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De solides « assises » pour la pédagogie…

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Le samedi 3 février, dans la grande salle de la Mairie du XIII° arrondissement de Paris et au lycée Jean-Lurçat se sont déroulées les premières Assises de la pédagogie organisées par le CRAP-Cahiers pédagogiques avec la participation de près de quinze associations amies (mouvements pédagogiques, associations, fédérations de parents).

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Près de 400 personnes, un public très hétérogène d’enseignants du premier et second degré, dont certains en formation, de chercheurs, de formateurs… ont assisté aux débats et ont pu largement échanger lors des ateliers de l’après-midi.
L’un des objectifs de la journée était de déboucher sur des propositions concrètes, complétant ou concrétisant le texte-manifeste du CRAP-Cahiers pédagogiques « quelle école pour aujourd’hui ? ». Ces propositions désormais publiées sur le site du CRAP et envoyées aux candidats aux présidentielles (hors extrême-droite).
Parmi les axes forts qui ont émergé aussi bien des ateliers que des deux tables rondes (l’une avec des chercheurs : Philippe Meirieu, Jean-Yves Rochex, Samuel Josuah et Françoise Lorcerie ; l’autre avec des praticiens et un inspecteur général engagé), nous pouvons dores et déjà énoncer quelques points forts.
– Il faut affirmer plus que jamais le droit à l’éducation pour tous, contre la formule réductrice et manquant singulièrement d’ambition d’ « égalité des chances », contre la simple recherche d’un élargissement de l’élite par la « méritocratie »
– On doit promouvoir dans les établissements un vrai travail collectif, celui-ci bénéficiant cependant d’un accompagnement et d’un pilotage de l’institution. Il ne s’agit pas d’abandonner les équipes à la « débrouillardise » ni de leur imposer des carcans. Philippe Meirieu résume cela en une formule : « plus d’Etat, plus de pilotage, moins de bureaucratie » Un atelier a réfléchi à de nouveaux services dans le secondaire, qui ne peuvent être imposées brutalement.
– Un équilibre est à rechercher en permanence entre l’indispensable liberté pédagogique et l’esprit de responsabilité, comme l’a exprimé Françoise Lorcerie, ce qui est à mettre aussi en rapport avec le pilotage, y compris des innovations
– Le chantier sur les contenus doit être vraiment mis en route, pour aller bien au-delà de ce qui a été esquissé autour du socle commun. Samuel Josuah a insisté notamment sur la place presque inexistante consacrée à l’école au travail sur les relations sociales
– La formation de l’esprit critique reste à faire, alors même qu’on voudrait, nous dit-on, restaurer l’autorité absolue du maître, l’autorité de la « parole révélée » quand il s’agirait de mettre au centre l’autorité des « savoirs », autorité qui ne va jamais de soi et qui s’apprend, dans la construction d’une citoyenneté éclairée. Comme le dit Jean-Yves Rochex, « il faut mettre au centre la question de la démocratisation de l’accès aux savoirs et à l’exercice critique de ces savoirs ».
– La formation des enseignants reste centrale. Là encore, le pilotage est indispensable, mais les modalités doivent être diversifiées et faire appel à la créativité des acteurs

On le voit, il s’agit d’engager de vrais débats, loin de la logique binaire chère à certains médias, loin de solutions simples, qui ne peuvent être que simplistes. Les témoignages de praticiens montrent à la fois une passion pédagogique qui reste intacte et un risque de découragement devant les difficultés que rencontrent ceux qui innovent et le manque de reconnaissance de leur travail.
Le CRAP-Cahiers pédagogiques, à travers ses prochaines activités dont la publication de numéros sur des sujets tels que « faire avec les classes hétérogènes » ou « travailler en équipe », poursuit sa réflexion, en affirmant sa volonté à la fois de résister au renoncement, au manque d’ambition pour l’école, à l’abandon des valeurs fondamentales de la démocratie, et de proposer, d’avancer des solutions, même si toutes ne sont pas pédagogiques et scolaires.

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L’intervention de Christian Frin, président du CRAP-Cahiers pédagogiques, en ouverture aux Assises

Il n’échappe à personne qu’à l’approche d’échéances électorales nationales et parlementaires, les enjeux politiques porteront fortement sur les évolutions de notre système éducatif. C’est pourquoi, nous avons sollicité nos partenaires réunis dans le cadre du Comité de Liaison des Mouvements Pédagogiques et d’Education (CLIMOPE) mais aussi d’autres associations qui oeuvrent complémentairement à l’école, pour que tous avec nos diversités nous puissions proposer ensemble des pistes de changement. Environ, 14 mouvements pédagogiques, associations et fédérations ont répondu à cet appel pour animer les ateliers proposés.

Pour ouvrir les débats, et avec l’accord d’un de nos amis pédagogue j’emprunte un des titres de ses nombreux ouvrages pour positionner mon intervention :

Résister, oui mais comment ? Et je rajouterai …
Résister à quoi ou à qui ? Résister pour faire quoi ?

Résister en démocratie, ce n’est pas que s’arc-bouter et tout refuser en attendant le grand soir, c’est plutôt agir et réagir pour faire valoir les idées qui nous semblent fondamentales pour faire évoluer le système éducatif.

Résister, oui mais pour faire quoi ?

Sans doute pour faire que les politiques en charge de la nation définissent plus clairement avec les professionnels ce qu’ils attendent du monde éducatif et de l’école en terme de démocratie, de citoyenneté mais aussi d’acquisition de connaissances et de compétences fondamentales.

