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Dépasser le « pour/contre »

Depuis cinquante ans au moins, le « travail à la maison » fait régulièrement l’objet de débats. Certains défendent son utilité, voire sa nécessité pour réussir sa scolarité, d’autres mettent en avant la charge supplémentaire de travail demandé aux élèves et surtout l’inégalité des élèves face à l’aide qu’ils peuvent recevoir à la maison ou ailleurs. Nous ne pensons pas qu’il faille trancher dans cette opposition binaire. Nous préférons aller plus loin et nous demander plutôt de quel travail il s’agit, pourquoi on en donne, ce qu’on en fait en classe, comment on s’assure que les élèves sont en mesure de le faire, tout en distinguant les âges et niveaux de classe. Telle est l’ambition de ce dossier : ne pas en rester à un débat idéologique – voire théologique – mais aller voir en quoi le « travail à la maison » se révèle un « analyseur » du fonctionnement de l’école comme de ses dysfonctionnements sous plusieurs angles : relations avec les familles, importance des consignes, sens que les élèves donnent ou pas aux activités scolaires, conjugaison de l’aide et de l’autonomie, problèmes des sanctions (devoir pas fait, mal fait, devoir supplémentaire…), lien entre l’école et l’extérieur (structure d’accompagnement, soutien gratuit ou payant)…
Les devoirs à la maison ont ceci de paradoxal dans le métier d’enseignant qu’ils échappent à la présence et à la surveillance du professionnel qui les donne. Il n’est pas là pour aider et pour vérifier que tout est fait selon les prescriptions d’usage. Les élèves s’en débrouillent plus ou moins bien. Comment donc être attentif au travail et aux apprentissages des élèves quand l’enseignant est absent ?
Entre l’enseignant qui a la paix parce qu’il ne donne plus de travail à faire et celui qui surcharge les élèves avec parfois les meilleurs sentiments du monde, il y a de la marge pour une réflexion mesurée, loin des anathèmes ou des déclarations péremptoires.
Le débat prend aujourd’hui une nouvelle dimension avec la place grandissante dans le système éducatif français du péri et de l’extrascolaire, rappelant que l’école s’inscrit dans un territoire et dans une société, indiquant aussi que le travail à l’école peut trouver des alliés de poids en dehors de ses murs. L’accompagnement éducatif en est la parfaite illustration. Les formules d’accompagnements aux devoirs constituent en effet un moyen de faire face au désarroi de l’élève devant un travail scolaire dont il n’a pas toujours les codes d’accès ou devant lequel il peut manquer de courage pour accomplir son « devoir » quand les sirènes des copains ou du multimédia les attirent ailleurs. En même temps, cet accompagnement ne doit pas faire oublier que tout se joue en amont (ce qui a précédé le devoir) et en aval (comment il sera évalué), donc dans les pratiques quotidiennes des enseignants.
Bref, les devoirs et les leçons sont plus que jamais un enjeu sur lequel il nous paraît nécessaire de nous pencher, ce qui est finalement trop rarement fait en profondeur.
Ce dossier se composera de trois parties :
Quel sens ? Où l’on pose les arguments du débat, les controverses, qui peuvent traverser un établissement et parfois le diviser.
En classe : partie la plus fournie où l’on met en avant des pratiques, en classe, avec les élèves, principalement dans le secondaire (mais le premier degré n’est pas oublié), avec notamment, dans la revue et sur le site, une évocation de ce que peut apporter le numérique (cahier de texte en ligne…).
Hors de la classe : les enjeux autour de l’aide et de l’accompagnement du travail des élèves hors de l’école et la difficile articulation entre le dedans et le dehors.
Quelques souvenirs de petits bonheurs ou de corvées pénibles autour des devoirs de collègues « anciens élèves » émailleront ce dossier, dont Dominique Glasman, peut-être le chercheur le plus fécond sur la question, proposera une relecture finale.
Et maintenant, notez dans votre cahier de textes :
Pour le…, vous lirez ce dossier des Cahiers pédagogiques, et vous en tirerez quelques idées force, vous direz ensuite ce que vous pensez en tirer pour votre pratique quotidienne…