|
Pour clore cette année sans horizons et sans boussole, j’avais envie d’entreprendre et de partager un voyage dans une belle contrée éducative, là où l’entraide et la générosité construisent la citoyenneté. Omar Kaced m’a gentiment ouvert les portes de la classe UPE2A (unité pédagogique pour élèves allophones arrivants) du lycée Blaise-Pascal de Forbach, dont il est le coordinateur. De leur côté les élèves avaient préparé la rencontre, questionnaire et récit à l’appui. J’étais accueillie comme eux-mêmes l’avaient été, dans une attention chaleureuse.
le 17 décembre 2020, par Cécile BlanchardUnanimité dans les médias. Unanimité contre le ministère : contre l’autoconfinement, contre la carte scolaire, contre les nouveaux programmes de maternelle. Le ministère fait très fort.
La dernière décision du gouvernement fait l’unanimité contre elle chez les enseignants et les personnels de direction qui n’acceptent pas le mépris de leur travail. Les enfants ne sont donc plus "non-contaminants" ? L’école est désormais à la carte ? Une garderie ?
Le dessin de Fabien Crégut
L’école facultative jette le trouble
“L’annonce surprise par J Castex, le 15 décembre, que les élèves pourront ne pas venir en classe les 17 et 18 décembre jette le trouble chez les enseignants et les personnels de direction. Aucune déclaration officielle ne laissait présager cette décision alors que presque quotidiennement le ministre de l’éducation nationale répète que rien n’est plus important qu’aller à l’école. Elle ajoute à la désorganisation du système éducatif. Mais on s’interroge aussi sur les raisons qui ont conduit le gouvernement à prendre subitement cette décision et sur ce que cela veut dire pour la rentrée de janvier.”
Jean-Michel Blanquer : « La recommandation est d’envoyer les enfants à l’école »
“Les enfants pourront ne pas aller à l’école jeudi et vendredi, a annoncé Jean Castex mardi matin. « N’incitons pas » à cela, s’est agacé le ministre de l’Education, mardi soir : « L’absence (sera) tolérée, mais le principe c’est l’ouverture (des écoles) et chacun vient. »”
Dispenses d’école les 17 et 18 décembre : « C’est de l’improvisation permanente »
« Le Premier ministre, Jean Castex, a suggéré ce mardi que les enfants n’aillent pas à l’école jeudi et vendredi, comme conseillé par le Conseil scientifique, pour limiter les risques de contamination à Noël. Une recommandation de dernière minute qui passe mal du côté des enseignants. »
Auto-confinement : « je continuerai à dire à mes élèves qu’ils devront rattraper les cours de jeudi et vendredi »
« Les parents qui le souhaitent pourront ne pas envoyer leurs enfants à l’école jeudi et vendredi prochain. Une décision que déplorent les enseignants. » Pas mal de réactions d’enseignants qui ont beaucoup d’humour.
La note du CSP sur les programmes de l’école maternelle fait aussi l’unanimité contre elle.
Gilles Brougère : Le jeu et l’école maternelle française, une incompréhension récurrente
“Il suffit de lire la note d’analyse et de proposition sur le programme d’enseignement de l’école maternelle du CSP pour retrouver l’incapacité récurrente des textes officiels concernant l’école maternelle à comprendre ce qu’il y a derrière la question du jeu. Pour le dire rapidement après quelques propos généraux sur la place du jeu et du jeu libre en particulier et des références aux apprentissages informels assez peut fondés, il n’est jamais question que de contrôle, de vérification, et de développement d’exercices qui n’ont de jeu que le nom. Il est pourtant question du jeu qui serait libre – mais peut-on considérer comme jeu une activité qui ne le serait pas ? – « que lorsqu’il laisse à l’enfant la pleine initiative ».”
La maternelle mérite mieux que ça !
Communiqué de presse du CRAP-Cahiers pédagogiques
« Rien ne peut nous convenir dans la note d’analyse et de propositions du Conseil supérieur des programmes sur la maternelle !