Certes, à l’école nous défendons l’idée d’une culture commune pour tous, mais nous pensons que pour l’acquérir réellement, il est tout aussi fondamental et nécessaire que les pratiques pédagogiques et éducatives évoluent, que les examens et les formations soient transformés afin de permettre la réussite et l’insertion des jeunes dans notre société.

Car, pouvons-nous aujourd’hui, continuer à éduquer et à enseigner sans prendre en compte les nouvelles évolutions de société et sans interroger les transformations professionnelles de nos métiers ?

Les discours des politiques justifient l’intérêt d’une mixité sociale sur le plan éducatif ou scolaire, mais tous s’opposent sur les moyens d’y parvenir
(Est-ce : la sectorisation ? le 1/3- 1/3- 1/3 ? la non ghettoïsation des populations ?…)

Alors que peu abordent sa véritable prise en compte, beaucoup dissimulent leur réponse à cette question difficile de « l’égalité des chances ».

Le statut des professionnels de l’enseignement acquis à une époque peut-il
demeurer « figé » ou « sourd » face aux changements et difficultés du métier actuel, en ne prétextant que la crainte d’y perdre des « plumes », pour dire les choses légèrement. Pourtant, cette crainte peut devenir légitime dès lors qu’il y a aggravation des avancées pédagogiques.

En effet, reconnaître les besoins particuliers des enseignants pour travailler dans certaines conditions ce n’est pas en faire un corps privilégié c’est simplement leur demander de concevoir leur rôle dans le cadre d’une éthique professionnelle : celle de l’éducabilité de tous.

La dimension quantitative du statut est indissociable de la qualité d’exercice du métier. Que voulons-nous faire de différent, d’autrement pour répondre à nos missions. C’est peut être en cela que les pédagogues, c’est-à-dire les professionnels de l’apprentissage, de l’enseignement et de l’éducation que nous sommes, ne sont pas de dangereux idéologues mais des citoyens responsables de l’avenir des jeunes qu’on nous a confiés.

Résister, oui mais à quoi ou à qui ?

Sans aucun doute, résistons aux appels nostalgiques d’un retour aux pédagogies traditionnelles ou conservatrices qui prônent l’efficacité de certaines méthodes au détriment des autres ; mais résistons aussi aux sirènes pédagogiques qui cherchent à appliquer des modèles didactiques a priori opérationnels. Résistons également aux alibis de l’immobilisme, aux corporatismes en tout genre, aux lobbyings disciplinaires, aux filières sélectives déguisées ou avouées, aux emplois du temps consensuels et cloisonnés, en un mot Résistons au repli de l’école sur elle-même.

Résister, oui mais comment ?

Changer l’école, c’est notre action pédagogique pour changer la société ; mais changer l’école hors de l’action politique c’est sans doute ne pas vouloir changer la société !
La pédagogie est affaire de politique puisqu’elle véhicule des valeurs éducatives comme la Solidarité, la Tolérance, l’Autonomie, la Responsabilité et l’Eco- citoyenneté, d’ailleurs reconnues institutionnellement. Par contre, la pédagogie ne peut pas s’enfermer dans des hégémonies de pensée au risque de discréditer l’ensemble d’une profession.
Personne n’est invité à s’installer dans une neutralité bienveillante ou une naïveté pédagogique ou un conservatisme indifférent mais plutôt à s’engager dans la recherche de valeurs communes en éducation qui puissent contribuer, au plus, à la réussite de chacun des jeunes, au mieux, à réduire les inégalités qui existent dans notre système.

Alors à l’approche d’échéances essentielles pour l’avenir, n’hésitons pas à interpeller les candidats à la gouvernance du pays sur des enjeux éducatifs que nous jugerons fondamentaux politiquement c’est-à-dire des enjeux à mêmes de générer des changements forts, car finalement

Proposer n’est ce pas déjà Résister ?


Atelier : « Les zones d’éducation prioritaire »
Animé par Claude Volkringer et François-Régis Guillaume (OZP)

L’atelier a rassemblé 26 personnes. Elles se sont d’abord réparties, pendant une heure, en 4 petits groupes discuter, à partir d’un cas d’école, de propositions alternatives à la seule diminution du nombre d’élèves par classe, pour l’utilisation des moyens importants que les différents candidats promettent d’affecter en ZEP.
Le cas d’école avait été proposé structurer la discussion et amorcer un chiffrage. Il n’a pas été possible de passer à la discussion sur des solutions alternatives et encore moins d’amorcer un chiffrage. Deux explications possibles: l’ensemble des participants ne croyaient pas à l’efficacité de la seule diminution de la taille des classes et le cas d’école a été compris comme un argument de plus pour l’écarter ; ou bien il est peut être difficile de faire sortir la discussion pédagogique de ce qui se passe dans la classe devant les élèves pour esquisser ce qui serait nécessaire au niveau d’un établissement ou d’une zone pour favoriser ces changements dans la classe.

2 types de propositions ont émergé : (en caractères gras, ce qui a pu être discuté au cours de la mise en commun.

1)-Pour de nouvelles conditions d’exercice du métier d’enseignant.

Il s’agit de sortir de l’isolement, d’échanger sur les pratiques, de les analyser, de les mutualiser, de croiser les regards sur les élèves et les enseignants.

