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À nouveau programme, nouvelle formation

Un changement de programme, surtout s’il renouvelle objectifs et méthodes, implique une formation initiale pour les nouveaux enseignants, et une formation continue pour les plus anciens. Quelles méthodes envisager ?

Nous pensons par exemple aux études de cas, aux dilemmes moraux notamment (voir le dilemme de Heinz dans ce dossier), au dispositif de la discussion à visées démocratique et philosophiques (voir la description du dispositif et les extraits de verbatim), à l’utilisation de la littérature de jeunesse dans une perspective non de moralisation, mais de réflexion morale (Exemples : « qu’est-ce que le courage ? », à partir de Yacouba ; ou « quel rapport entre le pouvoir et le bien ? », à partir de la possession de l’anneau invisible de Gygès ; voir le texte d’Edwige Chirouter).

Des cas, des dilemmes, le dispositif de la discussion à visée démocratique et philosophique (DVDP) doivent être expérimentés et analysés en formation, et les albums doivent y être travaillés comme support de réflexion et de discussion, de façon à faciliter le transfert de la formation en classe.

Faire faire en formation ce que l’on fera faire aux élèves, c’est comprendre de l’intérieur l’intérêt des exercices proposés et la logique de perplexité des acteurs pris dans une situation morale. S’agissant d’éthique, les enseignants se formeront ainsi en même temps à l’exercice de leur propre jugement moral, et à la façon d’y former leurs élèves.

Mais l’enseignement de la morale doit aussi pouvoir s’ancrer dans les disciplines, les « questions sensibles » qu’elles entraînent. Cela ne signifie pas forcément que le problème moral sera travaillé à chaud lors d’un cours d’histoire ou de sciences, mais que les maîtres doivent être sensibilisés aux enjeux de leur discipline dans le domaine de l’éducation morale et au rôle que des connaissances dans chaque discipline peut y jouer. Ce qui conduit aussi à une réflexion pluridisciplinaire : des notions (le juste, le vrai, etc.) méritent à la fois d’être travaillées pour elles-mêmes et éclairées par divers apports dans les matières enseignées, en lien avec leurs programmes. Quelle sera alors le rôle de chaque discipline et de chaque enseignant ? Cela aussi pourrait être objet de formation.

Quant aux formations transversales (sur l’autorité, l’évaluation, la conduite de la classe), elles aussi pourraient interroger les pratiques à l’aune des valeurs, afin que l’agir des enseignants ne soit pas en trop grand décalage avec l’éducation morale qu’ils font vivre par ailleurs.

Des apports sur les différentes conceptions de la morale sont aussi importants dans une formation à un enseignement de la morale situé dans une société démocratique pluraliste (voir l’article de Serge Cosperec), ainsi que des clarifications sur la notion de laïcité et ses différentes interprétations dans une éducation à la morale qui se veut laïque (voir l’article de Françoise Lorcerie).

Nous espérons que ce dossier pourra, à sa façon, contribuer à cette formation, tant par la clarification des notions que par les pistes pédagogiques proposées.

Élisabeth Bussienne, Michel Tozzi