Les Cahiers pédagogiques sont une revue associative qui vit de ses abonnements et ventes au numéro.
Pensez à vous abonner sur notre librairie en ligne, c’est grâce à cela que nous tenons bon !

« Rue des écoles » sur France Culture

Qu’est-ce qui a présidé à la programmation de cette émission ?

Il y a deux ans, j’avais évoqué avec Laurence Bloch, directrice adjointe de France Culture, le fait qu’il n’y avait plus d’émission sur l’éducation sur notre antenne et, en juin dernier, la direction m’a proposé de réfléchir à un concept sur ce sujet pour la rentrée. L’émission s’inscrit dans la case « question d’époque », tous les jours de la semaine à 11h. En toute logique Rue des écoles a été programmée le mercredi.

À quoi tenez-vous particulièrement dans sa mise en œuvre ?

En créant Rue des écoles je tenais particulièrement à faire une émission qui s’adresse à tous, l’enseignement est un sujet qui peut intéresser tout le monde puisque chacun est à minima un ancien élève. Je travaille donc avec un grand souci de pédagogie. Par exemple je veille à ce que les intervenants expliquent les termes techniques et décodent le jargon qui sévit parfois dans l’Éducation nationale !
Il me tient à cœur de faire une émission vivante dans laquelle là parole circule, enfin et surtout j’espère que les auditeurs peuvent apprendre des choses en écoutant Rue des écoles.

Chaque émission est bâtie sur la même trame : question d’actualité, dossier, chronique de Claude Lelièvre, livres. Si les questions d’actualité sont données par le contexte comment s’opère le choix des sujets de dossiers ? Celui des livres ? Claude Lelièvre a carte blanche pour sa chronique ?

En ce qui me concerne, le sujet du dossier est toujours plus ou moins connecté à une actualité proche, même si elle n’a pas fait la une. Par exemple c’est en lisant une tribune de Jean-François Copé sur la question que j’ai voulu consacrer un numéro de Rue des écoles à l’enseignement de la langue arabe en France en octobre dernier.
Et puis, au-delà de l’intérêt porté à une question donnée il me faut aussi trouver des intervenants pertinents, et c’est une grande partie du travail en amont. La constitution de la table ronde nécessite une réflexion préalable pour que les points de vue soient incarnés et défendus et que les échanges permettent aux auditeurs d’appréhender le sujet même s’il leur est totalement étranger au départ, et éventuellement de se faire une opinion sur la question. Pour le dire autrement : à la radio, dans un dispositif comme le nôtre, ce sont les invités qui « font » l’émission.
En ce qui concerne Claude Lelièvre et Marianne Blanchard c’est justement leur grande qualité que de trouver des idées de « cartes blanches » et des livres qui apportent à chaque fois des informations ou des éléments de réflexion inédits. Ils ont tous deux, bien évidemment, toute liberté dans le choix des sujets.

Qu’est-ce que le recul d’un trimestre vous donne comme éléments d’analyse sur les questions aiguës qui traversent l’école aujourd’hui ?

C’est un peu un lieu commun, mais c’est vrai : la société demande beaucoup à l’école ! Instruire mais aussi former le citoyen, prendre en charge l’intégration sociale c’est énorme. Aucun service public n’a de mission si vaste, et dans notre société inquiète, l’école devient un lieu de tension et cristallise beaucoup d’angoisse.
D’une façon générale, les débats autour des questions éducatives, tels qu’on les voit repris dans la presse, sont assez crispés et parfois caricaturaux. Dernier exemple ; la polémique autour de l’Histoire Géographie en option en Terminale S ! J’essaie donc de faire parler les acteurs de l’éducation nationale et les observateurs les plus avisés pour que, au-delà des polémiques, l’émission permette de comprendre au plus près la réalité des établissements en France aujourd’hui et les réflexions de ceux qui travaillent dans le secteur éducatif.
Je relève aussi qu’on en revient quasiment toujours aux questions de mixité sociale et d’égalité des chances. Quel que soit le sujet abordé, le problème est soulevé par tous les acteurs de l’éducation et les experts de tous bords politiques.
Quant à mon analyse sur l’école d’aujourd’hui, je m’efforce de conserver une certaine neutralité journalistique, lorsque je suis derrière le micro, je me dois d’apporter des éléments de réflexion, de contradiction, mais il ne s’agit jamais d’exprimer mon point de vue personnel.

Ces quatre mois d’émission vous ont déjà fait rencontrer de nombreuses personnalités : quel invité(e) vous a particulièrement intéressée ? pour quel dossier auriez- vous aimé avoir deux heures d’émission ?

Le recteur de l’académie de Créteil, Jean-Michel Blanquer était un invité passionnant. Une interview plus longue aurait permis d’aborder davantage de sujets et aussi de le pousser plus loin dans ses retranchements, il y a énormément à dire sur les expériences menées à l’académie de Créteil et les questions qu’elles soulèvent.
D’ici la fin de l’année, je voudrais aussi inviter des pédagogues, des chercheurs qu’on entend finalement assez peu aujourd’hui mais qui continuent à travailler et qui ont beaucoup à dire sur l’éducation et la transmission du savoir aujourd’hui. Je prévois d’inviter Roland Goigoux, par exemple. Et puis je vais consacrer bientôt une émission sur les différences de réussite scolaire entre les filles et les garçons. Un sujet plus complexe qu’il n’y paraît car les hommes continuent d’avoir des carrières professionnelles plus valorisées et mieux rémunérées. Peut-être parce que tout en donnant de bonnes notes aux filles, l’Education nationale continue de perpétuer un certain modèle de distribution des rôles en son sein, dans les programmes et dans la société… C’est une question qui sera posée prochainement dans Rue des écoles.

Propos recueillis par Nicole Priou.

Programmation 2014-2015

Programmation 2014-2015

Rue des écoles sur le site de France Culture