Des personnels pour un accompagnement dense des enseignants, affectés dans l’établissement, la zone, le réseau ou le bassin d’éducation. Et un travail en réseau avec les formateurs d’IUFM, les IEN, les chercheurs.
Prévoir dans le temps de service des enseignants un temps de formation et un temps pour le travail collectif.
Affecter les ressources nécessaires à la continuité éducative entre l’école et la famille et pour que tous les élèves de collège puissent avoir un rapport fort avec un adulte.

La co-intervention est demandée autant comme un moyen de changer les pratiques enseignantes que pour son efficacité pour les élèves.

2)-D’autres propositions se situaient au niveau de l’organisation locale.

Gestion au niveau d’un bassin d’éducation.
Dans le bassin ou dans l’établissement, souplesse des horaires

Pas d’attribution automatique de moyens supplémentaires, mais attribution en fonction de projets fondés sur un diagnostic partagé large.

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Cas d’école pour un débat sur l’utilisation des moyens de l’éducation prioritaire

Dans le débat politique sur l’éducation, les ZEP sont devenues le symbole fort de la volonté sociale des partis politiques et des candidats. Comme preuve de cette volonté, ils annoncent, avec des variantes, un effort massif pour les ZEP qui serait affecté à une diminution massive du nombre d’élèves par classe. La proposition de T.Piketty (dont l’OZP a dénoncé les annonces trompeuses) constitue la référence la plus fréquente et aussi la plus modeste : diminuer les effectifs de 5 élèves par classe.(certain programme a parlé de diviser les effectifs par deux).
Une telle proposition est née dans le monde des statisticiens sans que jamais l’expérience des acteurs de terrain soit interrogée. Sa force, son évidence est d’être facile à comprendre par l’opinion publique et de relayer le discours syndical majoritaire. Et pourtant les enquêtes de terrain le rapport Moisan Simon mettent en avant d’autres besoins qui ne sont jamais relayés: celui d’accompagnement, de temps pour le travail en équipe et l’échanges de pratiques etc.

L’effort budgétaire

Avant la réforme récente, les moyens supplémentaires des ZEP étaient d’environ 4000 postes d’enseignants dans les écoles et 3600 dans les collèges (sans compter les emplois de CPE, d’aides éducateurs, d’éducation spécialisée etc. plus nombreux en ZEP et sans parler des primes). Le tableau suivant indique le nombre de postes nécessaires pour diminuer de 5 le nombre d’élèves par classe selon que cette mesure s’appliqueraient aux seuls RAR (250) ou aux ZEP- non compris les REP – (750.)

Nombre de postes nécessaires pour diminuer le nombre d’élèves par classe de 5 élèves

Collèges Ecoles élémentaires Ecoles Maternelles
250 réseaux 2800 2500  1500
750 réseaux 8400  7500  4500


Notre propos n’est pas de refuser un tel effort, mais d’éviter, si jamais il se réalise, qu’il ne soit gaspillé et de le répartir sur des propositions moins spectaculaires mais plus efficaces.

C’est aussi l’occasion d’affirmer que :
– La complexité des problèmes de l’éducation est telle que les progrès ne peuvent dépendre d’une mesure unique spectaculaire.
– Les responsables politiques et médiatiques ne peuvent se substituer aux acteurs de terrain pour inventer les dispositifs et les pratiques pédagogiques les plus efficaces.
Nous proposons à l’atelier de débattre sur un cas d’école : quelle serait le meilleur usage de ressources importantes affectées à l’éducation prioritaire.

Cas d’école

Raisonnons à l’échelle d’un réseau formé d’un collège et des écoles qui lui sont rattachées, de taille moyenne en zone urbaine (précision importante car l’écart des dotations entre grands et petits collèges est presque aussi important que l’écart ZEP et hors ZEP.)
Prenons comme base un réseau moyen hors ZEP, comparons-le avec un RAR (réseau Ambition Réussite) et débattons de l’utilisation de moyens importants qui seraient affectés à ce réseau : le meilleur usage serait il de diminuer les effectifs par classe ?

Soit un collège de 540 élèves, 4 écoles élémentaires totalisant 675 élèves et 4 écoles maternelles comptant 450 élèves. Hors RAR et hors éducation prioritaire un collège de 540 élèves a une dotation 675 heures hebdomadaires, soit 38 emplois et un rapport (H/E) de 125 heures pour 100 élèves. Les élèves sont répartis en 22 divisions de 24 ou 25 élèves. 595 heures sont utilisées pour l’enseignement en classes entières et 80 heures sont disponibles pour l’enseignement en petits groupes(par dédoublements, TP, soutien, IDD, LV2 à faibles effectifs etc.)ou parfois (mais marginalement) pour des heures hors présence des élèves. Les élèves ont ainsi en moyenne 3 à 4 heures par semaine en petits groupes.
Avec les mêmes effectifs, un collège AR, avait en 2005-2006, une dotation de 772 heures soit 43 postes et un rapport H/E de 143 heures pour 100 élèves. Les élèves sont répartis en 25 divisions de 21 ou 22 élèves par division. Il reste en moyenne 97 heures pour l’enseignement en petit groupes ou pour les heures hors présence des élèves. Il y a en moyenne 3 élèves en moins par division et les élèves ont là aussi 3 à 4 heures d’enseignement en petit groupe.

