Évaluations CE1, CM2
Enfin ! … Une première décision qui ouvre la voie à une concertation sérieuse sur le dispositif d’évaluation de l’Éducation nationale .
L’heure est donc au changement, alors rappelons ce que le collectif des déchiffreurs demande pour que les services de statistiques et d’évaluation des ministères de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur soient réellement au service du débat public sur l’éducation et non au service exclusif de la communication des responsables politiques du moment.
Il faut en parler, car on commence à voir revenir, avec les meilleures intentions du monde, l’idée d’une « externalisation » des services de statistiques et d’évaluation, une idée que Claude Allègre avait déjà agitée en son temps lorsqu’il était ministre de l’Education. Ainsi, par exemple :
Le rapport du Haut Conseil de l’Education (HCE) de 2011 a mis en évidence le fait que les évaluations nationales ne sont pas fiables. Or le Parlement a besoin d’indicateurs sincères. Ils sont à construire et je pense qu’il faut en confier la confection à une agence indépendante du pouvoir politique en place[1].
Indépendance politique oui, mais pour nous la solution n’est pas l’« externalisation » vers une « agence », mais la garantie de l’indépendance et de l’autonomie scientifiques des services de statistiques et d’évaluation des ministères.
Pour cela, il y a des conditions à réunir, que ces services aient :
De plus, le retour à un service unifié de statistiques et d’évaluation pour l’enseignement scolaire et l’enseignement supérieur nous semble indispensable ; ce service doit être l’opérateur français des enquêtes internationales.
Enfin, l’ensemble des organisations membres du collectif des déchiffreurs de l’éducation demande qu’une instance tripartite (représentants élus de la société civile, représentants des personnels et « usagers » de l’École, personnalités qualifiées françaises et étrangères), indépendante des ministères, ait pour mission « d’évaluer l’évaluation » comme le faisait le Haut Conseil de l’évaluation de l’école, injustement supprimé par la Loi Fillon de 2005.
Nous invitons tous ceux qui sont attachés à ce que les nécessaires évolutions de notre système éducatif soient pensées et débattues à partir de données élaborées scientifiquement et de façon transparente, à exiger le respect de ces conditions et l’attribution des moyens nécessaires aux services de statistique et d’évaluation des ministères de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur.
[1] Alain Bouvier, ancien directeur d’IUFM, ancien recteur et membre du précédent HCE, sur Le café pédagogique du jeudi 10 mai 2012.)
Le paragraphe « [Il faut revoir ] les moyens d’organiser synthèse et cumulativité des travaux conduits dans le domaine de l’éducation, en lien avec l’ensemble du milieu de la recherche en éducation. Cette ouverture à la recherche et la mise à disposition de celle-ci des données qui lui sont indispensables doivent être des caractéristiques de notre service public. » fait étrangement penser au travail mené depuis près de 9 ans par le service Veille et Analyse de l’Institut français de l’éducation (ex Veille scientifique et technologique de l’INRP) et ses « dossiers d’actualité » thématique : http://ife.ens-lyon.fr/vst/DA/ListeDossiers.php.
Désolée pour cette autopromotion, mais en tant que consommateurs de données statistiques pour étayer nos synthèses comparatives, nous sommes friands d’informations chiffrées sur la France. Et nous sommes, bien entendu, favorables à un meilleur usage, une meilleure dissémination des travaux de recherche, rapport d’experts, avis des usagers… et rapports institutionnels.
Nous connaissons bien et apprécions les synthèses du « service Veille et Analyse de l’Institut français de l’éducation ». Une des questions posées par notre paragraphe concerne la mise à disposition des chercheurs des données collectées par la DEPP, notamment des nombreux fichiers qu’elle détient et que des chercheurs souhaitent eux aussi pouvoir exploiter, ce qui leur est difficile aujourd’hui, parce qu’on leur en refuse l’accès et/ou parce que la DEPP n’a pas les moyens de les documenter.
Une réaction rapide et affective : merci aux « déchiffreurs » ! Un des effets majeurs qu’on peut attendre de ça, c’est d’intéresser les enseignants aux évaluations, et c’est un des chemins pour les mobiliser à nouveau sur les enjeux de l’école démocratique.
J’ajouterai une chose, qui me semble très importante pour revivifier la statistique EN, outre « la garantie de l’indépendance et de l’autonomie scientifiques des services de statistiques et d’évaluation » (et vos quatre points) : le transfert vers cette « organisation » indépendante des fichiers base élèves… (anonymés au dessus des écoles) afin d’avoir un relevé continu de l’info (voire en l’enrichissant, ce que ne permet pas pour le moment le caractère polémique des bases)