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S’il vous plaît, l’Occitanie c’est où ?

Elle occupe approximativement un tiers du territoire français méridional, quelques vallées piémontaises d’Italie et le Val d’Aran en Espagne. La population de locuteurs naturels vieillit et décroît. Aussi l’usage de l’occitan est-il de plus en plus relayé par une pratique linguistique reconquise, volontaire et militante, généralement transmise par médiation scolaire, ainsi que par quelques incursions dans les médias et une place plus significative dans les groupes artistiques (théâtre et musique) – et une production littéraire.

À l’époque médiévale et ce jusqu’au XVe siècle, l’existence d’une graphie unifiée est attestée tant dans les manuscrits littéraires des troubadours que dans les usages administratifs. Peu à peu cet usage écrit décroît jusqu’à l’édit de Villers-Cotterêts (1539) qui marque symboliquement la perte définitive des usages écrits et registres hauts de la langue. Dès lors la production écrite se caractérise de plus en plus par un rapport diglossique [[On entend par diglossie la présence dans une société donnée, de deux langues en contact, avec des statuts inégaux : la langue dominante étant réservée aux usages “ nobles ” (écrit, administration…), la langue dominée étant cantonnée à l’oralité et aux usages intimes.]] au français et l’unité graphique se perd. Cependant, il faut attendre la scolarisation massive (fin du XIXe siècle) pour voir se mettre en place un processus massif de substitution linguistique du français à l’occitan dans l’usage oral.

Des tentatives de normalisation graphique auront lieu, d’abord au XIXe siècle, avec le Félibrige [[Le Félibrige s’organise d’abord en Provence, puis s’étend progressivement sur tout l’espace occitan.]] (créé en 1854), autour de Frédéric Mistral, puis au XXe siècle, en particulier autour d’Alibert (1935). Il en résultera les deux systèmes graphiques actuellement en vigueur :
– La graphie dite « mistralienne », aujourd’hui essentiellement limitée à la Provence
– La graphie dite « classique », en usage sur l’ensemble de l’espace occitan, y compris chez les occitanistes de Provence. Cette dernière graphie, essentiellement étymologisante, s’adapte à l’ensemble des dialectes occitans dont elle conserve certains des traits distinctifs. (Elle permet de prendre en compte les variations dialectales majeures).

L’occitan se subdivise en trois grands ensembles dialectaux : occitan méridional (languedocien et provençal), nord-occitan (limousin, auvergnat, vivaro-alpin), et gascon. Si l’intercompréhension dialectale n’est pas toujours facile pour des locuteurs naturels marqués par le complexe diglossique, les enseignants d’occitan essaient de faire prendre conscience à leurs élèves de l’unité de la langue dans la diversité en leur donnant accès, à partir d’une connaissance de base du parler local, d’autres réalisations linguistiques écrites et orales.

Hervé Lieutard, Université de Montpellier.