Pour les 4 écoles élémentaires hors RAR, les 675 élèves sont répartis en 28 classes de 24 élèves et en RAR il y aura 31 classes soit 3 postes en plus ans compter des décharges de Direction un peu plus généreuses. En maternelle, les 450 élèves seront répartis en 17 classes de 26 élèves hors RAR, et en 19 classes de 23 ou 24 élèves en RAR.

Hors Education Prioritaire  Réseaux Ambition Réussite
COLLEGES 540 élèves
Heures/100 élèves  125h  143h
Dotation Horaire Globale 675h ou 38 emplois  772h ou 43 emplois
  Nombre de divisions  22 divisions  25 divisions
  Heures en petits groupes total  80h  97h
Par élève  3 ou 4h  3 ou 4h
Heures déjà affectées à la baisse des effectifs 81
Heures nécessaires pour une baisse de 5 élèves par classe 202 heures ou 11 emplois
Ecoles élémentaires 675 él.
Nombre de classes 28 31
Postes pour une baisse de -5 élèves 1 0
Maternelles 450 élèves
Nombre de classes 17 19
Postes pour une baisse de -5 6

Les RAR disposent depuis la rentrée de 4 postes de professeurs référents que l’on peut partager à égalité entre les écoles et le collège.
Question : comment utiliser au mieux cette ressource de 11 emplois en collège, de 10 emplois dans les écoles élémentaires et de 6 en maternelle ?


Atelier : « Le métier d’enseignant »
Animé par le CRAP-Cahiers pédagogiques (Elisabeth Bussienne et Jean-Michel Zakhartchouk)

Cet atelier devait élaborer des propositions concernant le métier et la formation au métier. Nous présentons ici le travail effectué sur le premier point débouchant sur une proposition intégrée par le CRAP.
Un premier temps était un travail en sous-groupes avec pour consigne de formuler une proposition visant à transformer le métier d’enseignant. Chaque proposition était ensuite discutée par le groupe.

Liste des propositions


1. Instituer dès aujourd’hui dans le secondaire la possibilité d’un service différent , du type 16 plus 4 (concertation, tutorat…), les « 4 » devant obligatoirement inclure du travail en équipe (projets communs, interdisciplinarité, pas seulement concertation). Donner des facilités à ce travail en équipe dans les établissements (emplois du temps…).


2. Revoir le cahier des charges du professeur principal afin qu’il soit clair (heures de vie de classe, PPRE en collège …). Priorité à ceux qui veulent un service 16 + 4 pour être prof principal en incluant certaines tâches dans ces 4 h.


3. Donner un volant d’heures aux établissements dans le secondaire pour les utiliser au service des projets , y compris en expérimentant de nouveaux horaires-cours de 45 minutes par ex ou des séances à deux dans la même classe.


4. Privilégier pour les années sabbatiques ou les congés formation les projets utiles au collectif et plus généralement accorder des priorités de moyens horaires à des recherches-action par exemple.


5. Revoir globalement les décharges horaires, mais à moyens constants, sans récupérer d’heures, en regardant les « besoins nouveaux » — TIC, aide à la documentation, etc.


6. Donner des compensations en temps, et non obligatoirement en argent à ceux qui font de l’aide aux élèves, qui s’investissent dans des projets particuliers, type ateliers culturels, dispositifs de lutte contre le décrochage,etc. Mettre en place un compte épargne temps. Les primes ZEP sont transformées progressivement en heures de décharge pour ceux qui s’impliquent dans des projets.


7. Recréer un CNIRS (conseil de l’innovation), afin de diffuser les innovations et les « bonnes pratiques » et ne pas laisser chaque rectorat n’en faire qu’à sa tête sur l’innovation :il faut que la diffusion soit nationale et internationale, et couplée avec la recherche.


8. Créer à l’intérieur des établissements des postes de responsabilités, liés au Conseil pédagogique (instance intéressante à garder et développer), par exemple correspondant formation.


9. Ouvrir davantage de postes à profil pour favoriser la constitution d’équipes volontaires dans des établissements difficiles. Recourir le moins possible à la dispersion d’enseignants d’un établissement à l’autre pour compléter leur service.


10. Admettre une certaine bivalence, mais uniquement s’il y a eu volontariat et formation conséquente.


Une bonne partie des débats a porté sur le contenu du service des enseignants et en corollaire, sur la façon de compter le temps de service dans le second degré. Un accord se dégageait sur la nécessité de concevoir le métier non seulement en terme de cours à faire, mais aussi d’accompagnement, de relation avec les familles, de travail en équipe…Le métier doit être défini en fonction de ce qui fait progresser les élèves ; en particulier le travail en équipe doit être au centre de l’exercice professionnel, car on ne peut « fragmenter » l’élève. Les divergences portaient plutôt sur les stratégies pour refonder le métier :
– certains participants proposaient qu’on permette aux enseignants de choisir entre un service « classique » de 18 h comme actuellement et un service type « 16+4 » (les chiffres cités n’étant qu’une indication) annualisé, avec possibilité de changer suivant les années. Leurs arguments principaux étaient de donner de la souplesse au système et aux acteurs ; de plus notre conception du métier n’est pas partagée par tous et l’imposer de force échouerait sûrement ; une telle proposition permettrait d’avancer en un premier temps.
– D’autres objectaient que la conception du métier ne peux pas être un choix individuel mais un choix collectif, à faire en fonction de ce qu’on attend du service public d’éducation, de l’intérêt des élèves, que si par exemple on veut mettre le travail d’équipe et les projets au centre de la pratique, il faut obligatoirement une organisation horaire pour cela et qu’elle ne peut être librement choisie.

