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Que fait la danse à l’école ? Enquête au cœur d’une utopie possible

La place de la danse reste encore marginale à l’école en France où elle n’a pas le statut d’enseignement artistique. L’ouvrage du sociologue Patrick Germain-Thomas, issu d’une enquête rigoureuse de terrain, montre que cet art encore trop peu connu et reconnu peut répondre à certains besoins de l’école, tant sur le plan relationnel, que cognitif et culturel.

Dans une première partie « Entre des discours et des actes, quelle place pour la danse ? », l’ouvrage retrace l’histoire de l’éducation artistique depuis le colloque d’Amiens de 1968 et souligne le rôle important de l’association Danse au Cœur pour la promotion des ateliers de pratiques artistiques et pour l’entrée de la danse à l’école via les artistes. La seconde partie « L’école, point d’ancrage de la démocratisation de l’art chorégraphique » évoque les relations fluctuantes entre l’Education nationale et le monde de la culture et de la danse. L’éducation artistique et culturelle a pu retrouver dernièrement une place de choix avec la mise en œuvre des parcours d’éducation artistique et culturelle qui visent à « favoriser l’égal accès de tous les élèves à l’art à travers l’acquisition d’une culture artistique personnelle ». Malgré ces nouvelles mesures, la danse à l’école reste encore l’œuvre de l’engagement d’enseignants militants, convaincus de l’importance de la place du corps sensible et de la créativité dans les apprentissages et dans la construction de soi. Dans une troisième partie intitulée « Le partenariat en action », l’auteur rappelle que la danse à l’école repose sur une structure ternaire, impliquant l’action d’une structure culturelle, avec des établissements, et des artistes. Il démontre que la participation des danseurs et des chorégraphes dans les établissements scolaires – à condition qu’elle s’inscrive dans un réel partenariat avec les enseignants – peut donner lieu à des innovations pédagogiques et transformer, dans une certaine mesure, les relations à l’école et y améliorer le vivre ensemble.

Un ouvrage donc qui a le mérite de poser clairement les enjeux de la danse à l’école et de montrer également ce qui lui fait obstacle. Comme auteure de cette recension, je me permets d’ajouter que la partie du socle commun qui préconise l’usage « des langages des arts et du corps » et les EPI avec la thématique Corps, santé, sécurité et bien être et Culture et création artistiques ouvrent des portes pour mieux intégrer la danse aux apprentissages scolaires. La danse en tant art de l’ouverture à l’altérité pourrait être aussi à même de contribuer à la mise en oeuvre de l’école refondée inclusive.

Evelyne Clavier