation-normalisation) qui conduit à des tentations (celle d’une éducation par la violence, par le conditionnement, par la manipulation des consciences). Ainsi des exigences, des défis et des contraintes nous sont opposés : penser l’universel et le multiculturel, l’individu et la personne, la croissance des identités et une exigence de valeurs. Le tout dans le but de refonder une nouvelle conscience collective.

L’avenir
Chapitre quatre : l’avenir en chantier.

Jacky Beillerot y développe quelques idées fortes, pas forcément nouvelles, mais qu’il importe de rappeler en ces temps d’incertitude. Le maître doit apprendre à l’élève à apprendre sans maître. L’éducation n’est pas réductible aux seuls apprentissages scolaires. Les sciences sociales et humaines permettent d’interroger des conduites et non pas de les dicter ; aussi ne peuvent-elles être passées sous silence au nom d’une pseudo scientificité qui les caractériserait. Nécessité de s’interroger sur les conditions de vulgarisation des savoirs autour de l’idée d’ignorance de qualité reprise à Michel Hulin, qui s’interrogeait sur la manière dont le contrôle et la participation démocratique pouvaient se placer au-dessus du débat strictement scientifique.

Une conclusion à ce livre qui cherche à poser de nouvelles questions, qui augure que  » l’éducation ne sera plus ce qu’elle était « , qu’elle  » est entrée en incertitude « , que  » la vigilance du doute survient chaque jour et fonde l’espérance « ? La dernière phrase de son auteur : l’éducateur, un Prométhée aux pieds d’argile.

Michel Develay


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