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Des Entretiens revigorants

L’évaluation, partagée par tous les élèves, de l’école primaire à l’université, temps fort de la vie scolaire, tâche cardinale des enseignants, a fait l’objet, pendant trois jours, du 3 au 5 novembre 2005, d’une attention toute particulière : rarement ce domaine avait été exploré ainsi jusque dans ses moindres recoins, depuis sa plus simple expression, la note, jusqu’à la question du sens qu’elle peut recouvrir ; les différents dispositifs utilisés, les angles d’attaque des intervenants, les comptes-rendus des ateliers ont permis de comprendre les tensions, des blocages, des interprétations possibles et quelquefois contradictoires. Abandonnée l’idée de justesse (note-message plutôt que note-mesure), l’évaluation devrait être encourageante, démocratisante : ce qui a conduit naturellement à parler de pédagogie différenciée – « pas celle qui s’adresse spécialement aux pauvres, sinon ce serait une pauvre pédagogie » -, comme l’a dit avec conviction et talent J.-M. Zakhartchouk. Pour responsabiliser l’élève et le rendre maître de son apprentissage, l’autoévaluation n’est-elle pas facilitante ? Ne permet-elle pas de changer les rapports maître-élèves, de dépasser les craintes, les incertitudes, de provoquer un enrôlement bénéfique ? Édith Wegmuller, de l’université de Genève, s’est attachée à en montrer les nombreux avantages, précisant qu’elle n’était pas qu’un autocontrôle mais aussi et surtout un autoquestionnement. Les récents changements en matière d’éducation survenus en Suisse où elle a mené ses recherches ont permis aux nombreux participants de prendre connaissance des problèmes liés à l’évaluation hors du territoire français.
Philippe Watrelot, à partir des représentations des enseignants, a aidé à faire construire collectivement de nouveaux itinéraires pour dépasser les blocages, voire les pannes, rencontrés au cours des séquences d’apprentissage. Le récent dossier des Cahiers pédagogiques sur le sujet (dossier n° 438, décembre 2005) a été, en avant-première, largement exploité…
Refusant de faire une synthèse (je cite !), Guy Berger, avec les miettes d’idées laissées à l’abandon, nous a offert un menu de choix soulignant à son tour la complexité mais aussi l’attrait que pouvait constituer une pratique évaluative renouvelée : « Ce n’est pas qu’on l’ait essayée et qu’on l’ait trouvée difficile ; c’est plutôt qu’on l’a trouvée difficile et on ne l’a pas essayée » a -t-il conclu.
Ces Entretiens ont (re) donné aux enseignants l’espoir de faire encore évoluer leurs pratiques ; les applaudissements, les remerciements de fin en direction des intervenants valaient bien mieux qu’une bonne note… un espoir !

Jacky Arlettaz, équipe d’organisation des Entretiens d’Argelès.