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Accompagner les élèves dans et hors de l’école

Le public était composé de formateurs, enseignants, associatifs, responsables institutionnels, assistants pédagogiques : une belle hétérogénéité pour un sujet sensible qui concerne de nombreux acteurs les plus divers.
En introduction, Jean-Michel Zakhartchouk, pour le Crap, pointait l’ambivalence de l’accompagnement des élèves en dehors des cours et la difficulté à s’y retrouver dans la valse des étiquettes : accompagnement éducatif, accompagnement scolaire, accompagnement à la scolarité…
D’un côté, ce temps peut représenter une sorte de pansement (jadis, un article d’un dossier des Cahiers consacré à l’aide après les cours, parlait d’« abbés Pierre de la pédagogie »[[Cahiers pédagogiques n° 310, « L’école après l’école », janvier 1993.]]), et éviter de poser les vraies questions sur les pratiques pédagogiques quotidiennes, sur la construction des inégalités culturelles à l’école, sur l’insuffisance du travail de l’école pour réduire les inégalités sociales. Et le recours au monde associatif ou aux collectivités territoriales pourrait être un moyen pour l’école de se défiler de ses responsabilités.
Mais on peut faire aussi de l’accompagnement un moyen, malgré tout, de réduire ces inégalités, et peut-être un temps et un lieu révélateurs des vrais besoins, des vraies difficultés des élèves. L’enseignant qui accompagne et écoute prend la mesure des problèmes de ses élèves devant le savoir : une prise de conscience qui, pour plus d’un a débouché sur un changement dans les pratiques afin de les centrer davantage vers l’apprentissage réel.

Des dispositifs variés

La première table ronde a été ouverte par Eunice Mangado, dynamique responsable de l’Afev[[ Association de la Fondation étudiante pour la ville, http://www.afev.org/ ]] qui a expliqué l’action d’étudiants bénévoles en direction d’élèves demandeurs d’aide. Elle a notamment cité l’aide à domicile et son impact très positif, y compris en termes de réussite purement scolaire, contrairement à ce que pensaient les étudiants qui se demandaient s’ils étaient vraiment efficaces sur ce plan-là. Si les familles apprécient pleinement ce dispositif, il apporte aussi beaucoup aux étudiants, notamment dans la connaissance d’autres réalités que celle qu’ils vivent bien souvent. L’Afev compte travailler de manière plus intensive sur l’entrée en 6e et en 2de.
Diane Zarkout, IEN à Aubervilliers, a piloté l’an passé des PPRE dans une circonscription parisienne ; elle a rendu compte du travail effectué, dont on peut lire des échos dans notre dossier spécial. Le PPRE doit d’abord concerner, dans le primaire, la vie de la classe et amener à la pratique d’une pédagogie différenciée. L’optimisation du temps et le travail en équipe sont deux points essentiels pour que « ça marche ».
Patrice Bride, militant du Crap, a présenté des modalités de travail mises en place lors d’études encadrées dans son collège, dans le prolongement également d’un atelier des Journées d’automne 2007 du Crap. Partir des devoirs demandés par les enseignants pour développer des attitudes réflexives, de métacognition, utiliser les ressources du groupe d’élèves pour mieux impliquer chacun dans l’effort individuel, mettre en place des routines de questionnement sur la nature et les objectifs de la tâche demandée, puis sur les procédures à mettre en œuvre, autant de possibilités de bonifier ces études pour s’efforcer de faire évoluer le rapport des élèves aux savoirs et aux activités scolaires.
Nicolas Renard, principal du collège André Malraux à Asnières, a évoqué les dispositifs divers qui existent dans son établissement RAR, en particulier les MaCLé[[Sur les MaClé, voir http://www.bienlire.education.fr/04-media/a-interview24.asp
]] où les enseignants du premier degré sont impliqués. Des moyens supplémentaires ont permis, certes, un travail dans de meilleures conditions, mais les progrès sont limités et fragiles. Nicolas Renard, également un des animateurs de l’OZP, attend beaucoup de la mise en place du socle commun et d’un vrai travail sur les compétences, qui permettrait plus facilement d’accompagner l’élève en lien avec ce que fait l’enseignant en classe et rendrait le soutien plus cohérent.

Intérêt et limites

Une seconde table ronde, animée par Philippe Watrelot a permis l’expression de quatre regards sur l’accompagnement, vu sous un angle plus politique.
Jean-Michel Le Bail, auteur de L’accompagnement à la scolarité, un ouvrage essentiel sur la question, a clarifié les « mots de l’accompagnement » et revendiqué fortement le partenariat entre l’école et les associations et collectivités locales. Il a insisté également sur la nécessité d’un accompagnement de qualité, ce qui implique notamment la formation des intervenants.
Gérard Chauveau a développé une idée qui lui est chère : la création d’un vrai service public de l’accompagnement à la scolarité. Il a rappelé, en tant que chercheur INRP, les nombreuses études qui ont permis de dégager les conditions de la réussite scolaire, et donnent des éléments pour penser les politiques d’aide. L’expérience des Coups de pouce le prouve : l’accompagnement marche lorsqu’il est ambitieux, de qualité et axé vraiment sur les apprentissages, dont celui de la lecture.
Robert Jammes, inspecteur général honoraire et auteur d’un rapport officiel sur la question, a resitué l’histoire de l’accompagnement et plaidé pour une simplification de l’offre publique, qui doit être plus lisible pour les familles. Il a insisté sur le rôle important que peuvent jouer les TICE.
Florence Castincaud, rédactrice en chef des Cahiers pédagogiques, est revenue sur le changement que représente pour les enseignants du secondaire la prise en charge de formes d’accompagnement : évidence pour les uns, rupture de contrat pour les autres qui souhaitent qu’on en reste à un strict volontariat des personnels. L’évolution du métier se fait (trop) lentement et sur un mode trop individuel.
Une journée très réussie qui s’est prolongée par un bref débat et un pot convivial. Des prolongements sont à venir dans les prochains mois :
– Des publications : la préparation d’un dossier des Cahiers sur « les devoirs et les leçons », un ouvrage de la collection Repères pour agir sur l’accompagnement éducatif.
– Des réunions : les et les Journées d’automne 2008 du Crap mettront en débat la notion d’égalité des chances.