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B2i … vous avez dit C2i « maison » ?

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Le discours de rentrée du chef d’établissement nous apprend une « nouveauté » de plus : l’instauration du B2i[[Brevet informatique et internet (cf. BOEN n°29 du 20/07/06).]] -lycée et notamment, le rôle d’évaluation assigné aux enseignants quelle que soit leur discipline au sein du Lycée Professionnel. « Ah, une fantaisie technocratique de plus…on en a connu bien d’autres ! »… C’est probablement ce que nous avons pu ressentir. Puis, très vite des questions ont fusé : qui fait quoi ? Comment ? Quel est le temps alloué ? Dans quel cadre ? Quel créneau ? Etc…
Si cette injonction officielle semble en accord avec la mise en place récente du C2i[[Certificat informatique et internet (cf. BOEN n°33 du 14/09/06).]] « enseignant » -niveau 2 à l’IUFM, il reste que, les enseignants de notre LP ne sont pas passés par ce cursus. De plus, agir dans l’immédiat suppose que tous les enseignants soient capables (et se sentent opérationnels pour cela) d’évaluer leurs élèves, à leurs demandes, sur les différents points du B2i.
Le directeur des études a inscrit ce point supplémentaire pour l’examiner dans le cadre de la commission TICE de l’établissement. En effet, depuis quelques années, engagée dans une démarche qualité d’une part, et de participation des personnels (enseignants et non enseignants) à la vie de l’établissement d’autre part, toute l’année est rythmée par les travaux de différentes commissions : commission « formation des délégués élèves », commission « la vie ..si tu l’aimes », commission « animation », etc.. La feuille de route de la commission TICE comprenait des pistes de réflexion : rédaction de la charte Internet, développement de l’usage de logiciels libres dans l’établissement, mise en place d’une « veille technologique » ; elle s’est vue complétée par la mise en place du C2i niveau 2. De là, nous avons lors de la première réunion de la commission (6 enseignants de matières différentes) début octobre, pris connaissance des référentiels B2i-collège et lycée et comparativement, du référentiel C2i-enseignant niveau2. Il a été décidé de produire un questionnaire à l’ensemble du personnel. Son objectif était de faire l’état des lieux des connaissances en informatique, de l’utilisation d’Internet, et des besoins en formation. Cela devait permettre d’organiser si nécessaire, des formations en interne (entre collègues) ou des interventions extérieures sur des points précis et clairement identifiés. Cette information communiquée lors de l’assemblée générale du LP qui s’est tenue une semaine après cette commission, précisait aux enseignants que ces questionnaires devaient être remplis avant la fin de la semaine suivante. Il a été intéressant de constater les jours suivant la communication des questionnaires quelques agacements de collègues ou peut-être encore, un sentiment d’intrusion dans leurs fonctionnement ou pratiques professionnelles, etc.. Le retour des questionnaires n’a pas été triste : certaines questions étaient probablement mal comprises ou confuses. Nous avons pu lire aussi quelques réponses volontairement fantaisistes de collègues. Ainsi, par exemple, à la question « Connais-tu les lois concernant la protection des libertés individuelles et publiques, la sécurité des personnes, la protection des mineurs, la confidentialité des données, la propriété intellectuelle et le droit à l’image ? », on a pu lire des réponses du type « Je ne suis pas juriste ». Ou encore à la question « Utilises-tu l’outil informatique dans les PPCP ? Si oui, comment ? » On a pu lire en réponse « Oui, l’ordinateur. Je tape avec mes quatre doigts ». Cela a été l’occasion de comprendre que l’outil informatique, son utilisation et sa proximité ne sont pas vécus de la même manière dans les différents secteurs d’enseignement du LP. Des mécontentements ont pu être exprimés par les collègues dans leurs réponses sur des soucis de maintenance ou de configurations différentes des postes suivant les secteurs de l’établissement, etc.

