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Droits de l’enfant à l’école : où en est-on ?

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En novembre 2019, nous célébrons les 30 ans de la Convention internationale des droits de l’enfant. Pour les Cahiers pédagogiques, c’est l’occasion de revenir sur le contenu de ce texte et le projet dont il est porteur, ainsi que son histoire enracinée dans celle des droits de l’homme, mais aussi sur l’engagement de pédagogues, de Rousseau à Freinet en passant par Pestalozzi et Korczak. C’est aussi l’occasion d’établir un bilan et de situer le rôle de l’école dans la mise en œuvre du texte, et d’abord en son sein propre.

Une première partie du dossier revient sur les enjeux de ce texte souvent mal connu, et est de ce fait aussi un plaidoyer pour qu’il soit davantage présenté aux élèves, tel qu’il est inscrit dans une histoire longue, également à travers la littérature et les ouvrages documentaires.

Nos premières représentations sur les droits de l’enfant sont des situations tragiques à travers le monde : famine, enfants soldats, enfants privés d’école, forcés de travailler, etc., en oubliant souvent que tout n’est pas rose près de nous, dans notre pays et nos propres classes. Le droit à un niveau de vie suffisant pour être bien nourri, dignement logé, correctement soigné, bien traité, sans discrimination, ces droits-protection sont encore loin d’être universellement respectés. En France, l’école, institution qui accueille presque tous les enfants, est bien un lieu de veille privilégié. La seconde partie du dossier déploie toutes ces situations où il s’agit d’abord de « protéger », d’affirmer les « droits à ». Des articles montrent comment l’ensemble d’une équipe peut se mobiliser pour identifier et signaler aux partenaires les situations difficiles, puis accompagner les enfants et les familles. Que les démarches restent dans le cadre professionnel prévu ou qu’elles prennent des formes plus personnelles et militantes, elles révèlent l’engagement des équipes et leur attachement au principe de protection de l’enfance.

Si les droits-protection vont de soi pour les éducateurs, les droits-liberté les placent devant un défi de taille : transmettre savoirs et valeurs, tout en accueillant et respectant la parole de l’enfant. Plus encore que d’enseigner le texte, il s’agit de faire vivre les droits de l’enfant à l’école, d’organiser l’école pour que tous les talents puissent s’épanouir. La CIDE vise un adulte responsable, citoyen et lecteur du monde. Elle fixe une voie pour y parvenir : associer l’enfant aux décisions qui le concernent, à la mesure de ses capacités. Il s’agit donc de concilier transmission des savoirs et participation des enfants, à travers des dispositifs tels que les conseils d’élèves ou l’implication des élèves dans l’élaboration des règles ou une réflexion commune sur les manquements à ces règles.

Nous donnons ici la parole à des acteurs divers, dont des élèves. Les articles ne font pas l’impasse sur les difficultés d’application du texte et sur les débats légitimes qui peuvent surgir. Nous souhaitons également qu’à l’avenir y soit ajouté le droit à un environnement préservé, comme le réclament les jeunes engagés aujourd’hui dans le combat contre le réchauffement climatique.

À la lecture du dossier, nous espérons que chacun sera convaincu que promouvoir les droits de l’enfant et de l’élève n’enlève rien à ceux des adultes. Tout le monde est gagnant dès lors qu’on se situe dans une logique de responsabilité citoyenne et de construction d’un vivre ensemble démocratique.

Catherine Chabrun
Enseignante et militante des droits de l’enfant

Maëliss Rousseau
Professeure des écoles et formatrice à Asnières-sur-Seine