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Questions actuelles en lecture…

Alain Bentolila fait le point sur la guerre des méthodes et développe précisément ses propositions pour la « méthode intégrale ».
Extrait :
« La liberté pédagogique (…) est plus prometteuse et dynamique si elle développe trois aspects essentiels de l’apprentissage de la lecture, parallèlement et de manière régulière et continue : l’aspect le plus spécifique de l’apprentissage de la lecture, enseigner l’identification des mots ; un aspect plus transversal, l’apprentissage de la compréhension ; et ce qui donne du sens à la lecture, les pratiques culturelles de l’écrit. (…) On ne peut que rappeler l’objectif de l’enseignement de la lecture : permettre la compréhension de ce qui est lu. Mais cet objectif doit être atteint en exploitant minutieusement, opiniâtrement, toutes les composantes de la lecture, de manière intégrée, c’est-à-dire parallèlement tout au long de l’élémentaire. Cette méthode « intégrale » : identification des mots par une démarche phonique + apprentissage de la compréhension des textes + mises en pratiques culturelles de l’écrit, n’est pas un apprentissage mixte, mais bien un apprentissage complet.

Roland Goigoux (IUFM d’Auvergne) revient en détail sur sept erreurs récurrentes au sujet de la lecture… et répond au ministre en même temps.
Extrait :
« Pour justifier sa campagne de restauration de la méthode syllabique, le ministre reproche à toutes les autres méthodes de faire « commencer l’apprentissage de la lecture par une approche globale pendant plusieurs semaines, pour n’en venir qu’ensuite à la découverte des syllabes ». [Or] l’analyse de l’activité professionnelle des instituteurs de cours préparatoire révèle que, de septembre à mars, ceux-ci consacrent le plus clair de leur temps à apprendre aux élèves à mettre en relation des graphèmes et des phonèmes, en lecture comme en écriture.
Mais ils ne font pas que cela. La majorité d’entre eux adopte des démarches intégratives qui associent décodage, compréhension, production et acculturation. La conviction de ces instituteurs est que l’école ne doit pas déléguer aux familles des pans entiers de l’enseignement si elle ne veut pas contribuer à accroître les inégalités sociales. Se limiter au B-A BA est de ce point de vue « tout aussi inacceptable que ne pas le prendre sérieusement en charge ».

Jean-Pierre Astolfi (université de Rouen) intervient sur les idées fausses en pédagogie et leur étonnante persistance.

Le débat relancé par le ministre de l’Éducation nationale sur les méthodes de lecture ressemble à une sorte de « menace fantôme ». Plusieurs ministres ont dit la même chose avant lui ; d’autres, sans aucun doute, le rediront après. Cela relativise les choses… Mais, ne nous le cachons pas, ce sentiment de certitude que tout le mal vient de « la méthode globale » est partagé par une bonne partie de l’opinion, même (surtout ?) par ceux qui ignorent ce qu’elle est réellement. Il s’agit d’une intime conviction forte et inébranlable, comme telle inaccessible au débat. Regardons-la comme un analyseur des nombreuses fausses évidences, indéracinables en éducation, qui peuplent notre inconscient collectif.