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Sociologies du sport

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Si vous êtes universitaire, en particulier enseignant chercheur dans le domaine des STAPS, les sciences humaines ou de l’éducation, en sociologie, voire en philosophie, vous allez trouver là, dans cette réflexion/argumentation épistémologique sur la théorie du champ sportif (P. Bourdieu) et la théorie critique du sport (J.-M. Brohm) de quoi alimenter vos propres recherches ou découvrir un nouveau domaine dont vous étiez loin de soupçonner la richesse théorique à partir des pratiques sportives modernes que tout le monde croit connaître, tant elles sont banales et idéologiquement présentées comme neutres.

Or, il vous apparaîtra immédiatement que ces  » pratiques des pratiquants  » sont plus philosophico-politiques, que culturelles ou techniques. Notre société du spectacle sportif étouffe et marque, par la publicité et avec l’aide des journalistes, les fondements capitalistes du sport moderne.

L’essentiel porte sur la place dominante, presque en situation de monopole scientifique, de la théorie du champ sportif, rejetant toujours, avec des stratégies diverses, la théorie critique du sport en dehors des limites du domaine scientifique qu’essaye de définir, depuis peu, la sociologie du sport. C’est bien fait, bien présenté et sans mêler la polémique et l’argumentation scientifique.

Si vous êtes un enseignant ordinaire d’école, de collège ou de lycée, vous serez attiré par tout le reste, par tout ce qui est rappelé pour soutenir la démonstration.

Le sport est au cœur du dispositif politico-économique de nombreuses nations en tant que  » positivisme institutionnalisé du corps « . Faire du sport c’est répondre, avec la bourgeoisie, aux questions posées par le mal-vivre des jeunes et des chômeurs, aux demandes de loisirs des classes aisées et aux besoins intermittents d’émotion collective. Ce sont, comme partout ailleurs, les pratiques des classes dominantes qui régulent l’ensemble du dispositif,  » par la force mue ou la force symbolique « .

 » C’est par l’introduction massive du sport à l’école que l’État assurera son emprise  » avec l’aide inespérée de la télévision.  » Le sport renvoie à la société capitaliste qui est son sens « . Le sport, pour J.-M. Brohm, est le reflet de nos sociétés et un des meilleurs analyseurs de leur fonctionnement.  » Le sport a cette particularité de fonctionner à la violence Il rejoint la guerre dans la fascination morbide.  »

Et je citerai encore, pour faire réagir certains, Henri Vaugrand dans son chapitre sur le nationalisme sportif.  » La récente communion franchouillarde lors de la victoire de l’équipe de France de football en finale de la coupe du monde en 1998 n’est qu’un exemple attristant de cette sinistre illusion communautaire vite anéantie par le retour à l’existence quotidienne.  »

Je n’ose pas poser la question de savoir s’ils étaient dopés !

Le sport  » est une chose éminemment sociale  » comme disait Durkheim en parlant de la religion.  » Je propose de le considérer comme un  » phénomène de pathologie sociale  » (E. Durkheim, Le suicide) soit un ensemble concret de pratiques, d’institutions, de discours et de représentations symptomatiques de la crise de notre société.  »

Il est toujours difficile de dénoncer le sport et ses méfaits. Faites-en l’expérience, chez vous ou à l’école. Vous passerez vite pour un hurluberlu. C’est pourquoi j’ai toujours considéré ceux qui le font comme des gens utiles, nécessaires, tant est épaisse la couche d’a priori qui nous empêche de voir.

Je ne vous ai pas donné, ici, l’important de ce livre qui reste l’étude comparative des deux modes de compréhension du sport moderne : la théorie du champ sportif et la théorie critique du sport. J’ai préféré vous signaler ce qui pouvait intéresser tout le monde, c’est-à-dire les prises de position sur le sport et l’évolution des pratiques sportives. Il ne s’agit pas de règlements de compte, auxquels avait participé Henri Vaugrand dans le Traité critique d’EPS (1994) que j’avais présenté dans la Revue L’École émancipée, n° 11 du 25 mai 1994. J’avais d’ailleurs eu droit, de la part d’un certain Frédéric Baillette, à une volée de bois vert (p. 17) que je considère toujours comme injustifiée. Je dirais même que le ton général est très universitaire pour bien marquer  » l’intégralité intellectuelle de la démarche « .

Jacques Carbonnel


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