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« On aimerait mieux, souvent, voir l’élève inclus dans la classe. »

-403.jpgLa loi de refondation de l’école de juillet 2013 a institué l’école inclusive, affirmant l’obligation pour l’institution d’inclure en « milieu ordinaire » les enfants allophones, du voyage, en situation de handicap, intellectuellement précoce. Une scolarisation qui n’est pas encore une évidence pour tous, alors que la démarche a beaucoup à apporter au système et surtout à l’ensemble des élèves. Tour d’horizon du dossier de notre dernier numéro, avec ses coordinatrices.

 

 

Élisabeth Bussienne et Évelyne Clavier

Élisabeth Bussienne et Évelyne Clavier

Y a-t-il quelque chose qui vous a particulièrement surprises durant la construction de ce dossier ?

EC : Le grand nombre d’articles proposés m’a surprise, ils n’ont pas tous pu être publiés malgré leur intérêt et leur qualité. Il a fallu faire des choix. Il manque toutefois des textes sur le rôle des corps intermédiaires dans la mise en œuvre de l’école inclusive, celui-ci est juste suggéré par de Delphine Watrin enseignante coordinatrice Ulis dans la fin de son interview. On aurait aimé en savoir plus sur leur travail qui n’est certainement pas aisé et qui demande beaucoup de diplomatie. Il manque aussi un texte sur l’inclusion des enfants issus des familles itinérantes et de voyageurs concernés par la loi de Refondation de l’école.

EB : Les propositions d’articles sont venues, pour la plupart, des collègues qui travaillent dans le secteur de l’inclusion ou d’équipes de direction très engagées en ce domaine. Les enseignants qui accueillent les élèves inclus dans leurs classes se sont peu manifestés pour témoigner des outils qu’ils utilisaient ou des difficultés qu’ils vivaient dans cette situation : or quand je vais dans les écoles, on me parle toujours immédiatement de l’élève « à besoin particulier » qui ne peut pas vraiment travailler avec les autres, pour qui il faut faire une deuxième préparation de journée de classe etc, On en parle gentiment, mais comme d’une excuse pour tout ce qui risque de ne pas bien se passer dans la classe : signe que tout n’est pas si simple de ce côté là. Inclure est un peu vécu comme « faire une bonne action dans le domaine professionnel ». Un autre manque : une réflexion de fond sur l’utilité des outils numériques dans une pédagogie inclusive.

Est-ce que vous faites le constat que du chemin a été accompli depuis la loi de 2005 et même celle de 2013 ?

EC : Oui et c’est tant mieux ! La loi de Refondation de l’école de juillet 2013 a été une étape importante pour les élèves en situation de handicap mais aussi pour les élèves allophones et les élèves intellectuellement précoces. Elle a été source de progrès pour la qualité de leur scolarisation même s’il reste encore à faire. Les enseignants commencent à être mieux formés et à envisager de manière collective, à l’échelle des établissements, l’inclusion des élèves à besoin éducatif particulier qui ne va pas de soi et qui demande changer de pratiques pédagogiques. Loin d’être un poids, ces élèves qui posent question sont peut-être une chance pour l’école, celle de la faire évoluer, et leur présence en milieu scolaire va peut-être aider à la formation d’une citoyenneté ouverte sur l’altérité.

EB : La loi a donné droit de cité au secteur de l’ASH à égalité avec le système « normal » (à supposer que ce mot ait un sens), encouragé et libéré les initiatives tant individuelles qu’institutionnelles. C’est bien. Mais pas sûr qu’elle ait fait changer le regard majoritairement porté sur les élèves à inclure ! Un regard très humaniste, mais on aimerait mieux, souvent, voir l’élève inclus dans la classe du collègue.

Finalement, quel bilan tirez-vous de ce dossier : plutôt optimiste ou pessimiste ?

EC : Pour ma part, je trouve que ce dossier témoigne de la vitalité et de l’inventivité de ceux qui réfléchissent et agissent pour l’école inclusive ainsi que de leur engagement pour une école plus démocratique. Il y a donc de l’espoir !

EB : Oui, le dossier est plutôt optimiste ; les auteurs donnent souvent une dimension militante à leur travail, on sent de l’énergie, de l’enthousiasme, derrière des pratiques très professionnelles. Mais on est encore loin de l’inclusion perçue par tous comme un geste professionnel de base.

Propos recueillis par Cécile Blanchard

Un dossier à retrouver sur notre librairie :

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N°526 – Inclure tous les élèves
Pour les élèves à besoins éducatifs particuliers, l’écart est parfois grand entre ce qui est prescrit et la réalité de leur scolarisation. Ce dossier vise à en pointer les freins et à proposer des leviers à même de faire vivre l’école inclusive refondée.