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Laurence Loeffel : « Au bénéfice des élèves, du climat de la classe et des apprentissages »

Quelles sont les orientations essentielles de votre rapport ?

logo-3.jpgLa mission a pris acte du lien intrinsèque entre morale et éducation : il n’y a pas d’éducation sans morale, sans valeurs qui sous-tendent le geste éducatif. L’un des objectifs d’un enseignement de morale à l’école serait de redonner des couleurs à ce lien, de le rendre plus explicite. Une deuxième orientation est de restaurer la dimension morale des valeurs civiques républicaines et démocratiques et de permettre ainsi une réarticulation du moral et du civique, de la personne et du citoyen. Les progrès de l’individualisme, la pluralisation des valeurs et des croyances a eu pour conséquence un divorce entre les valeurs personnelles et les valeurs citoyennes ce qui complexifie l’adhésion aux valeurs communes, non seulement pour les élèves, mais parfois aussi pour les enseignants. Nous touchons là un point critique : la manière dont chacun se relie au commun aujourd’hui, dans le cadre pluraliste qui est celui des démocraties contemporaines. C’est pourquoi le rapport propose l’objectif de « faire communauté ».

Vous parlez d’avoir pour objectif l’engagement des élèves dans la communauté scolaire. Qu’entendez-vous par là ?

Le périmètre de la morale ne se définit pas seulement par la réflexion ou la délibération, mais aussi par l’action. On peut toujours avoir les meilleurs principes moraux possible… Tant qu’on ne les traduit pas en actes, ils demeurent lettre morte. L’action est l’épreuve de la morale ; c’est pourquoi le rapport soutient le principe d’un engagement des élèves dans la communauté scolaire et au nom de la communauté scolaire, par des actions de solidarité, une certaine liberté d’initiative laissée aux élèves dans l’organisation de projets qui engagent leur établissement ; mais il importe surtout que l’école valorise cet engagement.

Vous citez explicitement comme méthode la discussion à visée philosophique, à laquelle nous sommes attachés. De votre point de vue, en quoi peut-elle être utile dans une éducation laïque à la morale ?

Discussion à visée philosophique dans la classe de Stéphanie Fontdecaba

Discussion à visée philosophique dans la classe de Stéphanie Fontdecaba

Le rapport mentionne la discussion à visée philosophique comme une méthode parmi d’autres. S’il insiste sur l’importance de la méthode dans l’enseignement de la morale, il souligne aussi l’intérêt d’un « éclectisme de bon aloi » dans ce domaine. En Belgique où la morale figure dans les cursus depuis les années 1950, la discussion à visée philosophique figure comme ressource méthodologique à côté de la méthode des dilemmes moraux et de celle de la clarification des valeurs. La discussion à visée philosophique, si elle est bien menée, c’est-à-dire préparée en amont et soutenue par une réflexion méthodologique (je veux dire par là, non pas utilisée comme une recette) présente un grand intérêt pour initier les élèves au raisonnement moral et les amener à réfléchir de manière critique.

Auriez-vous un conseil, une précision, à donner aux enseignants qui seront en charge de la mise en place ?

Qu’ils y croient ! Quand ça marche, c’est tout bénéfice pour les élèves, pour le climat de la classe et pour les apprentissages !