Quand la participation constructive fait avancer

La journée pédagogique qui se tenait quelques jours après, comportait 5 ateliers de travail interdisciplinaire : -Formation des élèves aux outils de communication (B2i lycée) -Education à l’environnement pour un développement durable -Education à la prévention, à la santé et à la responsabilité -Education au développement et à la solidarité internationale -Démarche qualité : Lycée des métiers. La douzaine d’enseignants qui participent à l’atelier concernant le B2i ont fait le point sur les retours des questionnaires et confronté leurs points de vue. Puis ils se sont scindés en 2 groupes. L’objectif du travail interdisciplinaire était de décortiquer le référentiel C2i- enseignant niveau 2 et de le transcrire en questions ou items simples, compréhensibles, adaptées aux réalités de notre LP. Les documents officiels ne sont en effet pas toujours clairs, compréhensibles et facilement exploitables. Un groupe se chargeait des « compétences générales liées à l’exercice du métier » et l’autre, des « compétences nécessaires à l’intégration des TICE dans sa pratique » (2è partie du référentiel C2i). Un questionnaire simplifié, compréhensible par tous et adapté à notre environnement de travail, a été établi. C’est ce travail qui permettra par la suite, à la commission TICE, de proposer à l’ensemble des enseignants, un livret d’autoévaluation C2i-enseignant niveau 2. Ceci a permis à chacun d’entre nous de s’auto évaluer et de préciser ses besoins sur le coupon complémentaire prévu à cet effet.

Quand l’inter-formation se met en place

Du retour de ces enquêtes début mars 07, la commission TICE a pu dégager les besoins exprimés majoritairement en formation. D’où les formations prioritairement mises en place : 1) la création de tableaux et insertions d’images dans un texte, 2) la création de modèles de documents sous word 2000, 3) l’utilisation de la vidéo lors des séquences pédagogiques. Ces formations en interne sont assurées gratuitement par des collègues de la commission TICE.
Par ailleurs, avec ce travail de simplification, nous constatons les uns et les autres que finalement, de par notre pratique professionnelle ou extra-professionnelle, nous sommes capables d’évaluer nos élèves sur l’essentiel des compétences du B2i-lycée. Ceci est confirmé par le nombre de besoins de formation exprimés soit 20% des enseignants après auto-évaluation du C2i-enseignant niveau2.
Des pistes plus particulières de travail sont prévues : un échange d’expériences avec le lycée général et technologique voisin, l’intervention d’une personne-ressource extérieure sur les questions juridiques et de droit à l’image.
Le travail de communication, tout au long de ces différents moments interdisciplinaires, aura permis de démystifier la question du B2i- lycée et son évaluation, et plus précisément celle de nos propres compétences à évaluer ici nos élèves. Un travail d’élaboration de la feuille de positionnement (élève) B2i est en cours. Celui-ci s’inspire notamment de la feuille de position accessible sur les sites d’éduscol et d’educnet. Il s’agit pour nous de l’adapter à notre environnement du LP.

Des questions en suspens…

Si ce travail de prise en charge de cette nouvelle donne par les enseignants est en cours, de nombreuses questions restent néanmoins posées. Comment organiser le temps d’évaluation du B2i au LP, celle-ci pouvant avoir lieu (théoriquement) indifféremment de la discipline ? Ne faudrait-il pas en début d’année, répartir des rôles d’enseignants « évaluateurs B2i » entre certains collègues pour les classes concernées ? Cela permettrait peut-être aux collègues concernés de se répartir judicieusement le « temps pour évaluer le B2i » sur plusieurs matières ; et une meilleure visibilité pour les élèves : qui fait quoi ? Cela ne faciliterait-il pas l’harmonisation (la concertation au minimum) du niveau d’exigence des compétences à évaluer chez les élèves d’un niveau scolaire donné ? Comment faire pour que cette évaluation ait réellement du sens et soit en accord avec l’évolution des pratiques sociales ? Une évaluation globale des dispositifs du B2i ne serait-elle pas nécessaire après quelques années de pratique ? Voilà quelques-unes des questions que je me pose sachant qu’à priori, aucun temps supplémentaire n’est alloué pour le B2i-lycée (et plus particulièrement son évaluation).

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Figure 1: extrait du livret interne d’autoévaluation C2i proposé aux collègues

Pour faire le point sur cette démarche

Au total, une « démystification interne » sur notre capacité globale à évaluer le B2i des élèves a pu s’opérer. Mais il convient de se souvenir que le suivi effectif, la mise en œuvre de l’évaluation B2i (ses conditions ?) est une autre affaire. Affaire à suivre !

Edouard Elegbé, PLP Maths et Sciences physiques
49600 Beaupréau
edouel@orange.fr