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Revue de presse du dimanche 7 février 2021

Illustration de Fabien Crégut

Concert de blues

Pas de nouveau confinement (pour le moment) mais un nouveau protocole. Le journal du redéconfinement proposé par Les Jours fait le point sur les nouvelles mesures dans un contexte où « Les cas de grand n’importe quoi se multiplient sur ce qu’il faut faire dans les écoles : cas contact sans fermeture de classe, sécurité aléatoire d’un établissement à l’autre ». Le rythme s’accélère comme le constate Le Midi Libre dans l’Aude « Changement de décor ce vendredi 5 février, avec un nombre de classes revu à la baisse (5), mais cette fois cinq écoles et un collège du département fermés. » L’Obs comptabilise en France « 934 classes sont fermées en raison de cas de Covid-19 ».
« Covid-19 : moins concentrés, plus bagarreurs et soucieux… Les enfants sont eux aussi bouleversés par la pandémie », alertent des professionnels de l’enfance, enseignants comme psychologues.
Pendant que Jean-Michel fait le zouave selon l’Humanité, localement les équipes éducatives cherchent des solutions pour respecter les directives récentes. « Afin d’appliquer les nouvelles règles, comme la distance entre les élèves, le collège-lycée La Fontaine n’a pas eu d’autre choix que d’aménager l’espace habituellement dédié au sport et de faire appel à des parents bénévoles pour assurer la surveillance  » rapporte Alexis Morel sur le site France-Info.
La pandémie se rajoute aux restrictions de moyens. « On n’imagine pas l’énergie qui est déployée par ces enfants, par les adultes qui les entourent, par un établissement. Mais même les plus grandes volontés rencontrent leurs limites quand elles mènent trop de batailles, et qu’elles sont trop seules. », témoigne une enseignante dans une tribune publiée par Libération où elle raconte le quotidien d’un collège classique meurtri par la mort d’un élève victime d’une guerre des quartiers.
A Givors, deux enseignants sont en grève de la faim. « Par notre action collective, par notre mobilisation, par notre grève de la faim, nous crions à la République à quel point nos élèves comptent pour nous. Nous voulons avoir les moyens de les accompagner, de les aider à grandir… et ce quoi qu’il en coûte« .
A Caen, des chefs d’établissement ont manifesté mercredi devant le rectorat. «Ils s’inquiètent des suppressions de postes annoncées pour la rentrée prochaine, alors qu’ils doivent faire face aux difficultés scolaires liées à la crise sanitaire. » explique fr/infos/education/education-nationale-les-proviseurs-et-les-principaux-manifestent-a-caen-1612370436″>France-Bleu Normandie.
Les personnels de l’Education Nationale étaient appelés à faire grève et manifester ce mardi. Un mouvement peu relayé dans la presse. « Gestion calamiteuse de la crise sanitaire, conditions d’enseignement dégradées, salaires en berne, suppressions de postes incessantes… les motifs de la colère étaient vastes  » précise l’Humanité. Alexis Morel pour Radio France consacre un reportage aux raisons de cette colère.
La lassitude n’épargne pas les professeurs de l’enseignement supérieur assignés derrière leur écran pour cause de distanciel. « Il n’est pas dans notre tradition de nous plaindre. En tant que professeurs des universités, nous avions un statut considéré comme élitiste qui, aujourd’hui, ne correspond plus du tout à la réalité  », témoigne Sébastien Saunier, enseignant à Toulouse 1 Capitole.


