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Qui sont les participants des Cahiers pédagogiques, organisées cette année à Bonneuil-Matours (Vienne) ? Des profs ? Oui, mais pas seulement. Et que viennent-ils chercher là, en aout, pendant les vacances ? Voici ce qu’en disent quelques-uns, parmi la centaine de participants réunis pour cette semaine de coformation.

 

Elsa Mocquet
Professeure des écoles dans le Gard
Elsa va débuter sa troisième année d’enseignement après l’ESPE, après une reconversion professionnelle.
Avant, je travaillais dans la production de spectacle vivant (théâtre). J’ai également vécu au Mexique pendant six ans, où je travaillais sur des projets de développement autour du commerce équitable, avec des tisserandes. Et en revenant en France, je suis devenue prof.
Je me questionnais beaucoup à titre personnel sur la façon dont on forme notre jeunesse, ce qu’on lui apprend, et comment lui apprendre. Cela venait notamment du fait que dans mon travail d’animation culturelle, je m’occupais du public scolaire. Donc, je me suis intéressée aux sciences de l’éducation et ça m’a donné envie de passer du côté de l’action, de prendre ma part du défi. Je me suis intéressée aux pédagogiques Freinet, ça m’a amenée à l’Éducation nationale, et au CRAP-Cahiers pédagogiques.
Aux Rencontres, je viens chercher des rencontres, justement, avec mes pairs, d’autant que je suis toute seule dans mon école, en zone rurale. Et puis c’est aussi un moment que je m’accorde pour ma propre formation, et ça me met en piste pour la rentrée, j’y prends beaucoup d’énergie et des idées pratiques des autres, je me remets dedans, c’est ma pré-rentrée en quelque sorte. Il y a beaucoup d’émulation intellectuelle.

Sébastien Ambit
Proviseur adjoint stagiaire à Drancy (93)
Vient de réussir le concours de personnel de direction.
J’ai été enseignant d’Histoire-géographie pendant quinze ans en éducation populaire, puis j’ai été formateur à l’IUFM, spécialisé dans les zones violence et la gestion de conflit, ensuite, j’ai travaillé à l’étranger à Madagascar, et depuis six ans je faisais de l’ingénierie de formation initiale et continue au rectorat de Toulouse.
C’est ma première année aux Rencontres. Après six ans sans salle des profs, qui sont mes interlocuteurs « historiques », j’avais besoin de renouveler mes connaissances du milieu enseignant, de reprendre contact, par un autre biais que celui de la hiérarchie dans un établissement scolaire. Je retrouve la capacité à discuter, à chercher, une mutualisation de ce qui est fait dans toute la France. J’apprécie que l’on parle aussi bien des échecs et réussites, dans un esprit associatif et collaboratif : on n’est pas là pour dire comment faire, mais pour chercher des solutions à poser sur la table et à partager.
Bref, j’ai trouvé ce que j’étais venu chercher ! Un monde enseignant en pleine ébullition, qui est dans la recherche de faire réussir les élèves, des enseignants heureux de l’être et heureux de retrouver les élèves dans une semaine. C’est très rassurant, pour le chef d’établissement que je m’apprête à devenir, et pour le père que je suis aussi !
Il y a ici des gens très engagés, qui viennent de tous horizons : actifs, inactifs, premier et second degrés et différents métiers… J’ai un regret, peut-être, que le milieu de l’inspection et celui des chefs d’établissement ne soit pas plus présent. Ce serait bien que des chefs viennent pour voir comment ça bouillonne dans la salle des profs, même si ceux qui sont ici ne sont pas forcément représentatifs du milieu enseignant.