Il s’agit de changer les programmes seulement cinq ans après la promulgation des précédents, en expliquant au passage aux enseignants que désormais, ils vont véritablement enseigner, tandis que jusqu’ici ils n’apprenaient rien de sérieux aux élèves. »
C’était mieux avant ?
Pourquoi les élèves régressent-ils ? Familles et enseignants ne sont pas d’accord…
“Si la majorité des Français admettent que le « niveau baisse » et que l’école n’est plus un acteur majeur « pour aider la jeunesse face à ses difficultés », les avis en revanche divergent sur les réponses à apporter, nous apprend un sondage réalisé à la rentrée.” abonnés
Esprit Montessori es-tu là ? » La girouette Blanquer a encore tourné !
Par Claude Lelièvre
« A peine arrivé au ministère de l’Education nationale, Blanquer avait invoqué « l’esprit Montessori ». Les nouvelles instructions qui viennent de paraître sous sa houlette pour la maternelle sont aux antipodes. La girouette Blanquer vire dans le sens du vent de la régression historique. »
Éducation : « La contrainte est essentielle pour devenir un être social »
Entretien “L’amour seul ne suffit pas pour élever un enfant. Le parent doit aussi parfois endosser le mauvais rôle de celui qui dit « non » afin de lui donner les outils pour évoluer avec les autres. Entretien avec Caroline Goldman, psychologue et professeure de psychologie.” Recueilli par Emmanuelle Lucas. abonné
« Etats généraux du numérique pour l’éducation : et après ? »
Pascal Plantard, professeur d’anthropologie des usages du numérique, et André Tricot, professeur de psychologie cognitive, analysent, dans une tribune au « Monde », l’organisation et les propositions issues des Etats généraux du numérique pour l’éducation
« Aujourd’hui, on fait comme si tous les enfants et les adolescents savaient utiliser les technologies numériques, alors que la recherche démontre depuis vingt ans que les caractéristiques des « digital natives » ne correspondent qu’à une minorité des jeunes. Cela conduit à un dessaisissement éducatif vis-à-vis du numérique, en particulier dans les familles et les quartiers populaires. Le confinement a rendu ce phénomène très visible. » Abonnés
Comment donner l’envie de lire aux enfants ?
« Quels livres pour lancer les enfants dans la lecture ? Comment cultiver le goût de la lecture en famille ? De nombreuses études montrent que la réussite scolaire, le développent cognitif, l’art de bien s’exprimer à l’oral, de développer son vocabulaire, son style puise largement ses racines dans la lecture. »
« Montrer aux élèves que l’Afrique fait partie de l’histoire du monde »
ENTRETIEN. « Faire entrer l’Afrique dans les classes ? Coconseiller pédagogique de la saison Africa2020, Naïl Ver-Ndoye explique le cheminement adopté avec Alexandre Lafon. »
En 2021, l’éducation nationale continuera à favoriser l’école primaire
« Le ministère a dévoilé mercredi la répartition des moyens alloués à chaque académie, dont Créteil et Versailles sortent gagnantes. En revanche, le second degré perd à nouveau des postes, malgré une hausse des effectifs. »
Carte scolaire du 2d degré : Les heures supplémentaires remplacent-elle vraiment des postes ?
« Officiellement, malgré 1800 suppressions de postes à la rentrée 2021, il n’y a pas d’inquiétude à avoir dans le 2d degré. Les heures supplémentaires vont "plus que compenser" les postes supprimés. Rien n’est moins sur. La réalité c’est qu’il y a 4 fois plus de postes supprimés qu’en 2019 et deux fois plus qu’en 2020. Et qu’il y aura des enseignants en moins dans 25 académies avec 43 500 élèves supplémentaires. Les syndicats s’inquiètent. Le Se Unsa parle de dégradation des conditions de travail. »
Pour Samuel, la réponse de la famille du professeur Paty à l’avocat d’Abdelhakim Sefrioui
Par Virginie Le Roy, Avocate de la famille de Samuel Paty
« Suite à la publication d’une lettre ouverte de l’avocat de Sefrioui à Emmanuel Macron, la famille de Samuel Paty sort du silence par la voix de son avocate Virginie Le Roy, et dénonce une « provocation ». »
Partiels à distance à l’université : « C’est trop facile, tout le monde triche »
« A l’université, de nombreux étudiants avouent avoir recours à la triche pour obtenir de bons résultats. Et mettent en place de nombreuses tactiques pour ne pas se faire prendre. »
La France ne respectera pas cette préconisation pour les surveillants de la garderie qu’est devenue l’éducation nationale.
