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Adolescences ?

Les adolescents, plus communément appelés «jeunes», font l’objet de beaucoup de fantasmes. Ces termes sont trop souvent associés à des images négatives alors que l’on parle d’enfants, de mineurs, envers qui la société a un devoir de protection et d’éducation.

Depuis une vingtaine d’années, en particulier, beaucoup se plaisent à dénoncer une recrudescence de la délinquance des mineurs et de la violence des jeunes. C’est oublier un peu vite que l’adolescence a de tous temps été une période de la vie compliquée et déstabilisante. Charivari médiévaux, apaches et blousons noirs du siècle dernier n’étaient pas moins craints par leurs contemporains que les bandes d’aujourd’hui.

Adolescence ne rime en fait pas avec violence ou délinquance mais avec turbulences. L’entourage est secoué, et le premier ou la première concerné/e l’est encore plus. Quant à la délinquance des mineurs, son augmentation apparente «résulte avant tout d’un changement de politique pénale» depuis le milieu des années 90, relèvent les auteurs.

Cet ouvrage permet ainsi de considérer l’adolescence sans se laisser polluer par des représentations souvent faussées par les préjugés et des affirmations fausses. Tout est passé en revue : la scolarité, la culture et les loisirs, les risques liés à l’alcool, au tabac, à la sexualité, la délinquance, les relations avec les autres… À commencer par la définition de cet âge flou. Pas «une classe d’âge identifiée», mais plutôt «un construit social dont les contours varient en fonction des époques». En tout cas, «le temps de construction d’une identité individuelle», étape du développement psychologique, qui se situe, en gros, entre 12 et 20 ans.

Les inégalités de destin scolaire sont clairement pointées, notamment à travers les points de vue des sociologues Camille Peugny et Marie Duru-Bellat. Tous deux dénoncent la compétition scolaire face à laquelle les jeunes sont inégalement armés selon leur naissance. De fait, le livre relève que le fait de disposer d’une chambre individuelle a un impact sur la réussite scolaire. La proportion de jeunes dans ce cas est plus faible dans les lycées professionnels (79 %) qu’au collège (81 %) et dans les lycées généraux (89 %).

Les usages de nouvelles technologies et les pratiques en matière d’écrans sont aussi disséquées. 15 heures d’internet par semaine en moyenne (en premier lieu pour lire ou chercher des informations), 13 heures de télévision (seuls 3 % des 12-17 ans déclarent ne pas avoir regardé la télévision dans la semaine), avec des usages cumulatifs, 82 % déclarant envoyer des sms ou des mails tout en regardant la télévision.

On apprécie le parti-pris d’un livre à la mise en page très illustrée et aérée, facile à lire, informatif. Beaucoup de graphiques et d’infographies, de témoignages, d’interviews d’experts. Un livre multi-facettes, dans son contenu comme dans sa forme, bien utile, donc, pour se défaire des idées reçues.

Cécile Blanchard