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Banlieues : les défis d’un collège citoyen

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Lorsqu’on pose la question du transfert des connaissances dans le domaine éducatif – comment expliquer notamment que les thèses et les rapports de recherche soient peu lus par les enseignants dits de terrain – on conclut en général que les écrits de type universitaires sont désincarnés, ce qui explique leur faible pouvoir attractif. Les marques d’énonciation sont absentes : le « nous » d’extériorité se substitue au « je ». Les données relatives au contexte de la recherche (dans quelles circonstances l’idée est-elle venue au chercheur de travailler sur le domaine qu’il a choisi, comment sa problématique s’ancre-t-elle dans sa propre histoire) sont fréquemment absentes ou reléguées à un détour de l’introduction. Les conditions du recueil de données sont rejetées en annexe. Les difficultés vécues par le chercheur, les arcanes de sa démarche, les chausse-trappes dans lesquelles il est tombé, sont rarement présentes, tant le souci de décontextualisation l’emporte.

Faisons l’hypothèse parce qu’il est l’antidote de la description précédente, que les enseignants de collège auront grand plaisir à découvrir l’ouvrage de Jacques Pain, Marie-Pierre Grandin-Degois et Claude Le Goff.

Il y est question d’un collège dans une banlieue des Yvelines qui, il n’y a guère plus de dix ans figurait au « hit-parade » des établissements sensibles. Il y est question d’un chef d’établissement, d’une équipe d’enseignants, qui jour après jour en firent un établissement « ordinaire » au bout de quelques années. Il y est question d’un triptyque autour duquel se mobilisa l’équipe pédagogique : lutter contre la violence, différencier la pédagogie dans l’esprit de la pédagogie institutionnelle, se donner le défi de la citoyenneté. Mais plus encore, il est fait état de tout cela à travers des témoignages, des études de cas, la charte du collège, les contrats passés avec les élèves, des impressions d’ensemble, des poèmes d’enseignants, les récits d’un journal de bord, la présentation du contexte dans lequel l’établissement est implanté, et quelques moments de théorisation complètement immergés dans l’ensemble.

Un moment de vie dans un collège non ordinaire mais qui le devint, ordinaire, par le désir d’enseignants ordinaires, d’une principale de collège ordinaire, accompagnés dans leur itinéraire par un universitaire ordinaire.

Ordinaire : conforme à l’usage, normal, attendu, banal.

Un enseignant ordinaire : un enseignant conforme dans ses engagements, dans son positionnement vis-à-vis de la chose éducative, dans ses pratiques, aux manières de penser et d’agir de tous ses pairs.

Une principale de collège ordinaire : une femme dont la manière de diriger est somme toute banale, en tous points semblable au » modes d’action de ses collègues.

Un universitaire en sciences de l’éducation ordinaire : un homme ou une femme au comportement analogue dans ses relations et dans son activité avec le terrain, à celui de ses confrères.

Ordinaire. De ordini : qui vise le bon arrangement des choses.

Michel Develay


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