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Collège Rabelais à Blois : une structure d’accueil pour élèves en difficulté

Histoire…

La conjonction de cette réflexion avec le désir de certains enseignants fut à l’origine de la mise en place de la classe SAAS. A la suite de l’« auto-école » de Saint-Denis et du « Ricochet » du collège Bégon à Blois, il devenait possible de tenter cette aventure pédagogique. Les réflexions théoriques menées par le Conseil de l’Innovation, la volonté académique d’innover, le souci au sein du collège de travailler avec les familles permirent d’accélérer la mise en place du dispositif.
En 4 ans, sur certains points, des modifications au projet initial ont été apportées. Le processus pédagogique, parlé et suivi par une équipe extérieure – élément essentiel de tout travail de ce type- a entraîné des ajustements. Ces modifications montrent bien combien tout placage non enraciné sur un territoire pédagogique est illusion. Les réalités sont fortes. Le terrain exige une adaptation perpétuelle. Le travail d’une même équipe sur une durée certaine permet les modifications, en écho avec les interrogations de l’établissement. La mémoire parlée du projet est un élément structurant de l’imaginaire de l’action qui se déroule. Il est essentiel d’en tenir compte. La rentrée 2004-2005 a vu l’équipe fondatrice fortement remaniée, ce qui pose la redoutable question de la transmission des héritages pédagogiques !

Le travail dans la classe SAAS
– 2001 : « tout élève doit impérativement suivre les activités de sa classe. Avec des accompagnements individualisés, l’élève doit réaliser hors de la classe, dans la structure du SAAS, ce que ses camarades font en classe. »
– 2004 : « tout élève admis dans la structure SAAS doit impérativement se sentir plongé dans des activités scolaires. Le projet s’articule désormais autour de quelques fondamentaux afin de préparer le retour de l’élève dans sa classe. Pour autant les exercices d’apprentissage des leçons ne sont pas abandonnés mais individualisés et préparatoires au retour de l’élève dans la classe. »

La durée du passage dans le dispositif
– 2001 : « maximum : 2 fois une semaine dans l’année »
– 2004 : « un séjour de 3 semaines. »

Le profil des élèves
– 2001 : il s’agit d’« accueillir dans un espace contenant les élèves qui dérangent le déroulement de la classe par leur comportement relationnel »
– 2004 : il s’agit d’« accueillir les élèves qui ne participent pas au fonctionnement de la classe par leurs difficultés relationnelles ou leur isolement ».

Il apparaît donc aujourd’hui que le SAAS doit travailler dans la durée, avec des élèves en difficultés fortes pour des travaux d’accompagnement et de redynamisation.
Sur la trentaine d’élèves concernés, les élèves de 6ème et de 5ème ont été ceux qui ont pu « repartir » autrement.
La classe SAAS n’est donc pas le lieu d’accueil destiné aux élèves perturbateurs. Elle ne doit pas regrouper ceux qui apparaissent comme les plus « a-scolaires ». Un tel dispositif ne peut qu’enrayer, dans les configurations les plus optimales, des phénomènes de décrochage. Il ne peut porter remède à ceux qui sont fortement enracinés dans l’échec ou submergés par des comportements difficiles à gérer dans l’espace du collège.

Approfondissement de la réflexion

L’accueil
– 2001 : « il se fait en deux temps afin d’ouvrir deux espaces de parole distincts et complémentaires. Tout d’abord, le chef d’établissement, la CPE et le professeur principal annoncent à l’élève qu’il va être affecté à la structure pour faire une pause, marquer un point d’arrêt. Ensuite les membres de la structure lui expliquent l’objectif du dispositif, le rôle de chacun et les modalités pratiques. »
– 2004 : « l’accueil se fait après une rencontre avec le chef d’établissement. L’élève est ensuite intégré directement dans la structure, dont l’intervenante lui explique le fonctionnement.
La question du passage entre la classe et la structure SAAS demeure : quel rituel d’entrée ? de sortie ?. A suivre… poursuivre.

