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« Donner plus de pouvoir aux équipes pédagogiques »

Sur l’idée que si l’innovation doit porter simultanément sur les aspects institutionnel (mise en place des instances de travail et de discussion), politique (processus des prises de décisions) et pédagogique (le déroulement des apprentissages), c’est l’organisation institutionnelle qui est prioritaire. C’est une question de logique et d’honnêteté intellectuelle : comment un élève peut-il devenir ou être responsable dans une institution qui le fait participer à des instances de discussion, de décision et d’apprentissage et qui ne le reconnaît pas comme interlocuteur valable ?

Quelle place occupent alors respectivement les professeurs et les élèves ?

Notre axe fort est de déléguer des responsabilités aux deux « collèges » (le « collège élèves » et le « collège équipe éducative »). D’un côté l’équipe éducative est constituée de volontaires décidés à mettre en place des structures de fonctionnement paritaires dans tous les domaines, sans pour autant renoncer à leurs responsabilités éducatives. D’un autre côté, les élèves sont associés aux décisions d’organisation, à la marche générale de l’établissement (secrétariat, cuisine, ménage…) et, dans la mesure de leurs capacités, au choix des sujets d’étude et des démarches d’apprentissage. Cela forme un tout pour aboutir, et c’est le plus difficile, à ce que les élèves construisent du savoir en se construisant et en participant collectivement à la construction de l’institution.

Est-ce que ce type de fonctionnement peut être généralisable ?

Pour que l’école évolue, la condition est évidemment que ce soit les acteurs qui investissent la question pour chercher des réponses et mettre celles-ci en actes. Mais aucun établissement n’a vocation à servir de modèle, et les enseignants, militants ou non, ont toujours été agacés par les « messies pédagogiques », a fortiori médiatiques. Il revient donc à l’administration ministérielle d’inventer le cadre qui permette que des expériences comme la nôtre – ou comme d’autres plus ou moins radicales – puissent exister.

Il faut adapter les méthodes, les fonctionnements, les programmes à chaque situation. Une véritable égalité républicaine devrait permettre d’inventer des réponses différentes à des situations différentes, même si évidemment l’objectif commun d’instruire les enfants dans le cadre des valeurs de la République reste le même.

Pour avancer sur cette voie y a-t-il d’autre moyen que de donner plus de pouvoir et d’autonomie aux équipes pédagogiques ?

J.-P. Closquinet, lycée expérimental de St-Nazaire