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Ne pas recopier, ça s’apprend !

Que savez-vous de Charlemagne ? Des élèves disent qu’il était roi, d’autres pensent qu’il a inventé l’école, l’un d’entre eux se souvient d’une date, 800. Partir de ce que savent les élèves me semble une excellente façon de lancer une recherche documentaire.

Lors d’une première séance de documentation, je commence par une présentation du questionnaire quintilien : qui, quand, où, comment, pourquoi ? Nous faisons ensuite un remue-méninges pour chaque personnage, avec une mise en commun pour avoir un tableau de ce que savent les élèves, et donc des véritables questions auxquelles la recherche documentaire devra répondre.

Après cette première étape, les élèves ont comme consigne de relever des informations par le biais de prises de notes, c’est-à-dire de mots, avec interdiction d’utiliser des verbes. La recherche dans le dictionnaire donne l’occasion de reprendre les fondamentaux tels que présentation de la partie noms communs et noms propres, utilisation des mots repères, recherche par le nom de famille. Le travail de reformulation ne se fait ensuite qu’à partir de ces notes pour éviter le recopiage, limitant le problème du vocabulaire non maitrisé ou non compris. En procédant ainsi, les élèves parviennent mieux à sélectionner les informations correspondant à leur niveau de connaissances et de langage. Et il est plus facile et efficace de retenir un minimum d’informations claires et structurées que d’imprimer ou de recopier une quantité d’informations sans discernement véritable, informations qui, parfois, ne seront pas lues et, en tout cas, ne seront pas utilisées en vue d’une acquisition personnelle.

À l’occasion d’un exercice de biographies en 6e, je fais le pari de réaliser avec eux en quarante-cinq minutes trois biographies de deux phrases chacune. Après une présentation du questionnaire quintilien, et donc des questions qui seront à la base de la recherche, je répartis les trois auteurs sur lesquels nous allons travailler, à raison d’un auteur par groupe. Les élèves doivent alors relever les informations trouvées dans le dictionnaire pour répondre au QQOCP. Après dix minutes de prise de notes, je reprends avec eux les réponses aux questions et je leur montre comment, avec une reformulation simple, ils peuvent présenter le résultat de leur travail.

Ainsi, par exemple : « Qui ? Hans Christian Andersen. Quand ? Date de naissance et de mort à transformer pour trouver le siècle : 1805-1875, donc XIXe siècle. Où ? Nationalité danoise. Comment ? Comment s’est-il rendu célèbre ? Quel était son métier ? Écrivain. Pourquoi ? Pourquoi est-il célèbre ? Œuvre(s) : La Petite Sirène, La Petite Vendeuse d’allumettes, Les Habits neufs de l’Empereur, etc. »

La reformulation proposée est alors : « Hans Christian Andersen était un écrivain danois du XIXe siècle. Il est connu pour avoir écrit La Petite Sirène, La Petite Vendeuse d’allumettes et Les Habits neufs de l’Empereur. »

Les élèves sont ensuite capables, ils se proposent d’ailleurs spontanément, de faire ce même exercice de reformulation sur les deux autres auteurs travaillés, Grimm et Perrault, puisque nous sommes dans la séance sur le conte en 6e.

Ce genre d’exercice basé sur la rapidité et le jeu fonctionne bien et parvient à les convaincre de l’utilité de la démarche. Ayant la possibilité de suivre le niveau 6e tout au long de l’année, je peux leur proposer des variations et approfondissements de ce type d’exercices. Ainsi à l’occasion de la semaine de la presse, ils doivent présenter en quelques minutes un article. Par la répétition et l’aspect ludique, j’espère faire acquérir ce réflexe du questionnement.

Ce travail en amont a pu être mis en place grâce au conseil pédagogique dans lequel j’ai fait remonter ce que je constatais au CDI (centre de documentation et d’information) ainsi que par une sensibilisation individuelle des enseignants lorsque je recevais leurs élèves et constatais mon impossibilité à les former de façon ponctuelle. Le Parcours de formation à la culture de l’information (Pacifi) présenté en conseil d’administration et joint au projet de politique documentaire facilite à présent cette prise de conscience de l’ensemble des enseignants de disciplines.

Émilie Jouan
Professeure documentaliste en collège en Saône-et-Loire