Le suivi
– 2001 : « l’élève évalue son passage dans la structure au cours d’un entretien avec l’intervenante. Un des enseignants présente la suite : dans la semaine du retour dans la classe a lieu un échange entre le professeur principal, un enseignant du SAAS, l’intervenante et l’élève. D’autres contacts peuvent se faire à la demande de l’élève ou de l’équipe enseignante. »
– 2004 : « l’intervenante rédige un bilan qui sera remis au professeur principal. Un professeur SAAS prendra en charge l’élève et conviendra d’un rendez-vous hebdomadaire au cours duquel seront analysés et confrontés la synthèse de l’entrée, le bilan de sortie et la réintégration dans la classe.
Aujourd’hui seul le bilan est diffusé. Le suivi régulier (tutorat) n’a pas pu durer. Les contraintes et les pesanteurs ont eu raison de l’énergie…

La liaison avec la classe
En 2004 la fiche d’entrée et de sortie- document en annexe- est le seul élément structurant qui existe. Toutes les possibilités, rencontres, réunions, conversations, ont échoué. Les professeurs principaux jouent leur rôle d’interface, mais quelques semaines après le passage d’un élève dans le dispositif, la « trace » du SAAS apparaît peu…

Des impossibles… à poursuivre

Deux éléments importants – présents dans les textes – sont encore à étudier et à mettre en place. Si nous sommes persuadés du bien fondé de ces deux points, il demeure que nous n’avons pas pu avancer comme nous le souhaitions.

L’évaluation, véritable serpent de mer
De nombreuses discussions ont lieu sur les entrants, les sortants, les acquis, les effets… A ce jour aucune avancée significative ne peut être relevée.

Le rendez-vous manqué avec le quartier
– En 2001 nous écrivions : « pour « contenir » l’élève il s’agit de mener un travail éducatif avec son milieu de vie : famille, animateurs, éducateurs sportifs, intervenants de quartier, structures fréquentées… la rencontre avec cette « constellation relationnelle » permettra la mise en place d’un maillage fort, seule solution pouvant conduire à un comportement scolaire satisfaisant. Il s’agit d’essayer de mettre en question les 3 univers cloisonnés de l’élève : collège, quartier, famille. Loin d’être inquisitorial, ce regard se veut simple passerelle entre les 3 « mondes » de l’élève. Cette nouvelle façon de considérer l’élève peut le valoriser puisqu’il est nécessaire de mettre en avant ce qu’il est capable de réussir en cernant ses points forts. Pour la réussite de cette dimension la mise en place de micro-projets sera essentielle »
– 2004 : seule la rencontre avec les parents est entrée dans la réalité du projet.
Dans ce quartier de la ZUP de Blois, cette piste devra être reprise. Sous quelles formes ? L’avenir le dira. Mais l’urgence demeure, elle !

Les pratiques dans la classe SAAS

Les matières abordées pendant la classe SAAS sont le Français, les Mathématiques, l’Anglais et l’Histoire-Géographie.
À celles-ci s’ajoutent pour chaque élève d’autres matières en fonction de leurs besoins ou de leurs envies. Le contenu est imposé par la classe d’origine et sa progression propre.
Ensuite ce sont les besoins de l’élève qui vont déterminer les démarches.
Des consignes sont données en SAAS par les professeurs qui assurent des passages et qui dégagent des axes de travail Il y a aussi une nécessaire interaction entre ces professeurs et l’intervenante : il s’agit de savoir ce qu’il est possible d’attendre d’un élève. Il y a donc mise en place d’un lien pédagogique sommaire mais ténu entre cette intervenante et les programmes officiels, qu’elle n’a pas le temps d’analyser.

