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Quelles ressources pour quelles pratiques ?

1. Se construire un annuaire

L’actualité, un point de départ

La presse se fait régulièrement l’écho des dernières mesures en faveur de l’environnement, des expériences remarquables conduites en France ou à l’étranger ou encore d’analyses fouillées sur les questions de développement durable sur l’ensemble de la planète (rubrique « Planète » du journal Le Monde, « Vert » du Figaro ou encore « Terre » de Libération…). Il est souvent possible de trouver des entrées pour travailler sur des études de cas. Le journal Le Monde par exemple a interrogé un spécialiste reconnu des enjeux liés à l’eau. Il évoque pour la première fois l’existence d’un pic de l’eau (ou plus précisément un « pic écologique »), par analogie au pic pétrolier (« peak oil »), qui correspond au maximum de production avant le déclin de la ressource. Les conclusions de l’article peuvent permettre une excellente généralisation après une ou plusieurs études de cas en géographie en classe de seconde. L’actualité des livres concernant le développement durable est une autre piste. On peut partir des moteurs de recherche en tapant des mots clés. On accèdera là souvent au site des éditeurs et à une présentation succincte des ouvrages. On a tout intérêt alors de consulter des comptes-rendus de lectures que diffusent de nombreux sites associatifs souvent bien informés tels les clionautes ou encore les cafés pédagogiques .

Les émissions comme les actualités télévisées permettent aussi d’étoffer sa documentation et sa formation. Le C.N.D.P. propose sur son site un petit guide des émissions télévisées comportant un intérêt pédagogique. Chaque semaine, certaines sont accompagnées de pistes de réflexion ou d’utilisation avec les élèves réalisées par des enseignants. Attention cependant à ne pas sombrer dans le catastrophisme ou le spectaculaire ! France 2 a par exemple diffusé, en février 2009, un documentaire fiction, au demeurant très bien réalisé, intitulé « les temps changent ». L’objectif affiché de ses concepteurs était de vulgariser des projections scientifiques de laboratoire afin que chacun se « responsabilise » (« imaginer le pire, c’est avant tout réfléchir pour l’éviter » affirmaient-ils). Ce documentaire avait tout d’un objet pédagogique idéal, et pourtant… Les discours catastrophistes peuvent enlever tout projet, voire tout espoir pour un avenir meilleur. Le débat qui a suivi l’émission fut le théâtre de la grande leçon de morale télévisée. Tout était fait pour effectivement nous responsabiliser mais aussi pour nous culpabiliser davantage… Il revient souvent au professeur de permettre de resituer dans leur contexte et dans leur complexité les sujets abordés, sans d’ailleurs donner des réponses toutes faites. Il convient en effet de stimuler l’esprit critique des élèves.

Les sites Internet, nécessité de se fixer des repères

Les sites Internet sont légions. On peut les diviser en deux grandes catégories : les sites institutionnels et associatifs. Voici ceux qui peuvent être considérés comme incontournables.
Sur les sites Eduscol et Educnet, l’enseignant trouvera les textes officiels (le B.O. est aussi relayé), une sitographie, des actions entreprises et les dernières nouveautés en matière d’éducation à l’E.D.D. Un certain nombre d’académies ont fait des efforts pour renouveler ou créer leur site dédié à l’E.D.D. On remarquera tout particulièrement pour leur richesse et leurs mises à jour régulières : le pôle national de compétence de l’Académie d’Amiens qui propose de nombreux liens et activités pédagogiques autour du développement durable sous une interface très soignée, le site de l’académie de Paris, le site de l’académie de Grenoble ou encore le numéro 96 du 5 février, premier numéro de l’année 2009 de la revue électronique de l’académie d’Aix Marseille, consacrée en grande partie à l’éducation au développement durable. Le site Géoconfluences offre des mises à jour et des compléments de leur dossier « Le développement durable, approches géographiques ». La lettre du Grenelle de l’environnement, publiée par le site du Grenelle de l’environnement, revient sur l’actualité récente des mesures prises pour l’environnement.

Site consacré au développement durable, AGORA21 se veut une place publique virtuelle d’informations et de débats sur le monde de demain. L’association communication et information pour le développement durable veut favoriser la communication dans la mise en œuvre de démarches de développement durable. La RevueDurable est la première revue de vulgarisation francophone sur tout ce qui touche à l’écologie et au développement durable. Elle offre une approche rigoureuse à cette notion qui suscite un grand intérêt en même temps que des interrogations et de nombreuses critiques. Le journal du développement durable propose un journalisme d’investigation qui l’amène à travailler particulièrement les faits de société. L’agence fournit des articles, photos et reportages à 106 quotidiens, magazines, journaux professionnels et télévisions.

