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De la détermination et des soutiens

Le soutien à la refondation n’est pas absolu, ni pour le CRAP-Cahiers pédagogiques, ni pour le CAPE. La réforme des rythmes demande et demandera encore bien des améliorations. Mais il s’agit pour le CAPE de se situer dans la refondation, en étaient témoins les badges portés par l’assistance : « Refondation pour l’école : on s’engage ».
C’est Jean-Marc Roirant, secrétaire général de la Ligue de l’enseignement, qui ouvre le feu des soutiens, fustigeant les discours de « ceux qui sont revenus de tout sans jamais y être allés » et regrettant le spectacle de « la défense des prés carrés qui immobilisent dans les status quo ». Un statu quo inacceptable étant donnée la situation de l’école. En effet, Nathalie Mons, sociologue, rappelle que l’école ne fonctionne pas mal pour tout le monde et que « si c’était le cas, les classes moyennes et favorisées l’auraient fait changer depuis longtemps. » Mais qu’hélas c’est un système inégalitaire qui donne le plus de moyens aux filières prestigieuses, pour qui le niveau en lecture et écriture est en baisse, avec des populations d’origine étrangère qui restent plus au bord de la route de la réussite scolaire que dans les pays voisins. Jean-Luc Cazaillon, président du CAPE, dépose au ministre les cartes du collectif : pour lui la refondation est en marche, elle peut s’appuyer sur les richesses locales, les partenariats en place et à construire.
Françoise Cartron, rapporteuse au Sénat de la Loi, mais aussi ancienne directrice d’école maternelle, rappelle ce qui a été fait depuis six mois : une partie des 60.000 postes créés, la rescolarisation des 2 et 3 ans, ou le développement du numérique, notamment dans les zones rural. Pour elle, un seul moteur : la foi dans les écoles de France pour lutter contre les fatalismes.
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Le moteur d’Eric Favey, secrétaire adjoint de la Ligue de l’enseignement, c’est de préparer l’avenir et de voir loin, à l’horizon de 2027, lorsque les enfants en maternelle aujourd’hui auront le droit de vote. « Cela revient à dire à tous les enfants : « Bienvenue dans notre monde », même si nous ne savons pas ce que sera ce monde ». Même si, dirait René Char, « Notre héritage n’est précédé d’aucun testament. »
Alors que le thème du salon de l’éducation était l’égalité filles-garçons, Najat Vallaud-Belkacem, ministre des droits des femmes, s’est appuyée sur autre référence littéraire de George Bernard Shaw : « Quand on fait quelque chose, on a contre soi ceux qui voulaient le faire à votre place, ceux qui voulaient faire le contraire et ceux qui voulaient qu’on ne fasse rien du tout. » Une manière donc d’accepter les oppositions sans perdre pour autant sa détermination.
Détermination encore pour George-Pau Langevin, pour qui il est bon de ne pas s’arrêter « aux débats subalternes » et de demeurer en lutte contre les rôles prédestinés.
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C’est Vincent Peillon qui a terminé cet ensemble d’interventions courtes et dynamisantes : il a rappelé que le pays traverse des moments difficiles, et qu’il faut absolument éviter que les fractures ne deviennent de plus en plus importantes et ne portent la tentation au repli sur soi-même et sur ceux comme soi. Chacun doit « être à sa place, à l’école, au village, dans la cité, pour faire vivre la république. La refondation de l’école, c’est la refondation de la république. » La détermination malgré les difficultés et les résistances a encore une fois eu le mot de la fin : « Le rocher, il il faudra le remonter chaque fois au sommet de la montagne. Mais nous savons ce que nous avons à faire. » Et là, après le soutien des maires et devant l’assemblée réunie, on n’avait pas de mal à imaginer Sisyphe heureux. Mais on peut tenter de faire en sorte que, pour une fois, le rocher de Sisyphe ne retombe pas.

Christine Vallin
Rédactrice en chef