Peut-être ne s’agit-il en fait que d’un désaccord sur la façon d’aboutir à un objectif qui semble partagé.
Remarquons que si le métier doit changer pour inclure tout ce qui est projet, équipe, accompagnement, c’est valable pour le primaire comme pour le secondaire. Certains participants ont regretté que les transformations nécessaires dans le premier degré n’aient pas été suffisamment prises en compte, mais il faut dire que c’est le second degré qui est actuellement au cœur du débat public dans lequel nous voulons peser et que c’est là qu’il y a urgence à repenser le métier.

L’innovation a été l’autre sujet abordé : elle ne doit être ni un « supplément d’âme », ni une injonction. L’école a besoin de modifications qualitatives.Il faut partir de celles qui se font dans les classe, analyser et mettre en cohérence toutes ces pratiques innovantes : à partir de cela, on pourra faire changer le métier d’enseignant. Il faudrait recréer un CNIRS dont ce serait le rôle. Actuellement, malgré les cellules de pilotage rectorales, il y a un éclatement des pratiques que la liberté d’expérimentation inscrite dans la loi Fillon ne fait que renforcer. Cependant, on rappelle que la transposition des innovations pose problème (ce qui réussit dans un cadre donné ne réussit pas forcément dans un autre contexte — mais ce pourrait être aussi un sujet d’études — et quelques participants expriment une réticence de fond : créer une institution chargée de promouvoir l’innovation, cela suppose qu’il y a de « bonnes pratiques », donc un risque de dérive autoritaire, et d’ailleurs, est-ce au ministère de diffuser l’innovation ?

PROPOSITION RETENUE
Instituer dans le secondaire la possibilité d’un service différent
afin de favoriser le travail en équipe.


Atelier : relations école – familles
Animé par la FCPE

Face à sa volonté d’accueillir les enfants issus de tous les milieux sociaux, et sa difficulté à gérer l’hétérogénéité des élèves, l’école de la république est dans une situation paradoxale et encombrante : les établissements scolaires recrutent sur des secteurs géographiques qui concentrent des populations ciblées (« riches ou pauvres » ; « riches et pauvres »). Lorsque l’établissement est en zone défavorisée, l’homogénéité pose problème et fait reculer l’hétérogénéité affichée dans les intentions, car les familles recherchent à déroger à leur secteur de recrutement. Lorsqu’il est en zone favorisée cela semble moins poser de soucis de gestion mais çà dérange philosophiquement !? La situation est donc plus complexe qu’il n’y paraît. Cependant, dans tous les cas la prise en compte des relations avec les familles et du rôle des associations de parents d’élèves dans le cadre de l’établissement est une question récurrente pour les chefs d’établissements et les fédérations de parents représentatives.

En synthèse, la question concerne « la création d’un lien commun », pour les parents par le biais des associations, et d’une « culture commune » pour l’établissement dans sa liaison avec les familles. Quelles propositions ?

– créer des temps et lieux communs, pour autoriser la convivialité des échanges dans l’établissement, afin de permettre le partage des différences culturelles et d’activités entre parents :
– communiquer et informer par le dialogue réel entre les acteurs et les usagers, pour éviter la lecture seule ou l’informatisation de l’information ;
– échanger avec les parents sur les compétences acquises par leur enfant plus que sur les manques à acquérir.
(qu’est ce qu’un élève en échec scolaire ? qu’est ce qu’un élève difficile ?) ;
– parier sur la durée des évolutions en éducation pour donner des chances aux dispositifs d’aboutir et non sur l’immédiateté des résultats attendus ;
– travailler dans les équipes pédagogique et éducative au fait de faire percevoir que l’attitude consommatrice de certains parents vis-à-vis de l’école ou de certains établissements clientélistes, appauvrit la richesse du travail collaboratif, filiarise les parcours sélectifs et rend obsolète le droit à la réussite pour tous ;
– identifier concrètement le rôle des parents, dans les instances, les concertations, les espaces de travail avec les professionnels de l’éducation et de l’enseignement.

Christian Frin


Atelier : Ouvrir à la culture et au monde : tous capables
Animé par Sylvie Chevillard pour le Groupe français d’éducation nouvelle

Enjeux de cet atelier, conçu à partir de la démarche « Raconte-moi l’objet, il te dira qui tu es », écrite par Jacqueline Bonnard :
– questionner le concept de « culture » à travers une situation s’appuyant sur des objets du quotidien, dans un cadre scolaire
– culture commune, culture d’ici, d’ailleurs, d’aujourd’hui, d’hier, populaire, bourgeoise, technique, littéraire, artistique : culture et école, quels possibles ? quels pistes ? quelles valeurs ?

Première phase
Production d’affiche nommant un objet de cuisine proposé dans chaque groupe, schématisant son principe de fonctionnement, déclinant son mode d’emploi.
La discussion :

Objet culturel : de quelle culture s’agit-il ? de quel quotidien est-il question ? Qui utilise « encore » ces objets « mécaniques », à part quelques écolos ?
Culture scolaire :

des pistes de travail, du dessin au schéma
du vocabulaire aux types d’écrits
le fonctionnement, réflexions à caractère
– technologique : quelles est la partie mobile et la partie agissante de l’objet ?
– sociologique : quelles classes sociales utilisent ces objets ?
– historique : existent-ils encore aujourd’hui ? d’où viennent-ils, quelles évolutions ?