Illustration de Fabien Crégut

Illustration de Fabien Crégut

Dissonances

« Appartenance syndicale, pratiques culturelles et électorales sont de plus en plus différenciées dans le corps enseignant, comme le montre une enquête de l’IFOP pour la Fondation Jean Jaurès. » La fin d’une culture commune chez les enseignants est annoncée par Le Monde.
Pour les jeunes enseignants, le COVID complique encore plus la donne. « Absence de lien avec les collègues, directives changeantes, rapport aux élèves bouleversé… les conséquences de la pandémie rendent le début de carrière encore plus délicat. » Violaine Morin souligne l’incidence des difficultés de la communication distante ou à distance sur l’entrée dans le métier.
Une entrée qui sera quelque peu différente l’an prochain avec la nouvelle formule du CAPES. « Deux ou trois épreuves d’admissibilité et deux épreuves d’admission, dont un entretien « sur la motivation du candidat et son aptitude à se projeter dans le métier de professeur » explique vousnousils, rajoutant « Ces nouvelles épreuves ne font pas l’unanimité auprès des enseignants ».
Ces expressions de mal-être et d’incompréhensions semble résonner dans le vide comme les réponses formatées et déconnectées de la secrétaire d’État chargée de la Jeunesse, Sarah El Haïry, à la détresse des étudiants relayée par le Youtubeur Hugo Travers. « Semblant débiter un catéchisme républicain, s’appuyer sur des éléments de langage et vendre les dernières mesures gouvernementales – « 1 jeune, 1 solution » – comme un sésame, rien n’y fait.  » commente Télérama.
Pourtant, « En réalité, il n’est pas difficile d’imaginer les conséquences graves que peut avoir la crise sanitaire sur l’état psychologique et matériel de nombreux étudiants » écrit le sociologue Olivier Galland. Loin de l’image d’Epinal, il existe des difficultés psychologiques inhérentes à la vie étudiante, l’isolement d’une vie distante et confinée les amplifie.
« Ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, Paris Ve. Dans le bureau de Frédérique Vidal, malgré les piles de dossiers, l’ambiance est apaisée et la ministre, sereine en apparence. Très. Trop.  », contraste saisissant décrit par le ncid=fcbklnkfrhpmg00000001″> Huffington Post entre la sérénité d’une « Ministre fantôme » et le chaos ressenti par nombre d’étudiants et d’enseignants du supérieur.
«En 90 pages documentées Saïd Benmouffok, professeur de philosophie, fait un portrait sans concession du ministre JM Blanquer et propose une vision d’ensemble de son action, très sombre » dans « le fiasco Blanquer » dont Lucien Marboeuf fait la recension. A la lecture, tout semble d’une logique imparable, de la mise au pas d’une institution à l’empreinte très droitière d’une politique éducative.


Harmonies

Allons sur le versant positif. Pas réellement au départ puisqu’il est question de l’expulsion d’une famille. Mais, la mobilisation d’une école toute entière met du baume au coeur. A Paris, un mouvement de solidarité s’est construit pour « Une enfant pleine de ressources, volontaire, qui ne cesse de progresser malgré les difficultés, la fatigue des trajets, la crainte d’une expulsion. » témoigne son enseignant. On leur souhaite de réussir pour que Fatimate puisse grandir et apprendre sereinement.
Regardons aussi la créativité des enseignants, celle qui permet par exemple de poursuivre le dialogue entre élèves de différents pays malgré l’impossibilité de se rencontrer en vrai. Pilar Carilla et Cécile Morzadec racontent comment « des enseignants français, belge et espagnols ont trouvé des moyens pour que les rencontres entre leurs élèves aient bel et bien lieu, malgré l’impossibilité de se déplacer du fait de la situation sanitaire  ». Bonne idée que de faire vivre malgré les aléas le programme ERASMUS qui constitue une belle réussite européenne. « Dix millions de personnes ont bénéficié du programme Erasmus depuis sa création en 1987.  », l’objectif est de doubler le nombre de bénéficiaires en sept ans en touchant de plus larges publics : apprentis, lycéens, adultes en formation par exemple.
Les salles de spectacle sont fermées certes mais l’art continue de s’épanouir en milieu scolaire. «Vingt-cinq terminales du lycée agricole La Touche à Ploërmel dans le Morbihan viennent de recréer, en posant devant un appareil photo, des peintures classiques. Des œuvres qu’ils ont choisies pour magnifier la vie rurale  » raconte le Journal du Dimanche. L’école est un refuge pour les troupes de théâtre . « Comme partout en France, les théâtres subventionnés parisiens continuent à accueillir des artistes en résidence et, surtout, à mener des actions culturelles en milieu scolaire. » peut-on lire aussi sur https://www.msn.com/fr-fr/actualite/france/covid-19-les-th-c3-a9-c3-a2tres-ferm-c3-a9s-des-troupes-jouent-dans-les-c3-a9coles/ar-BB1dnL0g »>le site du JDD.
« Je suis complètement admirative de ce que les communautés éducatives mettent en œuvre. », Barbara Martin nourrit son optimisme avec la vitalité des enseignants et l’élan de la jeunesse. Elle fait partie de ces chefs d’établissement pour qui la co-construction et l’égalité des chances ne sont pas des vaines expressions.
Alors, oui co-construisons. Un nouveau souffle viendra peut-être d’une mobilisation collective pour la démocratisation de l’école à l’heure où « Notre école a plus que jamais besoin d’humanité, de justice, d’échanges et de coopération  » comme le constate le collectif Jean Zay dans une tribune publiée dans Libération. « Commençons donc par admettre que toutes celles et ceux qui sont sur le terrain ont quelque chose à dire à ceux qui les dirigent – et non seulement l’inverse – et que les élèves eux-mêmes, ainsi que leurs parents doivent être associés aux réflexions.  » sonne comme un appel à contributions auquel vous pouvez répondre sur la plateforme du collectif.