Pour cet enseignement général on ne cherche pas à rattraper le retard ou à prendre de l’avance, mais à redonner des bases, des méthodes de travail, des règles d’apprentissage.
Un travail d’organisation est aussi mis en place à partir d’un mini-diagnostic de l’élève et de ses habitudes scolaires. Quatre points sont apparus pour tous les élèves passés dans la structure.
Comment apprendre une leçon ?
Pour ces élèves la classe SAAS est l’occasion de rencontrer, enfin, une personne adulte qui va décortiquer les mécanismes de l’apprentissage et de la mémorisation en lien avec ce qui se passe dans la classe SAAS. La méthodologie est intégrée aux processus de travail effectif. La pédagogie mise en place met en question, de fait, la séparation entre la « méthodologie » et les « cours ».
Comment mémoriser les connaissances ?
Pour des raisons de temps l’apprentissage des leçons ne se fait pas en classe, où on se contente bien souvent des contrôles de connaissances standardisées et normalisées parce qu’elles sont plus vite corrigées, mais surtout parce qu’elles ne nécessitent aucune explication supplémentaire et personnalisée.
Comment utiliser les manuels ?
Le regard sur l’élève en SAAS est permanent Les mauvaises habitudes, les
négligences, les oublis de matériels sont repérés à chaque fois, alors que dans la
classe de 24, le professeur n’a pas toujours le temps de s’y consacrer.

Dans la classe SAAS nous avons l’impression de nous consacrer aux démarches plutôt qu’aux contenus, en associant beaucoup plus l’élève au travail. Sommes- nous ici dans une forme nouvelle de préceptorat ? La question mérite d’être posée. Avec des élèves en difficultés avons-nous retrouvé le chemin des « enfants-rois »…au sens littéral du terme ? Si oui… quel paradoxe dans notre ZP blésoise !

Deux autres activités sont aussi proposées :
– la recherche documentaire au CDI.
L’élève choisit le sujet de recherche et doit préparer un exposé oral à partir de cette recherche. Il doit aussi prendre la parole devant les autres, apprendre à s’exprimer correctement et de manière claire.
– La rédaction d’impressions personnelles. L’élève doit écrire ses émotions, ses sentiments ou une histoire se rapportant à une expérience personnelle. L’expression écrite doit être correcte (orthographe, syntaxe).
Il doit ensuite mettre en forme son travail avec un traitement de texte et l’imprimer.

Un autre climat
En classe SAAS on tient compte des acquis et des savoirs des élèves. Il faut leur permettre de reprendre confiance, en leur montrant qu’ils sont capables de réussir.
Les élèves travaillent à leur rythme, dans un climat de calme. L’autonomie, la motivation, la responsabilisation des élèves sont des données fondamentales. Il n’y a pas de contrôles, pas de notation.
On a du temps : on ne se trouve plus lié à des activités réglées à 55 minutes : on est plus proche du climat de certains CM2.
On n’a plus à suivre le rythme d’un groupe, les interactions entre élèves ne sont pas soumises à la pression du groupe.
On tient compte des acquis de l’élève et de ses progrès en temps réel pour moduler la progression de l’activité.
L’adaptabilité de la structure à l’élève fait qu’on prend de la distance par rapport à la nécessité de « faire le programme » dans le groupe classe.
C’est à la fois une rupture par rapport à la condition d’élève dans sa classe de niveau : nécessaire pour retrouver des bonnes conditions de travail, et un danger parce qu’elle l’isole de sa classe momentanément. La façon dont il sera « revu » à son retour est essentielle pour la suite. Le professeur principal a un rôle à jouer pour cette « reconnaissance ».

Des pratiques différentes

Le tableau
Le tableau devient un outil pédagogique privilégié : il permet la valorisation des élèves qui présentent leurs travaux à leurs camarades. Corrections d’exercices, résultats de recherches sont ainsi inscrits par les élèves eux-mêmes, ce que ces élèves n’osent faire en classe entière, du fait de leur situation d’échec. La prise en compte du travail de l’élève par ce biais… attitude pédagogique meilleure qu’un corrigé global au tableau, destiné à tous et qui ne motive personne sauf celui ou celle qui présente avec fierté « sa » bonne réponse devant un public souvent peu disposé à lui en être reconnaissant. Ce modèle est pourtant réclamé dans les classes par plusieurs élèves qui ne se rassurent que par l’existence de cette image parfaite de l’exécution réussie, pourtant très éloignée des images de réussite que se fait l’élève en difficulté.
Dans la classe traditionnelle on se réfugie dans le « copiage » forcené, avec l’avidité d’avoir tout écrit même si ensuite on ne regarde plus ce qu’on a consigné !!!
En SAAS le corrigé au tableau peut se faire avec la collaboration de tous, car ils ne sont que 4 et les critiques peuvent être formulées au milieu des »pairs » sans moqueries.