Vaccin : les enseignants doivent être prioritaires selon l’UNESCO et l’UNICEF
L’UNESCO, l’Internationale de l’Education et l’UNICEF appellent à rendre prioritaires à la vaccination les enseignants et personnels d’éducation. Explications.
“« Les écoles sont irremplaçables ». Dans une vidéo publiée en début de semaine, la Directrice générale de l’UNESCO, Audrey Azoulay, et le Secrétaire général de l’Internationale de l’éducation David Edwards unissent leurs voix pour demander aux gouvernements d’ajouter les enseignants à la liste des groupes prioritaires pour le vaccin contre la Covid-19. Ils ont été suivis de près par l’UNICEF dans cette démarche.”
Le port du masque a modifié le rapport profs-élèves par Thomas Messias
« Voix qui fatigue, gêne, perte de chaleur humaine... Les profs font le bilan d’une fin 2020 placée sous le signe du masque. »
L’actualité éducative n’est pas plus réjouissante à l’étranger.
En Pologne, un ministre d’extrême droite pour reprendre en main l’éducation nationale
« Depuis sa prise de fonctions, le 19 octobre, Przemyslaw Czarnek ne cesse de faire les gros titres. Son obsession : extirper l’« idéologie LGBT », la « théorie du genre » et la « pédagogie de la honte » de l’institution. »
Boko Haram revendique l’enlèvement de centaines de lycéens au Nigeria
« Boko Haram a revendiqué mardi l’enlèvement de 333 lycéens, disparus dans la nuit de vendredi à samedi à Kankara. Des discussions sont en cours entre les kidnappeurs et le gouvernement local. En 2014, l’organisation djihadiste avait enlevé 276 lycéennes à Chibok. »
Géraldine Duboz
N° 563 : Actualité de la métacognition
septembre-octobre 2020
Dossier coordonné par Marc Romainville t Jacques Crinon
À quelles conditions la connaissance de sa propre pensée peut-elle aider à mieux apprendre ? Quelle place pour les émotions, la confiance en soi, les stéréotypes ? Le point sur les nouvelles approches métacognitives.
N° 530 - Former les futurs citoyens
Dossier coordonné par Laurent Fillion et Pascal Thomas
juin 2016
Mise en place du nouveau socle commun, de l’enseignement moral et civique : l’éducation à la citoyenneté, thème souvent abordé par les Cahiers pédagogiques, revient au cœur des préoccupations. De quelle éducation à la citoyenneté parle-t-on ? Comment ne plus la confondre avec une éducation au civisme et à la civilité ?
Nous publions une nouvelle analyse sur la Note d’analyse et de propositions du Conseil supérieur des programmes (CSP) pour la maternelle. Cette fois, il s’agit d’insister en particulier sur les spécificités des petits et de leurs rythmes d’apprentissage, contredites par la volonté du CSP d’avancer tous les apprentissages, au risque de les introduire bien trop tôt.
Cet article est une copublication avec Slate.fr
le 16 décembre 2020, par Cécile BlanchardRien ne peut nous convenir dans la note d’analyse et de propositions du Conseil supérieur des programmes sur la maternelle !
Il s’agit de changer les programmes seulement cinq ans après la promulgation des précédents, en expliquant au passage aux enseignants que désormais, ils vont véritablement enseigner, tandis que jusqu’ici ils n’apprenaient rien de sérieux aux élèves.
