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Un outil : les quatre degrés d’implication

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Pour un élève arrivant en Seconde, il est en général très difficile de se représenter le type de travail personnel qu’il va devoir fournir pour réussir. Si, sur le plan du temps à y consacrer, il peut parvenir à imaginer ce qu’implique une scolarité en lycée général (soit entre une et deux heures de travail personnel journalier en plus des heures de cours), il en va tout autrement pour la qualité de ce travail. L’idée même qu’il peut y avoir différents degrés de qualité dans l’implication personnelle ne va pas de soi pour beaucoup élèves, qui ont une conception exclusivement quantitative du travail personnel.
Estimant accomplir scrupuleusement leur « métier d’élèves » à partir du moment où ils acceptent de consacrer un temps suffisant à leurs « devoirs à la maison », ils sont rapidement déçus si les résultats ne sont pas à la hauteur de leurs espérances. Ils peuvent alors se démotiver, renonçant à pratiquer correctement ce « métier d’élèves », si ingrat et si injustement récompensés, et se retranchant parfois derrière des préjugés (« de toute façon ma tête ne revient pas au prof », « on a toujours été nuls en maths dans la famille », etc) au lieu de mener une réflexion sur la manière dont ils mènent leur travail personnel.

Un outil pour apprendre à être plus efficace

Cet outil a donc pour but d’aider un lycéen de Seconde (mais il peut évidemment être utilisé en Première ou en Terminale) à faire un certain nombre de prises de conscience, qui vont lui permettre d’évoluer peu à peu vers un travail personnel plus efficace.
– Il s’agit d’abord de le faire réfléchir à l’aspect strictement quantitatif (c’est la distinction entre le 1° degré d’implication et les autres) : accepte-t-il de consacrer suffisamment de temps aux « devoirs à la maison » ? Ce temps est-il réparti de manière équilibrée dans la semaine ? Correspond-il le plus possible aux moments de la journée où il est le plus disponible pour travailler ?
– Ensuite, une réflexion peut être menée sur l’environnement dans lequel le travail personnel est effectué (dès le 2° degré d’implication) : la présence du téléphone portable allumé sur le bureau ne risque-t-elle pas de nuire à la qualité du travail ? Si l’ordinateur, la radio, la télévision ou le lecteur MP3 sont en marche, fournissent-ils une aide pour apprendre, procurent-ils simplement un bruit de fond aidant à se concentrer ou bien captent-ils une partie de l’attention au risque de nuire à la qualité du travail ? La présence de camarades de classe est-elle source de stimulation ou au contraire de distraction ? De même pour les parents ou les frères et sœurs, etc.
– Un autre axe essentiel est la réflexion de l’élève sur ce que les professeurs attendent de lui concernant son travail personnel, à des échelles très différentes : pour une tâche précise, dans une matière donnée, et plus largement pour sa scolarité au lycée. Ce domaine de réflexion fait l’objet d’une colonne clairement indentifiable dans l’outil, afin de souligner son importance. Il apparaît en effet comme la différence essentielle entre le 2° et le 3° degré d’implication.
– Enfin, les interrogations menées par l’élève sur lui-même sont évidemment centrales. C’est d’ailleurs la condition nécessaire pour qu’il puisse évoluer, et cet aspect recouvre les précédents.
De manière plus précise, la colonne de droite de l’outil a pour but de susciter une réflexion de l’élève sur ses propres stratégies d’apprentissage : sont-elles adaptées aux attentes des professeurs et à la tâche à effectuer ? L’élève prend-il soin ici de s’appuyer sur ses points forts sur le plan cognitif : habitudes évocatives ou projet de sens ? C’est ici que la mise en œuvre en classe de la pédagogie des gestes mentaux par les enseignants peut aider les élèves à approfondir leur réflexion, à la fois sur eux-mêmes et sur les tâches scolaires auxquelles ils sont confrontés.

Pourquoi 4 degrés d’implication dans cet outil ?

Les 3 premiers degrés correspondent à des situations d’élèves fréquemment rencontrées. Le quatrième, l’ « implication exigeante » est un idéal à atteindre, auquel les lycéens ne parviennent qu’exceptionnellement, ou, pour les plus « brillants » d’entre eux, sans en avoir forcément clairement conscience. Sa présence permet de suggérer jusqu’où l’élève peut mener, avec l’aide de ses professeurs, sa réflexion sur son propre travail personnel.

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Yves Lecocq, Enseignant en histoire-géographie et formateur IUFM en formation continue (pédagogie générale) –
Lycée Augustin Fresnel, Bernay (27) et IUFM de Haute-Normandie
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