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Aide personnalisée ou pédagogie ?

À l’école publique de Prinquiau, l’équipe éducative a décidé de répartir les 108 heures libérées par la réduction de la scolarité obligatoire de la façon suivante :
– 60 heures sont consacrées à des travaux de groupes restreints qui se tiennent le mercredi matin. Il faut inclure dans ce temps le travail qui permet à l’équipe d’identifier les élèves en difficulté et de prévoir les modalités de l’aide personnalisée.
– 24 heures sont consacrées, d’une part à des travaux en équipes pédagogiques au sein des conseils des maîtres et des conseils des maîtres de cycle, d’autre part aux relations avec les parents et, enfin, à l’élaboration et au suivi des projets personnalisés de scolarisation (PPS) des élèves handicapés.
– 18 heures sont consacrées aux animations pédagogiques.
– 6 heures sont réservées aux conseils d’école obligatoires.
Par ailleurs, la bibliothèque de l’école, gérée par une association, est ouverte un samedi chaque mois. Sur ce temps du samedi, se tiendront en outre une bourse aux plantes en avril et un accueil des petits en juin.

L’équipe s’est efforcée d’organiser l’année scolaire en prenant en compte la vie associative et pédagogique qui s’est créée autour de la bibliothèque ainsi que les activités d’éducation populaire échelonnées tout au long de l’année (éveil musical, yoga, peinture…). Elle a, par ailleurs, tenu à garder la possibilité de rencontrer les parents le samedi et de permettre à ces derniers de mener ensemble des projets communs.
En programmant des mercredis matins qui intègrent les contingences locales et institutionnelles (conférences pédagogiques, activités sportives et culturelles) l’équipe se dirige alors vers une semaine de vingt-six heures pour tous, tout en tenant compte du rythme des élèves.

Une réflexion collective

Dans cette école en pleine croissance, l’augmentation des effectifs et d’autres évolutions entraînent leur cortège de dérapages comportementaux et de fatigues qui s’ajoutent aux difficultés sociales.
Pour garder l’esprit collaboratif de notre école, nous avons choisi d’étaler l’emploi du temps sur cinq jours en organisant l’aide autour de projets collectifs qui, le mercredi matin et certains samedis, privilégient l’échange.
Nous voulons ainsi éviter que les élèves « en difficulté » soient stigmatisés puisque, dans les moments dédiés à l’aide, tous sont concernés à des titres divers par des apprentissages. Cette façon de procéder permet surtout à l’équipe éducative de l’école de réfléchir collectivement sur les problèmes que les élèves rencontrent et sur les réponses qu’elle est en mesure de leur fournir.
Un enfant qui ne comprend pas n’est pas, en effet, nécessairement un enfant qui manque de « capacités ». C’est un enfant qui, à un moment de son développement, et pour de multiples raisons, ne parvient pas à mobiliser son attention ou est envahi par une préoccupation qui absorbe son énergie. C’est un enfant qui, doutant de lui-même dans un domaine particulier, va se bloquer devant l’erreur ou la difficulté. C’est un enfant qui, ponctuellement, peut se montrer incapable d’analyser la situation qui lui est proposée. Il s’agit donc, pour les enseignants, de comprendre ce qui gêne l’apprentissage et de mettre en place les conditions qui permettront à l’élève de franchir les obstacles.

L’aide est une question de pédagogie

Il est pour nous primordial de rappeler que le maître ne détient pas des solutions qu’il lui suffirait de distribuer à chacun des élèves qui sont disposés à les recevoir… Cette conception de l’apprentissage rejette l’échec sur l’élève puisque, dans ce cas, c’est ce dernier qui, en dépit des explications de l’enseignant, continue de buter sur telle ou telle difficulté. Maîtres et élèves se trouvent alors figés dans une posture qui ne permet ni aux uns ni aux autres de s’adapter aux circonstances extraordinairement variées auxquelles ils sont confrontés en classe et hors de la classe. La mise en place de projets et d’activités diversifiées rend au contraire possibles les interactions entre élèves, et offre aux enseignants une plus grande quantité de situations qui permettent de mieux identifier les difficultés et d’aiguiller les élèves vers les bonnes pistes.
La prise en compte des difficultés des élèves ne se résume donc pas à quelques séances d’aide mais concerne la pédagogie que nous mettons en œuvre dans chaque heure de cours et qui peut déboucher sur des activités décloisonnées entre des classes de différents niveaux. Ainsi, des élèves de CP ou de CE1 vont faire la lecture aux petits de maternelle, des activités de sciences peuvent rassembler des élèves de deux niveaux, des élèves de CM vont lire des scènes de Kamishibai[[Kamishibai : petit théâtre d’images d’origine japonaise.]] aux maternelles, etc.
Les séances d’« aide personnalisée » prennent place dans cet ensemble et consistent à réaliser des projets qui permettent d’étendre les décloisonnements au-delà des rencontres entre deux niveaux puisque les mêmes activités concernent alors l’ensemble des élèves, du CP au CM.

Des groupes de travail le mercredi matin

L’aide personnalisée est donc organisée sous la forme de groupes de travail constitués en fonction des difficultés repérées dans la classe sur la base d’indicateurs concernant le rapport au nombre, la structuration de la langue et l’attitude des élèves.
Pendant la première partie de la matinée du mercredi, de 9 h à 10 h 30, quatre types de projets « longs » donnent la possibilité de mélanger les niveaux d’âge et d’organiser des groupes de travail dans chacun des quatre axes que sont le rapport au temps, le rapport au nombre, le rapport à la langue et l’attitude (mobilisation, concentration).
Pendant la seconde partie de la matinée, de 11 h à midi, ont lieu des activités d’expression ou de fabrication ciblées sur des savoir-faire plus spécifiques (conjugaison, écriture, jeux de société, musique, sport, etc.)
(Voir les tableaux d’organisation de ces activités à la suite de cet article).
Les réalisations qui sont évaluées conjointement par les élèves et par les enseignants permettent de décider dans quelle mesure chacun doit poursuivre le projet dans lequel il est engagé ou s’il doit en changer.
C’est dans ce type d’activités que l’élève peut s’exercer à mettre en action sa capacité :
– à comprendre les données du problème,
– à effectuer les allers-retours entre la représentation d’une situation donnée et un résultat attendu, entre les hypothèses et les vérifications.

À ce moment, ce qui est en jeu se mesure moins en termes de capacités à maîtriser qu’en termes de cheminement des processus logiques et de repérage des procédures de réussite.
Au bout du compte, même si le plaisir lié à une activité gratifiante ou à un centre d’intérêt est déterminant, ce qui compte le plus est sans doute, pour l’élève en difficulté, la satisfaction de voir enfin s’ouvrir des domaines qui lui paraissaient inaccessibles.
Le rôle des enseignants consiste alors à savoir choisir les situations où la pensée va pouvoir se mettre en mouvement et à faire émerger de quelle façon elle progresse pas à pas vers de nouveaux savoirs.

L’équipe éducative de l’école publique de Prinquiau (44)


Tableau 1

Inventaire de quelques indicateurs, médiations, et évaluation tout cycle

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Tableau 2

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Tableau 3

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Evaluations projets d’aide personnalisée…

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