Le CSP s’appuie exclusivement sur les recherches qui lui conviennent et vont dans son sens, sans tenir compte de la complexité du sujet ni des résultats divergents. Il ne tient pas compte de ce que sont réellement des enfants de maternelle pour imposer une vision finalement très idéologique et des "protocoles" d’apprentissage inadaptés. Il crée une hiérarchisation des contenus enseignés, pour en mettre certains au service d’autres (en l’occurrence les mathématiques et le français). Des aspects essentiels, comme les apprentissages liés au corps, aux activités artistiques et à la vie en collectivité, comme la coopération et l’entraide, sont jetés aux orties.
En outre, le CSP ne tient pas compte et ne cherche peut-être même pas à prendre l’avis des enseignants, qui n’a certes pas valeur d’évangile mais vaut tout de même quelque chose !
Enfin, bien sûr, il entend tout piloter en fonction d’évaluations institutionnalisées, dès la Petite section, et par la négative, en mesurant ce qui n’est pas acquis par rapport à une norme, en vue du CP où les évaluations en septembre, déjà, portent sur ce qui doit être acquis au cours de l’année voire plus tard encore.
Alors certes, il y a quelques passages intéressants (sur le jeu et le langage, par exemple, ou sur les effectifs des classes), quelques mots qui subsistent (sur l’école « bienveillante » et « accueillante »), mais c’est tout de même un projet bien inquiétant, et peu apte à redonner confiance aux enseignants !
Le CRAP-Cahiers pédagogiques
16 décembre 2020
Nous avons publié plusieurs articles analysant la note du CSP :
La start-up nation commence désormais en maternelle, par Maëliss Rousseau
Une note discordante, par Yannick Mével
La maternelle, « enfin » une école ? par Rachel Harent
le 16 décembre 2020, par Cécile BlanchardC’est toujours chaud à propos de la maternelle, de la laïcité et de la crise sanitaire. Heureusement il nous reste les sources et flexions pour prendre un peu de distance.
Ghislain Leroy : Pour une école maternelle de la résistance
“Que penser des nouveaux programmes de maternelle ? Guislain Leroy, maître de conférences à l’université Rennes 2, les situe dans une évolution déjà ancienne qui affirme de plus en plus la "scolarisation" de l’école maternelle. Il dénonce le manque de bienveillance des enfants soumis, dans les nouveaux programmes, à une évaluation dès la petite section. Il proteste aussi contre l’impasse faite par le Conseil supérieur des programmes sur la recherche.”
La maternelle, « enfin » une école ? par Rachel Harent, Cahiers pédagogiques
“Le Conseil supérieur des programmes (CSP) a rendu publique une Note d’analyse et de propositions sur le programme d’enseignement de la maternelle, le ministre de l’Éducation nationale lui ayant confié pour mission de se pencher sur ce niveau en 2020-2021. Cette note a provoqué beaucoup d’émoi chez les professeurs des écoles, en particulier ceux enseignant en maternelle : elle semble préfigurer des programmes centrés sur l’enseignement quasi exclusif des mathématiques et du français, et destinés à faire réussir aux élèves les tests passés à l’entrée en CP, plutôt qu’à leur faire apprendre ce qui leur sera nécessaire pour réussir au cours de leur scolarité.”
“Arguant de la scolarisation obligatoire dès trois ans, le conseil supérieur des programmes (CSP) a publié une note qui marque un changement profond dans l’orientation des programmes de l’école maternelle. Alors que les programmes de 2015 ont été unanimement accueillis par la profession et la communauté éducative, les propositions du CSP sont très loin de faire l’unanimité.” Communiqué du Snuipp Fsu.
Note d’éclairage du Conseil scientifique COVID-19 12 décembre 2020 ACCOMPAGNER UNE FIN D"ANNEE PAS COMME LES AUTRES
Libérer les jeudi 17 et vendredi 18 décembre
Auto-confinement avant les fêtes : les enfants pas obligés d’aller à l’école jeudi et vendredi
“Pour éviter une troisième vague en janvier, le Conseil scientifique recommande l’auto-confinement. Le Premier ministre conseille à ceux qui le peuvent de ne pas envoyer leurs enfants à l’école jeudi et vendredi.”