Monique Royer aux manettes cette semaine pour l’équipe revue de presse des Cahiers Pédagogiques


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Sur la librairie des Cahiers Pédagogiques

N° 562 :Profs, exécutants ou concepteurs
Dossier coordonné par SABINE COSTE ET NICOLE PRIOU
n° 562 juin 2020
Comment les enseignants, individuellement et collectivement, interprètent-ils des textes officiels apparemment intrusifs de manière à stimuler leur créativité ? Comment s’approprient-ils des situations matérielles, organisationnelles, sociales fortement contraignantes ?
Construire ensemble l’école d’après
Sylvain Connac – Jean-Charles Léon – Jean-Michel Zakhartchouk
Edtions ESF – Prix 18,00 €
L’école « d’après », un vain slogan, un conte de fées pour ceux qui penseraient que, aux lendemains de la crise sanitaire, une autre école va naître, plus juste, plus en prises avec le monde ? Ce livre, coordonné par des pédagogues engagés, et fruit d’un travail collectif avec le réseau du CRAP-Cahiers pédagogiques, contient de nombreuses propositions pour passer du slogan à la mise en œuvre : comment utiliser à bon escient les outils du numérique, comment modifier programmes et pratiques pour penser le monde actuel (parcours santé, esprit critique…), comment intégrer le respect de l’environnement dans le quotidien de l’école, comment prendre mieux en compte les familles, comment au quotidien, lutter contre les inégalités.
N° 539 – Pouvoir d’agir et autonomie, de l’école au lycée
Dossier coordonné par Michèle Amiel et Gwenaël Le Guével
septembre 2017
Prendre des initiatives, engager un processus de décision, animer une équipe, mettre en place une innovation, etc. Est-ce le domaine réservé du directeur d’école, de l’IEN, du chef d’établissement ? Au bout du compte, l’augmentation du pouvoir dans un établissement autonome, c’est celle du chef ou celle des personnels ?

N° 530 – Former les futurs citoyens
Dossier coordonné par Laurent Fillion et Pascal Thomas
juin 2016
Mise en place du nouveau socle commun, de l’enseignement moral et civique : l’éducation à la citoyenneté, thème souvent abordé par les Cahiers pédagogiques, revient au cœur des préoccupations. De quelle éducation à la citoyenneté parle-t-on ? Comment ne plus la confondre avec une éducation au civisme et à la civilité ?