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Au risque de la pédagogie différenciée

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Dès l’introduction Jean-Michel Zakhartchouk nous avertit : « Tout n’a-t-il pas été dit de cette notion qui semble prêter à toutes les critiques en même temps qu’elle peut échapper à toutes, grâce à son ambivalence et le flou qui souvent l’entoure ? »

Aussi son mérite est-il grand de nous proposer une étude fournie, on peut même dire accomplie. Une étude attentive aux fondements, aux résistances et aux formes que peut prendre cette idée très ancienne mais toujours aussi neuve dans une école revêche, voire hostile à faire de la prise en compte des différences, le socle d’une pédagogie.

Jean-Michel Zakhartchouk a construit son ouvrage en trois parties.

Dans une première partie, il fonde la notion de pédagogie différenciée. Il revient aux sources, du côté de l’éducation nouvelle, des expérimentations des années soixante-dix autour de Louis Legrand (déjà trente ans), de la pédagogie de maîtrise et de l’analyse par objectifs, de la psychologie différentielle. Il montre les liens entre la pédagogie différenciée et les études sociologiques attentives au rapport au savoir et à la culture, et aux valeurs. Il conclut en revenant sur les enjeux politiques et éthiques d’une telle pédagogie qui est loin d’engendrer un mouvement des enseignants en sa faveur (cf. la consultation Dubet et les discussions syndicales actuelles à propos du collège unique). La synthèse de cette première partie rappelle les mille formes de la différenciation à travers la question : différencier pour gérer quelle hétérogénéité ?

Dans une deuxième partie, Jean-Michel Zakhartchouk soumet à la question la pédagogie différenciée en s’appuyant sur les interpellations les plus fréquentes en situation de formation : énergie excessive, moyens importants, incompatibles avec les programmes, culte des différences, idéologie individualiste, l’enfant-roi, savoirs au rabais, entreprise totalitaire. La capacité de l’auteur à affronter ces apostrophes est tout à son honneur qui le conduit à n’éluder aucune des critiques habituelles au changement fréquemment vécu comme incompatible avec le fonctionnement de l’école ou trop en rupture avec les pratiques ordinaires.

La troisième partie, en continuité avec la deuxième se centre sur les obstacles à la diffusion. Jean-Michel Zakhartchouk en radicalise trois principaux. Le poids du bon sens confine à des paradoxes qui mettent en tension liberté et rigueur, ouverture aux autres et fermeture sur ses particularités, programmation et souplesse. Les pesanteurs administratives en matière de gestion du temps et de l’espace ne peuvent être passées sous silence, qui ne facilitent pas toujours la tâche des enseignants.

La formation initiale et continue dans le domaine de la pédagogie différenciée est encore peu développée et elle devrait conduire à davantage de recherche.

Au terme de ces trois parties, selon le projet de cette collection, des commentaires et des questions de praticiens sont posées à Jean-Michel Zakhartchouk qui y répond avec autant de précision, de rigueur et d’intégrité que précédemment.

Michel Develay


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