Crise sanitaire : Comment les autres pays ont-ils réagi ? sur le Café pédagogique
“A force de dire que la France a géré mieux que les autres pays la crise sanitaire, ça donne envie d’y aller voir de plus près. Personne ne peut faire cette comparaison mieux que l’OCDE, un organisme neutre, qui a une vision mondiale de la situation et dont l’expertise en éducation est reconnue. Dans une étude publiée fin novembre, l’OCDE étudie les réponses des systèmes éducatifs à la crise sanitaire dans ses différentes dimensions. La France est citée 6 fois. Elle n’a pas ébloui les membres de l’OCDE. Et plusieurs dimensions jugées essentielles n’ont pas atteint la rue de Grenelle…”
Instruction en famille : « Ne vaut-il pas mieux endiguer les quelques dérives que d’enterrer une liberté ? » Tribune de Bernard Toulemonde, Juriste, inspecteur général honoraire
“Le projet de loi « confortant les principes républicains » prévoit une limitation de l’instruction en famille pour lutter contre les « séparatismes ». Le juriste et inspecteur général honoraire Bernard Toulemonde rappelle que, en France, l’instruction est obligatoire, pas l’école.”
« Le gouvernement affirme renforcer la laïcité, alors qu’il porte atteinte à la séparation des religions et de l’Etat »
“Pour l’historien et sociologue Jean Baubérot, le projet de loi sur les séparatismes « confortant le respect des principes républicains » remet en cause des libertés fondamentales et risque d’être contre-productif.” Propos recueillis par Claire Legros
Comment l’architecture peut transformer l’école
“Le ministère de l’Education nationale compte sur la rénovation des établissements scolaires vieillissants pour les rendre compatibles avec les nouvelles méthodes pédagogiques. Pour diffuser cette nouvelle architecture scolaire encore faudra-t-il l’apport des enseignants et des collectivités.” abonnés
« Etats généraux du numérique pour l’éducation : et après ? »
Tribune de Pascal Plantard, Professeur d’anthropologie, membre du Cread (université Rennes-II) et codirecteur du GIS M@rsouin et André Tricot, Professeur de psychologie cognitive, membre du laboratoire Epsylon (université Paul-Valéry-Montpellier-III)
“Pascal Plantard, professeur d’anthropologie des usages du numérique, et André Tricot, professeur de psychologie cognitive, analysent, dans une tribune au « Monde », l’organisation et les propositions issues des Etats généraux du numérique pour l’éducation” abonnés
Les dossiers des sciences de l’éducation 41 | 2019 La recherche francophone en éducation : réseaux, échanges, publications
Sous la direction de Richard Étienne, Vincent Dupriez, Olivier Maulini et Maurice Tardif
“À l’occasion des rencontres de juillet 2019 à Toulouse, le comité d’organisation du Réseau international de recherche en éducation et en formation (REF) et le comité de rédaction des Dossiers des Sciences de l’éducation ont décidé de consacrer ce numéro 41 de la revue à une mise en perspective de la recherche francophone dans la discipline des sciences de l’éducation et de la formation.
Le REF est né en 1989. Ses diverses rencontres, maintenant organisées tous les deux ans dans l’un des quatre pays fondateurs (France, Belgique, Québec, Suisse), ont vu le nombre de symposiums, qui sont la marque distinctive de son fonctionnement, augmenter de 4 à 37 (Toulouse, 2019) et l’effectif des participantes et participants connaître la même croissance. Précédées et/ou suivies par une journée de colloque(s), ces rencontres contribuent à la réalisation et à la diffusion de la recherche comme en témoignent les dizaines de publications (plus de 140 livres ou dossiers de revue à ce jour).”
