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FLM, FLE, FLS, au-delà des catégories

Ce numéro, coordonné par Lucile Cadet et Emmanuelle Guerin, entend démêler l’écheveau des notions entre Français langue maternelle (FLM), Français langue étrangère (FLE) et Français langue seconde (FLS). En préface, les coordinatrices posent la question : quels points de divergences et de convergences apparaissent dans les didactiques respectives ?

Dans un premier temps, intitulé « Définir les convergences, divergences et interrelations », Valeria Muni Toke, Cécile Goï et Emmanuelle Huver ainsi que Laurence Le Ferrec remettent en question le cloisonnement de ces champs. A partir d’une étude de cas, dans le contexte plurilingue complexe de Wallis, Valeria Muni Toke constate que la dissociation FLE/FLM ne correspond pas aux pratiques langagières observées. Cécile Goï et Emmanuelle Huver, qui travaillent sur le projet de recherche PARAADIV (Parcours d’apprenants, altérité, diversité), s’appuient sur les représentations des enseignants pour dégager que les catégories FLE, FLS, FLM sont aussi « subjectivement construites, autour d’enjeux de construction et de positionnement identitaires et professionnels ». Laurence Le Ferrec analyse des interactions en classe d’accueil ainsi qu’un corpus de manuels scolaires. Il ressort que l’apprentissage de la langue ne se réduit pas à une discipline FLS ou FLM mais s’inscrit dans l’ensemble des disciplines scolaires, les savoirs disciplinaires étant indissociables des compétences langagières.

Dans un second temps, il s’agit de « Proposer des échanges pédagogiques ». L’enseignante Sadia Pamart-Ait Briim témoigne des apports du FLE au FLM, notamment dans l’accès à l’écrit académique : ainsi, certaines pratiques pédagogiques motivantes utilisées en FLE pourraient réconcilier des élèves avec l’écrit. Véronique Laurens met en évidence les convergences entre FLE et FLM, en comparant les « unités didactiques » du premier domaine avec les « séquences didactiques » du second. Autre point de convergence : la perspective « actionnelle » préconisée par le Cadre Européen Commun de Référence pour les Langues, qui rappelle la pédagogie du projet, ce que développe Marie-Pascale Hamez.

Puis, dans un troisième temps, le temps de « Prendre en compte les variations et la diversité linguistique », les auteurs dépassent les divergences des champs en abordant un angle commun à toutes les langues : la variation. Anne Feuten s’intéresse aux représentations des apprenants pour l’apprentissage et la maîtrise d’une langue en même temps qu’elle analyse les représentations des enseignants qui doivent s’ouvrir à la diversité. Henry Tyne interroge la prise en compte de la variation et la place des compétences sociolinguistiques dans le cadre de l’appropriation d’une langue seconde. Enfin, Jean-David Bellonie propose une approche du terrain créolophone, en Martinique : après avoir exposé le contexte multilingue de la Martinique, il propose deux pistes de travail « pour une didactique du français adaptée en contexte créolophone  », en reconsidérant l’objet d’enseignement (la langue française) et former les enseignants à une approche comparative entre créole et français.
Enfin, Françoise Gadet clôt l’ouvrage par une postface sur « Les locuteurs et les savoirs sur les langues ».

Les dernières pages du numéro réunissent les résumés des articles, suivis de notes de lectures de 13 ouvrages récents.

Catherine Mendonça Dias