Deuxième phase
Apport de photocopies (photos, dessins techniques, de Léonard de Vinci, reproductions artistiques Delaunay…) « Culture et école » : quelles pistes ? en quoi et comment l’école peut-elle être le creuset d’une culture commune, s’appuyant sur des cultures sociales, scolaires, et autres … ?
Echanges en grand groupe après discussions en petits groupes :

Transformations des pratiques : pédagogiques, sociales, politiques et langagières.
– Faire des liens : partir de singularités pour aller vers des principes universels. De quel « universel » est-il question ? moralement acceptable ou socialement construit ?
Toute culture est porteuse de valeurs. Quelle culture l’école doit-elle transmettre ?
Comment construire en classe une culture commune ?
– Est-ce que cette culture peut-être construite autrement que par les gens d’ici dans un maintenant ?
Construire une culture scolaire dans des pratiques avec pour point de départ : des échanges, des mises en commun dans une projection, une parole, des savoirs et savoirs – faires pour construire ensemble et acquérir une culture commune, des connaissances communes faisant place aux différences.
– Quelle place du faire dans la culture ?
Prendre en compte les différences culturelles pour bâtir une culture commune : instruction, culture, esprit critique.
Culture et langages : écarts entre le scolaire et le social.


Atelier « démocratie et citoyenneté »
Animé par la FOEVEN

Ce qui ressort des échanges :

Après avoir fait le constat de la double crise de l’école

  • le rapport au savoir
  • le rapport à la loi

PRINCIPE
L’importance, la nécessité d’éduquer les jeunes à la citoyenneté et à la démocratie, représentative et participative est fortement affirmée par tous. Cette éducation est très liée aux autres apprentissages et associée pour les participants à la notion de droits, déclinée de différentes façons ( droit à…, droit de…, droit réflexif, rapport à la loi ) C’est à la fois lié au lien social, au vivre ensemble, à la participation et à l’engagement, à la solidarité, au partage mais aussi à l’accès à la pensée et à l’action sur le monde. Vivre ensemble et apprendre ensemble, apprendre en prenant des responsabilités. Cette éducation est complémentaire de celle de la famille(co-éducation)

POUR CHANGER QUELQUE CHOSE DANS L’ECOLE
Faire en sorte que les règlements intérieurs soient mis en conformité avec le droit (créer des espaces de droits) et en particulier avec la convention internationale des droits de l’enfant.
Former les enseignants dans ce sens pour qu’ils ne soient pas juges et parties.
Et se donner les moyens pour que les droits deviennent réels.

Les participants ont proposé différents dispositifs pour avancer sur cette voie.

  1. l’éducation à la citoyenneté et à la démocratie sont à mettre nécessairement en parallèle avec l’apprentissage des savoirs. (voir la formation des enseignants). La classe restant le LIEU du « vivre ensemble » et de la formation à la pensée pour aborder la Démocratie
  2. Développer (et former les enseignants) à la pédagogie de la discussion pour favoriser la réflexion et créer un « intellectuel collectif » ( démocratie ) à partir de toutes les propositions individuelles. ( Attention : éviter et refuser le débat au sens littéral)

    D’AUTRES PISTES
    Agir sur l’évaluation et ( peut-être ? ) séparer le rôle de l’enseignant dans les apprentissages, de l’évaluation sommative. Le mélange des deux rôles est jugé préjudiciable aux apprentissages.

  3. Une école FORMATIVE et non plus une école SELECTIVE ( Nous n’avons pas cherché de consensus sur cette proposition.)
  4. Développer les établissements expérimentaux basés sur les apprentissages par la
    prise de responsabilité.

Atelier « Dispositifs relais »
Animé par la Ligue de l’enseignement, les FRANCAS et les CEMEA

L’atelier a commencé par une présentation des deux dispositifs relais, les classes relais et les ateliers relais. La principale différence résidant dans le fait que les classes relais sont intégrées à un établissement et sous la responsabilité d’un enseignant, alors que les ateliers relais se déroulent hors établissement scolaire et sont le plus souvent organisés par des associations complémentaires de l’école.
Ces dispositifs s’adressent principalement à des élèves en cours de décrochage et sont limités dans leur durée.
Dans les deux cas le recrutement des élèves devrait se faire sur la base du volontariat et être accompagné par une équipe comprenant plusieurs intervenants : enseignants, psychologue, CPE, représentants des associations complémentaires de l’école ( ici Ligue de l’enseignement et FRANCA) , intervenants associatifs et personnes originaires de la sphère artistique. ( Plasticiens, musiciens, écrivains…..)
L’ensemble des conditions idéales n’est que rarement réuni, surtout dans le cas des classes relais.
Il semble cependant que les ateliers relais donnent généralement de bons résultats en permettant des pratiques pédagogiques différentes et une ouverture sur l’extérieur de l’école.
Ils visent à une resocialisation, à une restauration de l’image de soi, avec pour objectif final une re-scolarisation. La réussite des projets est le plus souvent liée à un vrai travail d’équipe reposant sur une ambition pédagogique de qualité.

Ces dispositifs peuvent aussi avoir des effets pervers. Il ne faudrait pas qu’ils deviennent des outils de colmatage ( dispensant le système de prendre en compte ces élèves à l’intérieur des classes) et un moyen de sortir du circuit normal les élèves perturbateurs, ni qu’ils se pérennisent en devenant des lieux de « déportation ».