Le travail en binôme
Il est intéressant de permettre à ces élèves isolés par leur sentiment d’échec de confronter leurs idées, de se critiquer et d’accepter la critique du partenaire, d’expliquer des raisonnements ou d’aider le camarade. Ce n’est pas par l’adulte que se fait la transmission mais par un pair, sensiblement du même âge, ce qui renvoie au second plan l’autorité et le savoir de l’adulte.
C’est une classe à 4, mais c’est tout de même une classe où tous les niveaux peuvent se confondre. Il y a donc mise en commun de l’hétérogénéité On a réussi à faire de la conjugaison ou de la grammaire avec tous ces élèves ensemble Ce que certains découvraient, les autres révisaient et se sentaient sans doute valorisés d’avoir plus de connaissances.
Dans une telle configuration le piège est que l’élève ne prend pas toujours conscience de ses difficultés parce qu’il est soutenu presque aussitôt.
Il faut donc aussi travailler l’autonomie.
Les initiatives de l’élève sont accueillies avec bienveillance : un des élèves a décidé de refaire son cahier de maths qui était mal tenu, il a réussi à entraîner un autre élève à le faire aussi.

Liaison avec les familles

Pour mener à bien ce chantier complexe, le travail au sein du dispositif SAAS s’est fait de la manière suivante :
– Un premier entretien avec l’élève dès son entrée dans le dispositif.
– Un entretien avec la famille.
– Un deuxième entretien avec l’élève au début de la deuxième semaine.
– Un dernier entretien avec tout le groupe vers la fin de la dernière semaine.

Le premier entretien, de 30 à 40 minutes, commence par une phase d’écoute, l’élève s’exprime, parle de ce qui ne va pas et explique sa situation de décrochage.
Suite à cette première phase, commence une série de questions pour mieux connaître la situation de l’élève.
Le but est de déceler chez l’élève les raisons de sa démotivation et de son décrochage scolaires.

Ces questions concernent différents domaines : l’organisation de l’élève pendant la journée au collège, l’exploitation des heures d’études, l’utilisation du CDI, la relation avec les élèves de la classe et du collège, le comportement envers les professeurs et les autres adultes du collège, l’oubli du matériel scolaire, l’utilisation du carnet de liaison, les résultats obtenus, le ou les projet(s) de l’élève.

Ce premier entretien doit permettre de déceler chez l’élève les failles dans son organisation mais aussi l’origine de son décrochage. Par la suite une aide est apportée à l’élève dans différents domaines : méthodes d’apprentissages et de travail personnel, autonomie, concentration et attention en classe, comportement -s’il y a problème, gestion du temps libre dans l’emploi du temps.

Une deuxième série de questions, concernant la gestion du temps hors collège est nécessaire.
Il ne s’agit pas de faire une enquête, mais à travers un échange avec l’élève, il faut savoir, quel temps il consacre au travail scolaire. Comment s’organise t-il dans ses révisions ? Quelles méthodes d’apprentissages et de mémorisation utilise t-il ? Est-il aidé dans son travail personnel à la maison ?
Sont abordées aussi des questions tournant autour de la vie familiale : les repas, le coucher, le temps consacré à la télévision et à la lecture, ainsi que les relations de la famille avec le collège et l’image de l’école dans la famille.
Comme nous ne sommes ni dans un entretien informel ni dans une quelconque exploration psychologisante la rencontre se fait toujours autour des mêmes questions – balises : temps de travail à la maison, aide apportée par des membres de la famille, temps consacré à la télévision, communication entre le jeune et sa famille : carnet de liaison, résultats, discussion sur le collège…

Suite à ce premier entretien avec l’élève, il faut faire une analyse assez fine de la situation pour pouvoir l’aider à se motiver ou se re-motiver.
C’est pendant le deuxième entretien avec l’élève, que des propositions lui seront faites dans le but de corriger ce qui ne va pas.