Bernard Desclaux
Suggestions thématiques :
N° 513 - Quelle éducation laïque à la morale ?
Dossier coordonné par Elisabeth Bussienne et Michel Tozzi
mai 2014
Que s’agit-il d’enseigner, pour ce qui ne peut se réduire à une discipline scolaire ? Dans quel objectif, entre pacification des relations et formation du jugement moral ? Qui pour le faire, dans quel cadre ? Bien des questions, et ce dossier ose dès maintenant des réponses, dans la conviction que nous touchons là à un rôle fondamental de l’école.
Hors-série numérique Travailler avec le dessin de presse
Dossier coordonné par Florence Castincaud
Juin 2018
Faire entrer le dessin de presse dans la classe : pourquoi ? Comment ? Parce que le trait de crayon est un outil alternatif pour faire entrer dans l’analyse et la réflexion, parce que le dessin génère des pratiques nouvelles, parce qu’il ne laisse personne indifférent, parce qu’il offre un vrai espace à la liberté de pensée. Mais lire et comprendre un dessin de presse, cela s’apprend ! Témoignages de professeurs, de dessinateurs, récits de pratiques et bien sûr florilège de dessins !
N° 530 - Former les futurs citoyens
Dossier coordonné par Laurent Fillion et Pascal Thomas
juin 2016
Mise en place du nouveau socle commun, de l’enseignement moral et civique : l’éducation à la citoyenneté, thème souvent abordé par les Cahiers pédagogiques, revient au cœur des préoccupations. De quelle éducation à la citoyenneté parle-t-on ? Comment ne plus la confondre avec une éducation au civisme et à la civilité ?
N° 563 : Actualité de la métacognition
septembre-octobre 2020
Dossier coordonné par Marc Romainville t Jacques Crinon
À quelles conditions la connaissance de sa propre pensée peut-elle aider à mieux apprendre ? Quelle place pour les émotions, la confiance en soi, les stéréotypes ? Le point sur les nouvelles approches métacognitives.
N° 562 :Profs, exécutants ou concepteurs
Dossier coordonné par SABINE COSTE ET NICOLE PRIOU
n° 562 juin 2020
Comment les enseignants, individuellement et collectivement, interprètent-ils des textes officiels apparemment intrusifs de manière à stimuler leur créativité ? Comment s’approprient-ils des situations matérielles, organisationnelles, sociales fortement contraignantes ?
Construire ensemble l’école d’après
Sylvain Connac - Jean-Charles Léon - Jean-Michel Zakhartchouk
Edtions ESF - Prix 18,00 €
L’école « d’après », un vain slogan, un conte de fées pour ceux qui penseraient que, aux lendemains de la crise sanitaire, une autre école va naître, plus juste, plus en prises avec le monde ? Ce livre, coordonné par des pédagogues engagés, et fruit d’un travail collectif avec le réseau du CRAP-Cahiers pédagogiques, contient de nombreuses propositions pour passer du slogan à la mise en œuvre : comment utiliser à bon escient les outils du numérique, comment modifier programmes et pratiques pour penser le monde actuel (parcours santé, esprit critique…), comment intégrer le respect de l’environnement dans le quotidien de l’école, comment prendre mieux en compte les familles, comment au quotidien, lutter contre les inégalités.
Au-delà d’une nouvelle modification des programmes de l’école maternelle, cinq ans après la publication des précédents, que se joue-t-il dans la note d’analyse et de propositions du Conseil supérieur des programmes (CSP) sur l’école maternelle ? Décryptage des glissements, objectifs, références scientifiques et autres syllogismes.
