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Une motivation pour comprendre le monde

L’orientation en ES a paru d’ailleurs me concernant s’imposer assez naturellement. En effet, l’option de détermination SES en seconde permet déjà d’avoir une assez bonne idée de la matière que sont les sciences économiques et sociales et donc d’un aspect essentiel du Bac ES. Celui-ci offrant de plus un profil assez diversifié et permettant des poursuites d’études assez vastes, l’intérêt pour les sciences humaines comme l’histoire-géographie ou les SES m’a amené à ce choix de la filière ES. S’il existe bien des élèves qui sont orientés en ES « par défaut » n’étant selon la formule ni suffisamment littéraires pour aller en L ni suffisamment scientifiques pour aller en S, ce cas de figure reste toutefois loin de représenter la majorité des lycéens engagés en série ES.

Pour beaucoup d’élèves de seconde, l’image de la filière ES au moment des choix d’orientation est liée à l’étude des SES, assez peu connues encore puisque c’est un enseignement absent des programmes du collège. Elles jouent bien sûr un rôle central par les horaires importants qui leur sont attribués et le coefficient correspondant lors des épreuves du Bac. Cependant au fur et à mesure que les lycéens découvrent la filière ES ils prennent conscience qu’aucune matière ne peut être négligée et que cette importance des SES ne signifie pas qu’il s’agit de la seule matière capitale pour réussir en ES. Un bon niveau est nécessaire dans toutes les disciplines pour atteindre cet objectif mais le seul critère des résultats scolaires ne suffit pas.

Pour obtenir un Bac ES, mais aussi se sentir bien dans cette filière pendant deux ans, l’intérêt pour l’actualité et une certaine ouverture sur le monde sont évidemment des atouts. Faire preuve de curiosité, aimer lire et avoir de bonnes bases en histoire-géographie constituent également des points primordiaux. Par ailleurs, l’oral est aussi exploité en ES où les épreuves de présentation des TPE sont un entraînement précieux pour d’éventuels concours à venir dans le supérieur par exemple. Assez naturellement toutefois il y a comme dans les autres séries du Bac général peu de mise en pratique des connaissances ou de séances de TP, les cours magistraux sont nombreux, où le savoir-faire en matière de prise de note est bienvenu.

Cependant, les cours de SES arrivent à susciter chez beaucoup une motivation pour comprendre le monde qui nous entoure, les mécanismes de la société et du marché, même si l’intérêt porté aux différentes thématiques du programme varie selon les élèves. En étant en ES, j’ai le sentiment d’avoir l’occasion de parler de thèmes concrets sans qu’il y ait de sujet interdit. Les questions d’actualité peuvent être étudiées, discutées et débattues que ce soit en SES, en histoire-géographie ou en philosophie. Cela apporte une véritable envie de s’intéresser à l’actualité économique mais aussi sociale et politique dont on comprend l’importance. Les élèves de ES sont enclins à s’informer souvent par tous les canaux à leur dispositions, à sans à agir aussi par leurs engagements qui peuvent prendre des formes diverses et sont parfois issus de la connaissance de la société qu’ils acquièrent progressivement dans cette série. Les lycéens qui la choisissent sont donc majoritairement sensibles aux grands phénomènes de société et à l’actualité, ce qui constitue un atout majeur de la filière ES si nous y recevons un enseignement de « matières fondamentales » celui-ci n’exclut pas d’aborder des thématiques plus concrètes bien souvent en prise avec les vécus de chaque élève. La série ES nous forme à réfléchir, à exercer notre esprit critique pour avoir un avis propre.

De plus, des connaissances acquises dans une matière peuvent très bien servir à une autre de ces matières par exemple sur la thématique de la mondialisation traitée à la fois en histoire-géographie et en SES sous des angles différents. C’est d’ailleurs l’une des principales pistes pour développer la filière que d’exploiter les possibilités offertes par l’interdisciplinarité et la mise en relations des enseignements reçus dans les différentes disciplines à laquelle de par son contenu la série ES se prête particulièrement. Cela permet en outre de donner du sens aux cours et une cohérence d’ensemble aux savoirs acquis au lycée.

