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Travail social et analyse des pratiques professionnelles, dispositifs et pratiques de formation

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L’analyse des pratiques professionnelles devient de plus en plus la méthode de référence en formation professionnelle comme en témoigne le dossier de notre numéro 416. Ce cinquième volume de la série initiée par Claudine Blanchard-Laville et Dominique Fablet le confirme et l’approfondit dans le vaste secteur du travail social. Même si cette appellation et ce champ souffrent de quelque ambiguïté conceptuelle, l’enseignement étant réservé à un autre domaine, les contributions des auteurs confirment ce que l’on savait déjà : décrire « un instant de sa pratique quotidienne qui lui a posé problème » (p. 30) permet à tout un chacun de développer ses compétences en travaillant sur les allant de soi et en ébauchant quelques « clés de lecture » (p. 43).
Cet ouvrage illustre aussi le fait que l’on passe rapidement, trop sans doute, sur le terme d’analyse compris comme un récit oral ou écrit de sa pratique plus ou moins soumis à un travail social de compréhension. La contribution de Patricia Vallet répond pour partie à cette critique en essayant de traiter la question des pratiques et de l’analyse dont on parle en formation initiale des assistantes sociales. Elle se fonde sur les définitions de Jacky Beillerot publiées dans le numéro 346 et disponibles sur le site des Cahiers depuis septembre 2003 pour introduire une typologie à partir des buts et effets poursuivis en formation. Une nouvelle fois, la dérive thérapeutique est écartée avec de solides arguments quand bien même sont repérées des conséquences en termes de mieux-être professionnel et personnel. C’est donc bien d’un « travail d’équilibriste » (p. 103) que se chargent le formateur, son institution et le groupe.
Malgré ces précautions qui situent le travail dans le champ de la formation et non de la psychanalyse, certaines contributions comme celle de Jean-Luc de Saint-Just s’y réfèrent explicitement et presque exclusivement. Même si l’on comprend l’intention de l’auteur, gagne-t-on en clarté à signifier que « les groupes d’analyse de pratiques sont obligatoires pour les étudiants qui ont comme consigne paradoxale de s’y impliquer » (p. 125) ? Cette question de la présence obligatoire ou non est trop importante pour la traiter par le paradoxe destiné à faire réfléchir. L’influence de la psychanalyse et de Lacan sert de signe de reconnaissance culturelle mais peut entraîner des résistances qui détermineront des stratégies d’évitement de la part des personnes et des groupes en formation initiale placés devant une injonction contradictoire.
Enfin, Dominique Fablet confirme l’étroite liaison entre l’analyse de pratiques et la professionnalisation d’un secteur d’activités en prenant appui sur la formation des éducateurs dont la constitution en filière se lit aussi bien dans les retards mis à se professionnaliser que dans la création d’une « culture entre soi ». Se dégageant des influences psychanalytiques sans les renier, « On a tout lieu de penser que ces traits perdureront, même si on a tout lieu de penser que les professionnels sauront se montrer réceptifs à d’autres sources susceptibles de contribuer à l’affirmation et au renforcement de leur identité professionnelle. » (p. 180)
Cela revient à affirmer que l’analyse de pratiques, bien au-delà d’une technique de formation, touche au sentiment d’appartenance et permet la création ou l’évolution des habitus qui caractérise un groupe social. On ne saurait en trouver une meilleure illustration dans les nombreux points de cet ouvrage collectif qui peuvent être repris en formation initiale et continue des personnels d’enseignement et d’éducation.

Richard Étienne


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