Christelle Prêtre
Psychologue clinicienne et psychomotricienne, formatrice
J’ai un statut libéral mais je n’ai plus de cabinet, j’interviens en institution sur contrat pour des formations. J’interviens pour le CNFPT (Centre national de la fonction publique territoriale), où je vois beaucoup d’Atsem, et autres personnels travaillant en lien avec les enfants pour les collectivités locales (dans l’animation, les crèches…).
À l’origine, je suis venue par l’intermédiaire d’amis de longue date, membres du CRAP-Cahiers pédagogiques. J’ai lu les Cahiers pédagogiques, dans lesquels j’avais retrouvé des auteurs que je connaissais déjà. Je me suis demandé quelle serait ma place dans ces Rencontres puisque je ne suis pas dans l’Éducation nationale. Et puis l’an dernier, il y avait un atelier dont le thème m’intéressait, parce que je travaillais sur des questions proches avec un groupe de formateurs du CNFPT.
Et je suis revenue cette année parce que ça m’a énormément plu. D’un point de vue professionnel, il y a des choses qu’on avait travaillées l’an dernier que j’ai tout de suite appliquées. D’un point de vue personnel, j’ai toujours aimé confronter mes idées avec des gens qui n’ont pas mon parcours. C’est ça que j’aime dans la formation. Ça entretient ma réflexion, ma recherche, de sortir des groupes où l’on a des références et lectures communes. Ça me permet d’enrichir ma pratique.
Et puis le point commun de tous les enfants que j’ai vus dans ma pratique, c’est qu’ils allaient à l’école ; j’ai rencontré beaucoup d’enseignants, il y en a avec qui c’était possible de travailler et d’autres non, et ça m’étonnait.
J’ai aussi travaillé au Luxembourg, où un enseignant spécialisé m’a contactée parce qu’il avait repéré que pas mal d’enfants avec lesquels il travaillait venaient me voir ; il voulait me proposer de travailler en amont. On a fait une formation en interne dans l’Éducation nationale, avec le biais classique d’attirer des enseignants convaincus, mais qui ont beaucoup apprécié ce pont.

Delphine Riccio
Psychologue de l’Éducation nationale dans le second degré
Au début de ma vie active, j’avais une maitrise de psychologie, mais je ne savais pas trop quoi en faire sur le marché du travail. J’ai pas mal vivoté, j’ai fait du soutien scolaire, j’ai été comédienne, j’ai été agent de production en industrie alimentaire…
Je suis devenue CO-Psy contractuelle, le métier m’a plu et comme je tenais à devenir psychologue, j’ai passé le concours de l’Éducation nationale. Au total, ça fait neuf ans que je me consacre à ce métier.
C’est la deuxième fois que je viens aux rencontres. Je crois qu’avec les enseignants, on partage des interrogations : le constat que la société a évolué, que les valeurs autour de l’éducation ont évolué au sien de la société. Aux Rencontres, on vient s’interroger ensemble sur l’école du 21ème siècle.
Je viens aussi chercher des pistes pour mieux accompagner les élèves dans leur orientation, dans leur réussite et leur développement à l’école. Cela me permet de créer un meilleur lien avec eux. Ainsi, cette année, pour les 6èmes j’ai été celle qu’on va voir non pas parce qu’on est « nul » à l’école, mais parce que je peux les aider dans les difficultés qu’ils rencontrent en tant qu’élèves. Je n’ai pas de position de jugement, et ce n’est pas une punition de venir. Mon ambition est de concevoir de nouvelles formes de séances collectives, en groupe classe ou en atelier, pour une réflexion sur l’orientation avec les élèves.

De plus, en venant ici, je communique ensuite mieux avec les enseignants, parce que je connais mieux leurs préoccupations, leurs difficultés, leur langage. Et mener avec les élèves des séances construites de manière plus pédagogique me permet de mieux mettre en valeur mes compétences et connaissances spécifiques. Car je suis étonnée de ne pas être reconnue comme personne ressource dans certains domaines que je connais pourtant bien de par ma formation, les neurosciences par exemple. Il y a dans le corps enseignant une méconnaissance de notre métier, de nos compétences, de nos savoirs théoriques… L’institution ne sait pas nous mettre en valeur, nous solliciter.

Propos recueillis par Cécile Blanchard

À propos des Rencontres précédentes:
2018 – Animateur aux Rencontres, ça consiste en quoi ?
2017 – Qu’est-ce qu’on se raconte ?
2016 – Une semaine de rencontres
2015 – Entre vacances et rentrée
2014 – «Des enseignants qui me ressemblent et qui cherchent ensemble»
2011 – Retour sur nos Rencontres d’été 2011 : Apprendre, enseigner, se former
2009 – Les Rencontres du CRAP : une Abbaye de Thélème ?