Je pense par ailleurs, qu’une véritable force de la série ES réside dans la culture générale qu’elle amène. En effet, il est indispensable pour bien réussir en ES non seulement de lire régulièrement la presse mais aussi des livres variés, de suivre des émissions thématiques ou de faire un certain nombre de sorties particulièrement enrichissantes sur un plan personnel.

Quand on rentre en filière ES, on a souvent l’impression de ne se fermer aucune porte et de recevoir des bases de méthodologie qui seront bénéfiques pour nos parcours dans l’enseignement supérieur. En effet, en ES, l’acquisition de solides méthodes est une priorité et s’effectue en continu : comment mobiliser ses connaissances, développer l’esprit de synthèse, faire un plan détaillé, entre autres compétences. Naturellement les élèves au quotidien n’apprécient pas toujours les cours ou les séances de modules consacrés à la méthodologie qui apparaît assez fastidieuse, mais force est de reconnaître l’utilité à long terme de ce travail entamé dès la seconde.

Un des aspects qui m’a convaincu d’aller en série Economique et Sociale, outre l’étude des SES, c’est le volume horaire conséquent consacré à l’histoire-géographie et la philosophie. En effet, pour beaucoup d’élèves de ES le goût des sciences humaines, de la réflexion et de l’ouverture sur le monde qu’elles amènent sont particulièrement importants. Ces matières demandent de plus de justifier ses arguments pour bâtir des raisonnements solides qui soient étayés par des exemples et une démarche logique.

L’ensemble de ces raisons m’a poussé ainsi qu’un certain nombre de mes camarades à m’orienter en ES. De plus, je souhaitais dès la seconde m’orienter dans le supérieur vers une poursuite d’études en droit ou en histoire et la filière ES me semblait la plus appropriée pour poursuivre dans cette voie.

Néanmoins, pour que tous les élèves soient à même de bénéficier pleinement de l’enrichissement intellectuel et personnel qu’elle apporte, la série ES mérite de connaître de vraies évolutions notamment en matière de pédagogie, comme d’ailleurs l’ensemble des enseignements dispensés au lycée. Ainsi les lycéens apprécient en général des heures qui ne ressemblent pas ou moins aux traditionnels cours magistraux et des échanges ou des débats permettant davantage d’interactivité, plaçant réellement l’élève au cœur de son apprentissage.

Les TPE en ES offrent de larges possibilités et apprennent des méthodes de travail utiles en plus de constituer un cadre privilégié pour approfondir l’interdisciplinarité évoquée plus haut. Mais souvent le manque de formation des enseignants à cet exercice particulier empêche pour certains lycéens de retirer le maximum des TPE, d’autant qu’ils n’existent plus désormais qu’en classe de 1ère, ce qui est regrettable de tous points de vue. L’enseignement de l’ECJS également, trop souvent sacrifié après la classe de seconde au profit du « bouclage » du programme d’histoire, a toute sa place au sein des enseignements en ES par les thèmes qu’il introduit et les débats qu’il permet. Exploiter les possibilités de l’ECJS permettrait du point de vue des élèves une meilleure mise en relation des connaissances en même temps qu’une meilleure formation citoyenne.

On a vu ces derniers temps après les déclarations du ministre de l’Education Nationale sur les débouchés de la filière ES ou l’éventualité d’un baccalauréat unique les élèves de ES réagir assez vivement et s’inquiéter de ces annonces dont il est pour l’heure difficile de discerner la signification véritable. Si la série ES a ses défauts qui peuvent être corrigés pour l’améliorer, les lycéens qui la suivent sont attachés à ses spécificités et à ce qu’elle leur apporte. Une remise en cause de son existence même risquerait à n’en pas douter de provoquer de leur part une réaction pour le moins négative.

Léo Moreau, Bachelier ES.