2. Quelles mises en œuvre possibles ?

Observer ce que font les autres

Certains sites spécialisés relatent des expériences mises en œuvre dans les classes. Pour aider les enseignants et les éducateurs à travailler sur l’E.D.D. avec leurs élèves, de plus en plus de publications apparaissent, comme des guides en ligne composé de mises au point théoriques, de fiches thématiques et de fiches d’activités à mettre en œuvre avec les élèves et les enfants (voir un exemple sur le site de l’académie de Dijon). Une exposition virtuelle telle Clim’city , site ludique et original a donné lieu sur le site de l’académie de Dijon à une expérience conduite avec des élèves de seconde. Les retours sur expérience sont de plus en plus nombreux. Les sites cités plus haut permettront de suivre leur actualité. Régulièrement enfin se tiennent des manifestations autour du développement durable, sous la forme de colloques, de conférences ou d’initiatives diverses des collectivités territoriales ou des associations. Le calendrier des sciences sociales, le site des cafés pédagogiques et la presse locale en général nous donnent les informations nécessaires.

Un exemple de mise en œuvre avec Climcity : jouer en classe

Le site offre la possibilité de visiter une exposition ou de jouer appelée « modules ». Chaque module reprend le même environnement graphique : le module « EXPO » permet d’informer, le module « JEU » permet de simuler des réductions de GES et des adaptations aux changements climatiques. De manière ludique les élèves du collège au lycée peuvent répondre à des questions aussi variées que : comment et pourquoi le réchauffement de la planète s’accélère-t-il ? Quel climat en 2100 ? Quelles activités humaines participent le plus aux émissions de gaz à effet de serre ? Comment réduire ces émissions ? Quels sont les impacts actuels et futurs des changements climatiques sur les écosystèmes ? Comment l’Homme pourra-t-il s’adapter aux futures conditions climatiques ? Le jeu permet une véritable simulation en fonction des choix opérés par les joueurs. C’est une manière tout à fait plaisante pour les élèves d’être sensibilisés aux différents aspects du développement durable dans son aspect global. Le jeu s’inscrit en effet dans la dimension du « penser globalement pour agir localement ». Le contexte du jeu est clair : les scientifiques du GIEC (Groupement Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat) ont conclu dans leur dernier rapport de 2007 qu’«il est très vraisemblable que l’Homme soit responsable de l’accélération du réchauffement observée au 20e siècle ». Gaz à effet de serre rejetés dans l’atmosphère par les activités humaines provoque un réchauffement trop rapide de la terre.

Le jeu Clim’City® se déroule dans une région industrialisée de type occidental. Placés en situation d’acteur les élèves doivent constituer un plan climat pour lutter contre l’évolution du climat (sans action de leur part, les consommations d’énergie et les émissions de gaz à effet de serre augmenteront chaque année). En 50 tours de jeu (soit 50 ans) les élèves doivent mettre en place des actions comme permettre à la fois de réduire les consommations d’énergie, de développer les énergies renouvelables… On notera que les joueurs doivent réaliser trois types de « points d’action » représentant les différents acteurs : pouvoirs publics, entreprises et citoyens. À la fin du jeu le plan climat dresse la liste de l’ensemble des actions réalisées par année et par objet et reprend les données générales du climat. On peut imprimer et constater ainsi année par année l’impact des diverses actions. La version web (il existe une version DVD) donne la possibilité de mettre les résultats en ligne et de comparer le plan climat réalisé à celui d’autres joueurs. Outre l’aspect ludique du cet outil, c’est un moyen très efficace de traiter des questions de développement durable d’une manière finalement tout à fait concrète. On note que de nombreux élèves conduisent un questionnement plus poussé après la phase de jeu (visite de l’expo virtuelle par exemple, mais aussi recherches personnelles sur le thème).

Conclusion

Il est évidemment difficile de prétendre à l’exhaustivité, mais on peut à partir de ces quelques exemples se bâtir un annuaire sommaire. De là, on pourra suivre régulièrement les mises à jour sur ce thème en constante évolution. L’enseignement du développement durable peut alimenter un marché intéressant pour certains organismes désireux de vendre leur production, ce n’est pas toujours la meilleure des choses comme le soulignait il y a peu Sylvie Brunel. L’enseignant se doit donc d’être vigilant sur toutes les sortes de caricatures de l’éducation au développement durable notamment : faire ramasser des papiers, nettoyer les bords du ruisseau par exemple. Pour éduquer sur ce thème, on se doit de mobiliser des connaissances fondamentales, ancrées dans les disciplines autour de thèmes suffisamment explicites.

Nicolas Smaghue, professeur d’histoire et de géographie, Lycée Européen Montebello, Lille.