Le deuxième entretien

Il vient après l’analyse de la situation. Des conseils et des consignes sont donnés à l’élève pour l’aider à mieux s’organiser, à gérer son temps dans le collège et hors du collège, à parler du collège et de ses résultats à sa famille, à parler de ses projets, et surtout à reprendre confiance en soi.
Méthodes d’apprentissages, de mémorisation, de préparation des affaires pour le lendemain, d’oubli de matériels, attitudes de respect… sont discutés avec l’élève.

Le troisième entretien

Ce dernier se fait sous forme d’une rencontre avec tout le groupe. Après un bilan du passage dans le SAAS, la grande partie de cette séquence est consacrée à une discussion concernant le retour dans la classe. Application des conseils et consignes donnés, efforts à fournir, attitude face au travail, comportement vis-à-vis des camarades et des professeurs… sont autant de pistes explorées avec soin.
Cette rencontre doit permettre à l’élève de réintégrer sa classe, avec courage, motivation et plus de volonté. Telle est au moins l’intention explicite !

Rencontre avec la famille

Elle se fait au moins une fois pendant le séjour, de préférence la première semaine, après le premier entretien avec l’élève. Elle se fait à travers un échange concernant la scolarité de l’enfant. Les points abordés sont en général : le comportement de l’enfant à la maison face au travail : le contrôle du carnet de liaison (notes, informations, rendez-vous…) ; le travail à la maison, à quel moment ? la durée, la concentration, la régularité… Le contrôle des absences, des retards : les échanges et discussions autour du collège avec l’enfant ; la valorisation de son travail ; les relations de la famille avec le collège (sollicitation de l’équipe pédagogique et notamment le Professeur principal, rencontres avec différents membres de l’équipe éducative…) ; l’implication de l’enfant dans des activités extra-scolaires (sport, musique…)

Cette rencontre avec la famille doit permettre de la rapprocher le plus possible du collège, de répondre aux sollicitations et aux différents courriers de l’équipe éducative.
Elle doit aussi impliquer plus sérieusement et avec intérêt la famille dans la scolarité de l’enfant.
Elle doit également pouvoir instaurer une communication entre l’enfant et les autres membres de sa famille, dans le but de l’encourager, le soutenir, l’aider dans ses démarches en s’intéressant à ses projets…

Les enseignements que nous avons tirés du SAAS

La classe SAAS et le collège
Après 3 années de fonctionnement nous avons pu vérifier expérimentalement ce qui a été probablement vécu ailleurs dans d’autres établissements dans d’autres micro-dispositifs…