le 15 décembre 2020, par Cécile BlanchardLe projet poursuivi par Jean-Pierre Obin dans cet ouvrage court et percutant est annoncé dans l’introduction : « Ce livre se veut un cri d’alarme, il tente de décrire de manière aussi précise et documentée que possible ce qui se passe aujourd’hui dans notre école. […] Il essaie de discerner les sombres lendemain [1] qui se préparent si nous n’agissons pas. Il propose aussi des pistes pour réagir et pour combattre l’islamisme sur le long terme » (p. 10). Nourri de statistiques, notamment issues d’un sondage IFOP de 2018 cité à sept reprises, il dresse un constat irréfutable et montre les deux faces du problème : en général, « le climat scolaire autour de la laïcité » est « apaisé » (93% des enseignants) mais 27% d’entre eux (57% en REP !) se disent « inquiets sur l’adhésion des élèves et des familles aux valeurs de la République ». De nombreux récits de situations vécues qui entraînent une forte charge émotionnelle illustrent ce qui est plus qu’un motif d’inquiétude.
L’auteur part du déni, voire de la « couardise », du monde politique et de l’ensemble des acteurs en présence de l’islamisme. Le choix du mot, expliqué et justifié, montre qu’au-delà du terrorisme qui profite de ce terreau, le plus inquiétant est l’adhésion à cet extrémisme de jeunes musulmans qui non seulement se radicalisent pour certains mais surtout dérivent pour beaucoup vers l’observance stricte des signes extérieurs de cette religion. On peut noter une légère dérive quant à la promesse du titre car on passe de « comment on a laissé » à « qui a permis cette subversion ».
Le personnel politique de droite, qu’il soit légitimiste, orléaniste ou bonapartiste (pour reprendre les catégories de René Rémond) ou de gauche, selon qu’il est victimaire, identitaire ou moralisateur (seul le républicain trouve grâce aux yeux de l’auteur) a mis « la poussière sous le tapis » (p. 8, 13, 14, 86 et 161). Reprenant Jean-Pierre Melville (Le cercle rouge), l’auteur accuserait presque les enseignants, les chefs d’établissement et les parents d’être « tous coupables » dans cette affaire. Deux chapitres montrent toutefois le village gaulois qui résiste, que ce soit dans un lycée d’excellence, dont la proviseure finit par céder la place sous la pression d’un recteur et d’un référent laïcité (un comble !), ou dans l’autobiographie, très émouvante, de Jean-Pierre Obin et de sa famille. Les deux derniers chapitres fournissent des pistes pour lutter contre l’islamisme sans se limiter au seul hexagone et pour le faire reculer ou disparaître, grâce à une stratégie qui repose sur l’éducation.
Pour alimenter le débat, je me permettrai moi aussi une métaphore forte : il y a des « trous dans la raquette ». Je parle ici du principe de laïcité évoqué à 26 reprises mais défini seulement au moyen de l’article 1 de la Constitution dans une version raccourcie et des deux premiers articles de la loi de 1905 qui porte sur la « séparation des églises et de l’État ». Qu’est-ce qui manque dans la citation (p. 54) ? « Elle [la France] assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances. Son organisation est décentralisée ». Comment « respecter toutes les croyances » ? Jusqu’où aller ? Même si l’auteur joue sur la res publica, il n’est pas possible de limiter ce respect à la seule sphère privée. Toute personne n’exerçant pas une fonction publique pourra manifester son appartenance religieuse dans le domaine ou l’espace public si elle n’attente pas à la liberté d’autrui de croire autrement ou de ne pas croire ! Qu’en est-il de la loi sur ce point ? Existe-t-il un église musulmane ? Et puis, dans une « République indivisible, laïque, démocratique et sociale », il y a déjà eu des « accommodements raisonnables » : l’Alsace-Moselle, la Guyane et ce qu’il est convenu d’appeler l’outre-mer contreviennent à l’article 2 de la loi de 1905 qui stipule « La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte ». Comment comprendre que le conseil constitutionnel décide, le 21 février 2013, que les représentants du culte musulman ne peuvent pas être rémunérés par l’État en Alsace-Moselle alors que le sont ceux des religions chrétiennes et juive ? Cette atteinte au principe de laïcité, liée à l’histoire, est incompréhensible pour qui est attaché au respect et au traitement égal de tous les cultes. Preuve en est rapportée par l’auteur qui félicite Bernard Stasi et sa commission pour avoir interdit les « signes ou tenues qui manifestent ostensiblement une appartenance religieuse » dans l’école publique. Mais alors, il est compréhensible que certaines familles se réfugient dans le privé sous ou hors contrat, voire dans la pseudo éducation familale. Le recours fréquent de l’auteur à la jurisprudence qui n’est pas la loi mais son interprétation par les juges montre le même flou dans l’application du principe de laïcité qui laisse une grande marge d’interprétation.
