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Des technologies pour enseigner et apprendre

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C’est assurément un défi d’écrire aujourd’hui un ouvrage traitant des TICE (Technologies de l’Information et de la Communication pour l’Éducation) et du multimédia alors que leur évolution vertigineuse serait propre à le reléguer rapidement au fond d’une bibliothèque. L’auteur a particulièrement bien réussi ici à surmonter ces difficultés en choisissant des thèmes intemporels.

Le lecteur qui voudra s’interroger sur le devenir des pratiques pédagogiques confrontées aux outils techniques trouvera matière à réflexion. Mais ceux qui voudraient accroître leurs connaissances techniques ou chercher des produits multimédias d’avant-garde dans ce livre seront déçus. Marcel Lebrun se libère élégamment des contingences techniques pour se centrer sur les méthodes, les pratiques, les objectifs pédagogiques dans lesquels les outils multimédias prennent leur place.

Comment réaliser ce tour de force ? En choisissant d’abord des outils logiciels dépouillés, simples, à la limite de l’austère. On n’est pas distrait par les rouages intimes de chaque produit, ni même par leur caractère disciplinaire. Le fait de les avoir empruntés très souvent aux sciences physiques n’enlève rien à la validité des démarches pédagogiques afférentes. Chacun pourrait les remplacer par des outils qu’il a lui-même expérimentés. Délaissant de temps en temps cette stratégie, il verse dans l’extrême opposé en citant des réalisations multimédias qui sont de notoriété publique (cédérom du Louvre, encyclopédie Encarta) et largement commentées ailleurs. Il se crée ainsi de la place pour un discours sur les méthodes pédagogiques et didactiques.

Tout au long des chapitres, les méthodes inductives d’enseignement sont mises en avant. L’ordinateur déploie tout son intérêt lorsque l’étudiant s’en sert pour formuler lui-même ses problèmes, ses questions et qu’il tente d’y répondre et de se forger un modèle. Le bon usage d’un nouvel outil technique passe par une remise en question des pratiques traditionnelles.

Nous avons retenu une catégorisation des logiciels selon les modes d’interaction apprenant-machine et l’interactivité du produit (fonctionnelle ou relationnelle). Elle permet de situer les outils techniques par rapport à des démarches pédagogiques et didactiques. C’est ainsi que, du mode  » réactif  » où l’étudiant est sollicité par la machine, en passant par le mode  » proactif  » où il la sollicite lui-même, une gradation dans les relations, dans l’interactivité est établie qui va jusqu’aux modes  » mutuel  » et  » interpersonnel  » : dans cette situation l’apprenant interagit avec d’autres personnes (réelles ou virtuelles) au travers de la machine pour vivre ensemble le processus pédagogique.

Il est étonnant que l’auteur n’ait pas insisté d’avantage sur l’adéquation des réseaux (Internet) pour développer et illustrer le caractère social de ces derniers modes. Bien qu’il y ait référence en plusieurs points du livre à ces technologies (à peine une dizaine de pages) on aurait aimé un discours un peu plus étoffé sur les collecticiels et les outils d’apprentissage collaboratif en ligne.
On se serait attendu à ce qu’il souligne l’adaptation de ces outils en devenir à une pédagogie basée sur les modes mutuel et interpersonnel, justement ceux qui lui semblent tellement prometteurs.

Cette petite frustration ne nous a absolument pas terni le plaisir d’une lecture riche en enseignements.

Richard Faerber


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