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L’éducation dans le miroir du temps

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La nouveauté est autant affaire de mémoire que d’imagination » : ce livre pétillant d’érudition légère, recueil d’articles parus en Suisse pour la plupart et qui donne au lecteur l’impression agréable d’être intelligent, nourrit d’histoire la réflexion sur l’école d’aujourd’hui. Il est utile à notre vanité de rappeler qu’ailleurs qu’en France et avant Jules Ferry il y avait des pédagogues et des réformateurs et que l’on débattait entre « apprendre des choses » et « apprendre à apprendre ».

Plusieurs articles pertinents traitent de la Révolution française et de ses tentations intégralistes et scientistes. Mais l’essentiel porte sur les missions de l’école et sur l’Éducation nouvelle. « Changer l’école ! Changer l’école ! Il y a cent ans que l’on dit ça… », et qu’éclate la contradiction : « 1) seule l’initiative des particuliers est vraiment novatrice ; 2) mais pour qu’elle transforme l’éducation nationale, il lui faut être généralisable, 3) et c’est sa généralisation même qui, dans tous les cas, lui signifie sa perte ou entraîne sa perversion ». Cela peut se discuter : les 10 %, les PAE ont-ils perdu d’être généralisés ou de ne pas l’être vraiment ? Et demain, peut-être, les TPE ou les IDD ? Mais « on comprend la perplexité de bien des gens dits de gauche quand ils ont le courage de s’avouer que leurs penchants décentralisateurs, voire autogestionnaires, se retrouveraient assez bien dans une relative privatisation des établissements scolaires » (ce pourquoi, mais D. Hameline ne le dit pas, d’autres non moins dits de gauche restent bloqués sur l’uniformité centralisée et traditionnelle…), et des « lopins de liberté » ou d’innovation, comme nos Cahiers pédagogiques.

Sur l’Éducation nouvelle, deux gros articles, passionnants, bien plus complets que notre dossier du Cahier 395. Ils remontent plus haut dans l’histoire et le concept, par exemple avec Henri Marion à la Sorbonne dans les années 1880. Ils soulignent le charisme des fondateurs, le rôle du contexte politique, celui de la Grande Guerre, ils rappellent l’influence de la théosophie dans la naissance du mouvement, puis celle des Internationales, et, en France, l’entrisme stalinien dans le GFEN des années 1930. Une simple note (page 210) ajoute que « cette aspiration religieuse laïcisée » (celle de la théosophie) peut « reprendre presque intacte sa fonction de réservoir des lieux communs orientalistes, cosmistes, panthéistiques ou éthiciens » quand « la grande intimidation marxiste sur les intellectuels progressiste cessera dans les années quatre-vingt » : cela peut corroborer des observations, mais on aimerait plus de précisions. 148 notices sur les hommes et les institutions qui ont marqué cette histoire achèvent de rendre ce livre utile.

Jacques George


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