C’est là que je mettrai en évidence un autre trou, lui aussi issu de la recherche de la paix scolaire : il y a bien longtemps que l’instruction, qui est seule obligatoire, résulte d’un choix parental. De plus, la loi Debré de 1959 a introduit la rémunération par l’État des enseignants du privé « sous contrat ». Elle organise la fuite de l’école publique. Comment s’étonner de la multiplication des établissements musulmans qui font ce choix du « sous contrat » ? Dès 1991, Gabriel Langouët et Alain Léger établissaient que 50% des élèves passaient par « le privé ». Veut-on augmenter ce flux et fermer le service public ? Déjà nombre d’élèves musulmans sont dans des établissements catholiques en France comme au Liban ! En 1984, François Mitterrand renonçait au « grand service public unifié et laïc de l’éducation nationale » qui aurait pu empêcher la libanisation de notre système éducatif. Philippe Meirieu a posé l’alternative en 1997 : L’école ou la guerre civile. Qui l’a suivi ?
Outre les solutions proposées par l’auteur - augmenter la mixité sociale et fermer les établissements-ghettos, former à la laïcité tous les enseignants et les personnels de direction, lutter « pour le progrès, l’émancipation et la tolérance » (p. 158) -, il faut aussi envisager de changer l’article 131-1 du Code de l’éducation qui ne rend obligatoire que l’instruction et permet de la dispenser dans le public, le privé ou dans les familles. Issue d’un compromis compréhensible en 1882 mais aujourd’hui organisatrice d’une véritable séparation entre les enfants, cette partition est pernicieuse et nuisible à l’unité de la nation.
Faut-il confier le soin de ce combat au seul président de la république ? L’un des derniers de ses changements de pied, le 18 février 2020, consacrait le terme de séparatisme (il vaudrait mieux parler de subversion ou d’entrisme). Il est démenti le 6 octobre par son remuant ministre de l’intérieur (et des cultes ?) qui annonce un « projet de loi renforçant la laïcité et les principes républicains » ?
Les passages sur les chaînes de radio et de télévision de Jean-Pierre Obin ont été nombreux pendant le mois de septembre 2020 et le phénomène de la diffusion de « morceaux choisis » du rapport de 2004 s’est reproduit. Ce qui intéresse les médias, c’est la montée de l’islamisme et ils dissimulent eux aussi la plupart du temps la poussière sous le tapis. En effet, bien qu’elle soit attaquée nommément dans le livre pour son déni et son laxisme, la droite a trouvé un diagnostic qui l’arrange et a oublié de reconnaître ses responsabilités. La gauche n’a pas brillé par ses analyses, empêtrée qu’elle est dans le piège infernal tendu par la confusion entre les dérives islamistes et la défense laïque de la liberté de culte pour tous, y compris les musulmans.
Cet ouvrage mérite mieux qu’une exploitation assez primaire et sensationnaliste car il fournit des informations essentielles pour que soit redéfinie et précisée, notamment par une ou des lois prenant en compte la réalité contemporaine, l’application du principe de laïcité. Il nécessite une actualisation au regard des enjeux de l’éducation dans une France et une Europe qui cherchent à faire société tout en préservant les acquis d’une tradition de tolérance toujours menacée car elle est destinée à garantir la liberté de conscience.
Richard Etienne
le 15 décembre 2020
pagespage précédente | 1 | ... | 8 | 9 | 10 | 11 | 12 | 13 | 14 | 15 | 16 | ... | 1412 | page suivante