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« Des enseignants qui me ressemblent et qui cherchent ensemble »

 

La première fois

On m’avait parlé des Rencontres du CRAP, on m’avait dit qu’il serait bien que j’y participe. Mais je ne m’étais jamais vraiment intéressée à cette possibilité, car je croyais cette association fermée. Et que moi, petite provinciale, je n’y avait pas accès. Heureusement, Twitter est arrivé dans ma vie et m’a permis de rencontrer des personnes fantastiques sur le net ou même IRL. Et c’est une de ces rencontres qui m’a donnée envie de m’inscrire. M’inscrire avec mes enfants, même !

Le premier jour nous met tout de suite dans le bain  : atelier thèmes et ateliers activités vont se succéder, entrecoupés de pauses, de déjeuners et de réunions avec les animateurs enfants.
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Les journées sont denses et fatigantes pour moi. Je n’ai pas l’habitude de tout ce monde, et le rythme est soutenu. Pour autant, ce n’est pas lourd à vivre. Les choses s’enchainent naturellement. Les moments de pauses permettent de découvrir des nouvelles personnes, ou d’approfondir un point abordé dans un atelier.

Je découvre un monde différent en discutant avec des professeurs du second degré. Mais je me rends compte que nous ne sommes pas si éloignés que je l’aurais pensé.
Je m’étonne encore d’une discussion au réfectoire en compagnie d’une professeure agrégée de mathématiques, d’une professeure de math-physique de lycée professionnel sur la façon d’aborder les fractions à l’école. Ou comment aider les élèves en difficulté avec cette notion, de la primaire au lycée. C’était magique et irréel à la fois de me dire que je n’étais pas incongrue dans cette conversation, bien au contraire.

Tout cela m’a fait un bien fou, m’a redonné envie de confronter mes pratiques, d’être optimiste face à mon métier. Il y a, partout en France, des enseignants qui me ressemblent, qui cherchent ensemble, et veulent faire avance les choses, de façon positive.

Aurélie Lucius

 

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Des rencontres d’été 2014, je me souviendrai…

Je me souviendrai que la météo aurait pu être pire, du soleil piquant dans la rosée du matin, de crapistes lézardant à midi pendant que le ciel commençait à se couvrir et de la douceur des fins d’après-midi.

Je me souviendrai du moelleux et du vert résolument anglais de la pelouse.

Je me souviendrai que le mardi, dans son discours d’ouverture, notre président disait : « L’année qui s’achève a été marquée par le remplacement de Vincent Peillon par Benoît Hamon, changement qui accompagne des doutes sur ce qu’on n’ose plus appeler la refondation. » Et que moins d’une semaine après, le lundi, celui-ci était démissionné/démissionnaire : trois ministres en deux ans, record battu.

Je me souviendrai de groupes d’enfants et d’adultes vaquant à leurs occupations, se croisant, se séparant, éclatant, se regroupant, se reconstituant, se croisant…. dans un mouvement serein et perpétuel pendant une semaine. Du sourire, un peu crispé au début, de « nouveaux » de plus en plus sereins. Des liens qui se créent, des belles rencontres, du respect à l’égard de ceux qui s’octroient de ressourçants moments de solitude.

Je me souviendrai du partage spontané des clopes, de chaussures fermées, des voitures et, naturellement, des expériences et des idées.

Je me souviendrai d’une multitude de moments de réflexion intense et sereine -dans et hors des ateliers, d’avoir vérifié qu’on peut discuter et « disputer » sans polémiquer.
Je me souviendrai de rires et de quelques éclats de voix vite apaisés, de débats, d’un accueil honnête et réfléchi des idées et propos des autres…
Je me souviendrai de la motivation par le jeu. De participantes à l’atelier « chasse aux trésors » à fond dedans, discutant énigmes et repartant à la nuit tombée repérer des indices dans un paysage voisin.

Je me souviendrai de la « conférence » de deux enseignants, expliquant comment ils travaillent ensemble et avec leurs collègues, de leur créativité : un obstacle surgit, on essaie d’imaginer une solution plutôt que de (se) cogner contre. Ce n’est pas l’absence de volonté voire la mauvaise volonté des politiques qui nous empêchera de changer l’école, au moins là où nous sommes, pour changer la société, sans désespérer que la société change pour qu’il soit plus facile de rendre l’école plus justement efficace.

Dominique Seghetchian

 

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