Il faut donc être très vigilant, ces dispositifs sont un apport positif à condition qu’ils aient des moyens et qu’ils respectent scrupuleusement la charte qui a accompagné leur naissance.

Laurent Nembrini (CRAP)


Quelques réactions…

Je tiens très sincèrement à vous remercier pour la qualité de la journée de samedi. Bravo pour cette organisation minutieuse et merci à vous d’avoir permis aux associations du Climope de témoigner qu’il est possible à la fois de résister et de proposer. Dans cette période marquée par les atteintes contre les pédagogues et le « pédagogisme », ça fait du bien.
Jean-François Vincent, président de l’OCCE.

Merci au CRAP-Cahiers Pédagogiques d’avoir organisé parfaitement cette très importante journée en veillant à ce que les mouvements pédagogiques et d’éducation, ceux qui sont surtout dans l’école et ceux qui travaillent en complément de l’école, souvent dans la cité, avec les élus et d’innombrables associations, puissent y participer, ceux du CLIMOPE et au-delà, de même que les forces syndicales, les parents organisés, les politiques engagés sur les questions d’éducation pour identifier et affronter sérieusement les problèmes posés.
Des enseignants étrangers ont compris l’importance de cette journée et ont participé. Le succès de cette journée montre – et il en était besoin – qu’il est nécessaire et possible de travailler en profondeur, sans effets de manche et hors de tout populisme, avec tous les acteurs du système éducatif pour une transformation sérieuse de l’éducation en France.
Poursuivons ensemble notre travail commun, malgré les coups et les déformations médiatiques.
Engageons le plus souvent possible des commissions de travail à plusieurs mouvements ou organisations, – il ne sera pas nécessaire d’y mettre à chaque opération tout le monde puisque la journée de samedi a montré une réelle confiance des organisations diverses entre elles sur la nécessité d’agir pour transformer. Alertons nos réseaux sur ces actions communes et offrons leur la possibilité de s’associer pour des réflexions suivies d’actions concrètes, avec des évaluations sans concession ni illusion.
Merci encore au CRAP-Cahiers Pédagogiques d’avoir supporté toute l’organisation de ce moment d’union tandis que le ministère de l’éducation actuel cherche, sans y parvenir, à diviser, tandis qu’il annonce et met en place des coupes sauvages dans les subventions et les moyens indispensables aux « associations complémentaires ».
Michel Ducom, Secrétaire général du GFEN.

C’était une journée intéressante, remplie de réflexions sur le métier développées par des personnes de toutes origines du corps enseignants : didacticiens, philosophes, professeurs d’histoire, de français, des écoles.
Bref, des personnes venues là pour « changer l’école » à travers des propositions et des résistances. Ce sera peut-être là mon point de critique, je n’ai pas entendu de propositions innovantes pour changer l’école. Je suis désolée mais j’ai beaucoup entendu de plaintes, de désarrois et de discours d’appartenances syndicales ou politiques.. Et donc des résistances !
Par contre, j’ai écouté attentivement des praticiens dire ce qu’ils faisaient concrètement pour « changer », pour améliorer l’école, la rendre vivante et moins ennuyeuse !
J’ai le sentiment qu’il faut être à la marge pour être inventive, mais moi je n’ai pas envie d’être marginale, je souhaite faire partie de la majorité pour sentir que le travail que je fais est bien.
Ma formation m’apprend à réfléchir sur le métier et pour l’instant je veux encore croire que c’est « bon » pour les élèves et l’innovation. Ce que je voudrais, c’est que ma pratique quotidienne soit inventive et réflexive (alors vive les sciences de l’éducation, la psychologie de l’apprentissage et les didactiques!)
Je suis contente de commencer à plonger dans le concret pour mettre en place toutes ces théories que je pensais ringardes, puisque datant des années 1970, voire plus, mais en fait ça va je suis plutôt au goût du jour !
Par contre je terminerai par : l’espoir fait vivre, non ? C’est pour cela que je préfère les propositions, les idées, les interrogations et la réflexion plus que les gémissements et les plaintes.
Cette journée a été très riche pour moi car j’ai rencontré des enseignants qui sont encore heureux de faire ce métier, qui réfléchissent et surtout qui savent rester simples, accueillants, tolérants et humains. C’est peut être pour cette raison que la culture humaniste fait partie du socle commun ? Merci pour cette belle journée !
Katell Frin, PE1 IUFM d’Antony (92).