  1. Un travail collectif entre les membres de l’équipe d’animation.
    La préoccupation quotidienne dans les 1001 aspects du travail pédagogique crée comme une toile de contacts, qui permettent des relations de travail agréables et des échanges sur la pédagogie et ses enjeux. Sans tabou ni persécution.
  2. Dans un établissement ordinaire il existe plusieurs sphères… qui, très souvent ne se rencontrent pas. Ici tout est différent : lors des réunions bilans les échanges sont fructueux entre les membres du SAAS et ceux qui suivent les élèves difficiles : administration, CPE, AS… cette juxtaposition de regards permet peut-être une meilleure prise en charge des élèves.
  3. Entre les animateurs du SAAS et les élèves des relations de confiance se sont souvent créées. Lors du retour dans les classes il y a comme une expérience spécifique partagée. Lors de moments « complexes » ce passé peut éviter des dérapages dans le présent. Les sourires dans les couloirs changent après le quotidien. Ces transferts peuvent bien entendu jouer dans d’autres registres !
  4. De la « parole circulante »
    Le passage dans l’espace du SAAS se fait dans un bain de parole. Tout est parlé, discuté, contesté. Les écarts de langage sont rares, les malentendus, invivables sur 3 semaines (!) sont forcément levés. Tous les acteurs, adultes et élèves, expriment leurs demandes et leurs refus. De l’exercice complexe à la discussion des textes libres, les « mots pour le dire » rythment la journée. Cette plongée permet l’expression variée de la souffrance scolaire.
  5. Un cadre calme
    Dans un collège où les situations paisibles sont assez rares, la classe SAAS devient oasis. Certaines heures de travail dans le silence dénotent… les élèves et les adultes sont parfois surpris eux-mêmes d’une telle atmosphère. Renversements de situations, esquisses de passerelles pour des moments d’apprentissage.
  6. Des apprentissages individualisés
    Les acteurs sont assis côte à côte, les travaux scolaires sont décentrés. La recherche, la réalisation, la correction se font dans un rapport propice aux travaux individuels ou en petits groupes. Une façon de travailler qui permet le dialogue pédagogique.

Ces 6 paramètres sont des éléments forts… bien souvent loin des relations ordinaires dans un collège ordinaire.
Réflexion banale et pourtant porteuse de bonds qualitatifs possibles !

À propos d’évaluation

– La tenue d’un cahier de bord a été mise en place. Il permet à chacun de savoir, s’il le souhaite, ce que l’élève a fait en SAAS.
– Le retour. 3 semaines passent vite mais si c’est peu pour récupérer des acquis, c’est déjà beaucoup pour rester séparé de la classe et de ses habitudes
Certains élèves de l’an dernier y seraient, malgré tout, bien retourné L’image de la SAAS n’est donc pas négative
– L’élève de SAAS n’est pas mis à l’écart, il sait qu’il y aura passage de professeurs pour lui, que le travail de la classe lui sera transmis par ses professeurs qu’une réunion bilan sera mise en place par l’administration, que la préparation a été effectuée et que la famille y est associée
Tout cela doit lui montrer à quel point il devient le centre d’intérêt d’un petit groupe.
Généralement, les élèves quittent la SAAS avec un bon souvenir et sont plus ouverts avec ceux qui se sont occupés de lui.

Le départ du SASS sera déstabilisant, il faudra faire durer le profit, par le biais de rencontres programmées d’accompagnement de l’élève, de fréquences variables selon les cas ; mais aussi par les liens qui peuvent s’établir avec l’équipe des professeurs de la classe et ceux qui suivent la SAAS et les encouragements qui seront prodigués à l’élève.
La présence des élèves de la classe autour de lui est perturbante, c’est souvent la cause du fait qu’il est perturbateur à son tour.
Ses acquis devraient l’aider à se valoriser autrement ; à condition d’être reconnu ; faute de quoi, après une période de grâce d’environ 3 semaines (le temps d’une session SAAS !!!) il redevient comme il était. Avec un en plus de quatre lettres : S, A, A, S.
Solidariser l’équipe de SAAS avec les professeurs de la classe semble être un facteur déterminant ; encore faut-il que l’équipe de classe soit solidaire elle même ce qui n’est pas simple : Quand la classe est difficile chacun gère à sa façon et suivant sa discipline. Comment mener une action concertée ? Vaste question qui nous dépasse. C’est pourquoi la SAAS centre plus sur l’élève que sur la relation entre cet élève et la classe.
En somme les élèves du SAAS, dans l’exercice de leur fonction d’élève nous interrogent, nous, les enseignants… parce que leur proximité nous renvoie à nos histoires scolaires, à nos façons de faire, à nos habitudes, à nos défenses. Ils sont, de ce fait, les révélateurs des enjeux scolaires d’aujourd’hui.

L’équipe du SAAS, Collège Rabelais Blois.


Pour joindre l’équipe, demander des documents de travail qui ne peuvent pas être reproduits ici : elu.martin@wanadoo.fr