Les Cahiers pédagogiques sont une revue associative qui vit de ses abonnements et ventes au numéro.
Pensez à vous abonner sur notre librairie en ligne, c’est grâce à cela que nous tenons bon !

« Ne pas croire qu’il suffit de regarder pour comprendre »

Qu’est-ce qui a été surprenant, marquant dans la préparation de ce dossier ?

Brigitte Cala : Je détournerai un peu la question pour dire d’abord ce qui m’a fait « chaud au cœur » de militante CRAP. J’ai échangé avec quelques auteurs sur leur production après un premier envoi et à chaque fois, les collègues étaient attentifs aux remarques, soucieux de répondre à nos attentes par rapport au thème et flattés de collaborer à notre publication militante. Sur la forme, ça m’a fait penser à un travail d’analyse de sa pratique par écrit et à distance.
L’autre élément concerne plus particulièrement la lectrice des Cahiers que je suis. Cette fois-ci, changement de posture, pour la première fois je participe à la coordination d’un dossier. J’ai vraiment dévoré les articles, et c’était passionnant alors que souvent j’ai une lecture promenade dans le Cahier.
Sur la coordination du dossier, j’ai découvert le travail avec le comité de rédaction qui apporte un étayage aux coordonnateurs et parfois une déstabilisation productive ! Enfin, travailler avec Hélène (la personne et la formatrice) a été riche, riche, riche !

Qu’apprend-on de plus intéressant dans le dossier ?

Hélène Eveleigh : Sous forme de boutade, je pourrais reprendre le titre d’un article : « on n’y voit rien ! » pour retenir l’idée que l’activité des élèves pas plus que celle de l’enseignant ne sont transparentes et qu’il peut y avoir bien des zones d’ombre ou d’éléments impossibles à interpréter, quelles que soient les grilles, les principes, les outils que l’on se donne pour observer de la façon la plus rigoureuse.
En même temps, et paradoxalement, il faut développer cet « outillage » de l’observation et ne pas croire naïvement qu’il suffit d’être là et de regarder pour comprendre ce qui se passe dans une classe. Ajoutons-y la réflexion indispensable sur l’après-observation : qu’en disent les personnes observées et qu’en fait-on ?

Pouvez-vous nous citer un passage qui vous a paru particulièrement éclairant ?

Brigitte Cala : Je choisirais bien le témoignage « Mais qu’est ce qui leur arrive ? » d’Emilie Kochert : «Je les regarde à mon tour, ils sont impliqués, appliqués, heureux, ils échangent entre eux, n’attendent pas d’aide, ils n’en ont pas besoin techniquement, mais réclament mon approbation, un besoin qu’ils n’avaient pas exprimé jusque-là. pour ce moment magique où un dispositif préparé fonctionne finalement malgré les appréhensions, et comment l’enseignant qui a pris du recul pour observer peut changer son regard sur la classe. »
Et puis « voir à travers une tablette » qui parle à la prof d’EPS que je suis et qui utilise un moyen de communication actuel pour rendre les élèves acteurs de leurs apprentissages grâce à un retour sur observation.

Hélène Eveleigh : La réflexion sur la relation observateur-observé est présente dans plusieurs textes et l’article de Sylvain Doussot page 39 m’a semblé très éclairant à ce sujet : « C’est donc dans la reconstruction du problème que peut se produire une compréhension réciproque, en sortant de la linéarité de la relation entre problème et solution qui met l’accent sur la différence de légitimité entre les deux protagonistes (l’un connait la bonne solution, l’autre pas). En comprenant ce qui pose problème d’un point de vue ou de l’autre, on avance vers la compréhension de l’observation. » Mais j’ai aussi beaucoup apprécié les témoignages d’élèves et leurs réflexions pertinentes !