Les Cahiers pédagogiques sont une revue associative qui vit de ses abonnements et ventes au numéro.
Pensez à vous abonner sur notre librairie en ligne, c’est grâce à cela que nous tenons bon !

Enfants Reporters d’Histoires

nora123.jpgCe que fait la journaliste Nora Bens Bensaâdoune est à fois simple et intelligent.
Simple parce que faire réaliser un journal à des enfants tombe sous le sens dès lors que l’on veut ouvrir un peu la classe sur l’extérieur, et l’extérieur sur la classe. Simple parce que ce qui est prévu est du « près de chez vous », et près de chez soi, on a les parents, les artisans et commerçants locaux par exemple. Simple parce que Nora Bens Bensaâdoune préconise de l’artisanal (papier ciseaux) pour fabriquer le journal, ce qui n’empêchera pas le blog. Simple encore puisqu’elle utilise et partage les techniques qu’elle maîtrise le mieux : celles du journalisme.

Ce que fait Nora Bens Bensaâdoune est intelligent aussi, dans le sens où l’intelligence, c’est ce qui relie. Avec son projet « Enfants Reporters d’Histoires », Nora Bens Bensaâdoune va d’abord créer, recréer des liens entre les parents et les enfants. C’est ainsi que bien des enfants sont revenus en classe, tout fiers de raconter quelque chose de leur histoire, des histoires toujours surprenantes. « Il était une fois mes parents » valait parfois les contes des grands livres.
Intelligent en ce qu’interviewer, rédiger, rapporter les témoignages vont permettre de travailler aussi bien l’expression orale qu’écrite, relier donc les pensées avec les mots dits et les mots écrits. Intelligent encore puisque le but sera de montrer à nouveau ce que l’on ne voit ou ne sait plus : d’où vient le pain ? Et l’eau du robinet ? Et mes baskets, elles ont fait quel chemin pour arriver à mes pieds ? Les enfants vont alors se transformer en enquêteurs du quotidien et remonter les traces du réel. Intelligent enfin puisqu’à travers ce projet, Nora Bens Bensaâdoune va mettre ses compétences de journaliste à disposition des plus jeunes, pour qu’ils sachent s’y retrouver dans les flux d’informations. Pour savoir “ce qui se passe”, mais aussi pour trier, chercher, comprendre. Et puis ensuite pour faire des choix, déterminer son avenir.

Ce projet, Nora Bens Bensaâdoune l’a déjà mis en place dans deux écoles primaires, deux années de suite. Elle cherche pour l’an prochain une école primaire et une commune intéressées par son projet pédagogique. Elle me précise qu’elle a une préférence pour le grand quart Sud-Est de la France, et les Pyrénées ! Si la Semaine de la presse vous paraît bien courte, contactez-la rapidement.


Nora Bens Bensaâdoune, vous êtes journaliste. Pourquoi apporter votre expérience aux enfants, à l’école ?

journal_1.jpgEh bien d’abord parce que la transmission est essentielle à mes yeux. Partager ses outils, quand ils peuvent servir à d’autres, me paraît être une évidence. Pourquoi les enfants? Parce que le plus tôt est le mieux, tout simplement ! L’école primaire, c’est pour moi le meilleur endroit, parce que les rêves, la fraîcheur, la spontanéité sont encore préservés. Enfin je crois.
Mais il se trouve aussi que très jeunes, les enfants sont déjà exposés à des flux massifs d’infos et d’images. Beaucoup trop. Dans les trois classes de CM1 et CM2 avec lesquelles j’ai travaillé, l’immense majorité des enfants avait la télé et dans leur chambre, et un accès illimité à Internet.
Beaucoup de parents sont démunis, et les enseignants ne sont pas armés pour répondre à cela non plus. Du peu que j’ai vu, les gamins ont une perception de l’actualité déformée, très abstraite et en même temps très émotionnelle, notamment sur les faits divers. Alors bien sûr, il y a tout le travail du Clemi, indispensable. Mon atelier s’y ajoute, avec un travail en profondeur, sur toute l’année.

 

journal_3.jpg

 


Qu’est-ce qui vous parait le plus utile, dans tout ce travail ?

Poser des questions, écouter, être curieux, chercher, et avoir ce doute raisonnable qui préserve des errements mais garde intact le plaisir de la découverte… tout cela est tellement utile !
Avec les enseignants, on a vu le bénéfice rapide sur la qualité d’expression des enfants, et les progrès dans leurs travaux de rédactions, notamment sur la structure. Et cela, c’est du bénéfice à vie!
Mais l’information, c’est aussi nos droits, nos devoirs, ce qu’on mange, ce qu’on porte, le métier dont rêve tel enfant, et le meilleur chemin pour y accéder… Pour vous dire le fond de ma pensée : notre vie en société, on peut la subir, ou la choisir. Or pour la choisir, pour la vivre pleinement, intelligemment, il faut savoir s’informer, chercher la connaissance, exercer sa réflexion. C’est le sens profond de l’atelier Enfants Reporters d’Histoires.

Propos recueillis par Christine Vallin