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École et handicap en Italie

Sans retourner à l’année 1923, à la Réforme Gentile, quand l’État unitaire italien intervient enfin dans le domaine de l’éducation spécialisée, on peut faire remonter le chemin parcouru en Italie par la prise en compte du handicap à la loi adoptée en 1971.

Pour la première fois, il est prévu que « l’instruction obligatoire se déroule [pour tous les enfants et les adolescents, sans distinction] dans les classes normales de l’école publique ». Dans l’article 28 de la loi, il est clair qu’un des buts principaux est celui de faciliter la socialisation. En 1975, le Document de la Commission Falcucci, portant sur les problèmes des personnes handicapées,
marque l’évolution d’une école pour tous vers une école adaptée à chaque individu, en misant sur : la valorisation des potentialités de chacun ; le développement de nouveaux langages ; la pluralité des intelligences logico-abstraite, sensorielle, motrice, pratique.
Sans nier la complexité de réalisation du projet, les bases du principe d’intégration sont jetées.

La loi de juillet 1977, spécifique à l’école, prévoit : la création des services socio- psychopédagogiques ; l’intégration des élèves handicapés jusqu’au collège ; la présence en classe d’enseignants spécialisés ; la nécessité du travail de groupe et le droit à un enseignement individualisé ; l’enrichissement d’un curriculum traditionnel ; et enfin la création des « classes ouvertes ».

En 1987, une « Sentence » de la Cour Constitutionnelle bannit le concept d’ « irrécupérable » et indique que l’inscription à l’école ne peut être rejetée.
Les principes suivants sont affirmés : sans scolarisation il y a régression ; la scolarisation est synonyme d’intégration sociale ; l’isolement est négatif.

Les affirmations précédentes ont inspiré la loi de 1992 qui définit de nouveaux principes :
En ce qui concerne la famille (art. 5) : il est nécessaire de l’aider et de la soutenir ; d’assurer la prévention d’assurer tous les types d’informations médicales ; de garantir le droit de choisir des services en dehors du territoire de résidence.

En ce qui concerne la personne handicapée (art. 8), il est nécessaire de garantir : toutes les interventions de type psycho-médico-pédagogique favorisant une intégration optimale à l’école et dans la collectivité ; le droit à l’instruction ; l’adaptation des structures et du personnel des services éducatifs, sportifs, sociaux, etc. ; la possibilité d’accès aux transports en commun et l’organisation de transports spécifiques, le cas échéant ; la pleine intégration dans le monde du travail ; et enfin le bien-être psychologique et physique ainsi qu’un climat social positif.

Garantir le droit à l’éducation pour les élèves en situation de handicap

En ce qui concerne le droit à l’éducation et à l’instruction (art. 12) : pour les personnes handicapées, ce droit est garanti à partir de l’école maternelle et dans les classes des écoles de tous les niveaux, y compris l’université. Le droit à l’instruction et à l’éducation ne peut être entravé par des difficultés d’apprentissage ni par une quelconque autre difficulté liée au handicap.

Cette loi prévoit l’identification de l’élève handicapé, documentée par un diagnostic fonctionnel rédigé par les opérateurs des unités sanitaires. Elle prévoit aussi la rédaction d’un profil dynamique fonctionnel (contenant les caractéristiques physiques, psychiques, sociales, affectives). Elle prévoit la mise en évidence des capacités possédées, des difficultés liées à la situation du handicap ainsi que les possibilités de récupération des aptitudes. Elle prévoit la rédaction du Plan Éducatif Individualisé, le PEI, élaboré grâce à la collaboration des enseignants « curriculaires », des enseignants spécialisés, des opérateurs des unités sanitaires, de l’éventuel assistant d’éducation et de la famille.

Ainsi, il est prévu que l’intégration se réalise également : par la programmation coordonnée des services scolaires et des services sanitaires, des services d’assistance, culturels, récréatifs, sportifs… ; par les accords de programme signés par les communautés locales et les organismes scolaires ; par la dotation des instruments techniques et didactiques nécessaires aux écoles ; mais aussi grâce aux groupes de travail pour l’intégration scolaire de chaque bureau provincial.

Avec l’entrée en vigueur de la loi de 1997, une réforme globale du système scolaire italien est entreprise : elle donne aux écoles la pleine autonomie. À l’art. 7, elle prévoit que les écoles rédigent le POF (Plan de l’Offre Formative), qui doit promouvoir le succès formatif de tous les élèves et prévoir des parcours didactiques individualisés pour les élèves handicapés.

La loi de 2003, communément appelée « réforme Moratti », confirme l’instruction obligatoire jusqu’à 14 ans et la formation obligatoire jusqu’à 18 ans. La réforme prévoit, pour tous les élèves des parcours intégrés école – formation professionnelle, explicités dans l’art. 2 (Système éducatif d’instruction et de formation), en garantissant, à travers des interventions spécifiques, l’intégration
des personnes en situation de handicap, prévus par la loi n. 104/92. En outre, elle prévoit que la fréquentation positive, à un quelconque moment du secondaire du deuxième degré devra correspondre à l’acquisition d’un « crédit de formation ». L’art. 7/lb prévoit que des modalités d’évaluation des « crédits scolaires » (crediti scolastici) seront définies prochainement.

Rita Vacher, responsable du bureau pour l’insertion des élèves en situation de handicap de l’Assessorat de l’Éducation er de la Culture de la Vallée d’Aoste.

D’après un article paru dans L’école valdotaine http://www.scuole.vda.it.