Je voulais vous remercier tous pour cette initiative. Je voulais le faire de vive voix samedi mais je suis partie un peu vite pour ne pas rater mon train…
Mes impressions sont un peu mitigées. La première table ronde était évidemment très intéressante mais , même si il est toujours enrichissant d’écouter Samuel Johsua ou Philippe Meirieu, j’ai toujours l’impression que ce n’est que du verbe et quand il faut mettre des décisions derrière il n’y a plus grand monde. Tout le monde est d’acord pour dire que la priorité des priorité c’est de s’occuper des 20% en échec scolaire mais il ne faut pas se voiler la face, peu de personnes sont prêtes à s’en occuper; chaque disposition est toujours tout de suite critiquée par les syndicats et les belles phrases n’ont jamais fait avancer le schmilblick !
L’idée de l’atelier qui donne des propositions et qui demande aux participants de les classer était à mon avis très intéressante car elle permettait de faire une proposition « concrète » en un temps assez court. Dans mon atelier nous étions assez d’accord et le débat a été très riche. La deuxième table ronde était justement intéressante car elle parlait du terrain et d’initiatives concrètes. j’ai trouvé les interventions très enrichissantes, elles prouvent que c’est surtout une question de volonté des acteurs et malheureusement c’est ce qui manque le plus. Dans mon lycée j’entends des choses qui me font mal et qui me dégoutent profondément des syndicats car la seule revendication des profs est la conservation des privilège et jamais la réussite des élèves, le mot réussite étant pris au sens large et pas seulement la réussite scolaire qui n’est qu’un aspect et parfois très réducteur.
Voilà quelques impressions,le bilan étant positif rien que parce que ces assises ont eu le mérite d’exister. Y en aura-t-il une publicité dans les instances éducatives ?
Je crois que c’est Samuel Johsua qui a dit qu’il fallait résister au repli de l’école sur elle même; il avait tout à fait raison ; le métier d’enseignant a changé et doit changer car la société a changé; nous ne sommes plus des simples transmetteurs de savoir mais nous devons travailler différemment, par projets, en équipe, dans l’accompagnement des élèves, avec les familles…
Notre métier doit donc être redéfini en fonction de tout cela, et faire plus de présence dans l’établissement ne me parait pas impossible surtout que nous sommes déjà nombreux à le faire.
Merci encore de cette journée de rafraichissement intellectuel et pédagogique.
Dominique Grihon, professeur de lycée à Bordeaux.

« Une question », non des remarques, me sont restées. Alors la voici : pour faire bouger les enseignants il faut de l’énergie puissance incommensurable, il me semble qu’un grand nombre ne bouge pas par peur et s’accroche désespérément à ce qu’ils connaissent. je suis effarée de voir des personnes ayant enseigner depuis 20 ans dans le même poste, parfois le même cours, disant allégrement les réformes passent et trépassent moi je reste et je suis le meilleur!! cela me révolte !! Il faudrait que la formation soit régulière et obligatoire , que cela fasse partie de la carrière, et ne soit pas un choix individualiste , comment faire passer l’idée de la coopération quand beaucoup restent encore dans leur bunker. Quand je parle formation, il s’agit d’une démarche réflexive entre la pratique quotidienne et les recherches en cours, et non pas des cours identiques à ceux que l’on a eu dans la formation initiale et par les mêmes zozos!! et oui je dis zozos, parce que j’ai été très déçue par ces enseignants à la tête gonflée qui ne savent même pas s’appliquer ce qu’ils préconisent aux autres ! Et ne se remettent jamais en cause. Si cette formation vraiment continue s’installait je suis persuadée que le corps enseignant serait plus réactif, il aurait moins l’impression d’être un pion et le dindon d’une sinistre farce. Et puis ceux qui refusent de se « manier le train », qu’ils aillent voir dans les entreprise privées si on accepterait un tel comportement ! Il serait aussi intéressant que dans le « contrat » qui engage l’enseignant avec son employeur cette démarche soit inscrite.
Cette journée m’a revigoré, je me sens moins stupide dans mon coin de campagne. À la prochaine rencontre.
Brigitte Formentel, RASED dans l’Aisne.

Ayant participé pour la première fois à une journée de réflexion du CRAP j’ai particulièrement apprécié la qualité des interventions concernant les analyses qui permettent de mieux cerner les remises en cause de la démocratisation de l’accès aux savoirs, les principes fondamentaux et les enjeux pour élaborer une nouvelle politique éducative mais également pour insuffler de nouvelles pratiques pédagogiques.
Les interventions du matin, complémentaires sans être consensuelles, ont permis d’alimenter les réflexions des ateliers.
Parmi les nombreuses idées abordées, j’en retiens trois :
– les principes fondateurs de la République ont besoin d’être débattus car ils sont remis en cause par les logiques marchandes et individualistes : comment permettre une scolarisation commune afin d’éviter les processus de ségrégation scolaire qui se combinent à la ségrégation sociale urbaine ?
– comment enseigne-t-on? Une tendance libérale insiste sur l’idée de l’individualisation de l’acquisition des connaissances, ce qui nécessite d’échanger entre les enseignants et les familles sur les méthodes pédagogiques articulant la prise en compte de l’hétérogénéité des élèves dans la classe et une pédagogie différenciée avec une démarche collaborative, collective ;
– la mutation institutionnelle du système éducatif liée à la décentralisation et à la déconcentration nécessite d’approfondir les analyses concernant les articulations entre les différentes échelles, du national au local. L’administration a renforcé le pouvoir de l’échelon local – collège, lycée, université – sans créer de coordination entre l’établissement, l’administration, l’inspection, les enseignants, les parents. Cette nouvelle donne nécessite de favoriser des diagnostics co-élaborés entre l’établissement – les chercheurs – l’administration. Les établissements sont par ailleurs dans une autonomie paradoxale, par exemple à l’université, le Ministère oblige chaque établissement à élaborer de façon autonome, sans cadre, ses projets mais ensuite c’est le pouvoir central qui décide par des décisions financières et d’attribution de postes des orientations réelles.
Je tiens également à souligner l’intérêt de rassembler des enseignants des différents segments du système éducatif, de l’universitaire au professeur des écoles, dont les pratiques sont très diverses et qui échangent rarement à partir de réalités scolaires et sociales très différentes mais dont les finalités sont semblables : former des citoyens émancipés capables de comprendre un monde en mouvement et de débattre des enjeux de la cité.
Yves Jean