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Mais à quoi ça sert ?

Quand on regarde le monde de gaspillage dans lequel nous vivons, on se demande parfois à quoi servent nos petits gestes pour « sauver la planète ».

Notre feuille économisée par un recto verso paraît bien ridicule devant les montagnes de photocopies gaspillées à la reprographie ; notre litre d’eau préservé en fermant le robinet lorsqu’on se brosse les dents paraît bien petit devant la fuite d’une canalisation en ville qui en déverse des mètres cubes…

Transférons ce raisonnement. Je suis professeur de biologie en 6e, et il me suffit d’une petite enquête auprès de mes amis pour me rendre à l’évidence : il ne leur reste pas grand-chose (pour ne pas dire rien !) de leur cours de biologie de 6e. De plus, je n’ai les élèves que deux heures par semaine ; tous les ans ils revoient les notions importantes de l’année précédente, etc. Ainsi pourrais-je démontrer rapidement que je ne suis pas très utile. Mes heures de travail pour tenter d’enseigner correctement pourraient sans grand dommage être affectées ailleurs…

Si tous les enseignants de 6e commencent à penser que leur enseignement ne sert à rien et qu’ils ne s’y investissent plus, vous imaginez la pagaille… Non, chaque professeur, sans se leurrer sur la véritable portée de son enseignement, a bien un rôle important à réaliser avec conscience afin de permettre, modestement, la bonne marche du monde.
Rappelons-nous encore le conte du « poids de rien ».

Deux oiseaux comptent les flocons de neige tombant sur une branche qui ploie lentement. Au 7 312 492e flocon, la branche casse !

« Tu as vu ? Il devait être super lourd ce flocon…

— Mais non ! La branche n’a cassé que parce que les 7 312 491 flocons précédents l’avaient déjà largement fait ployer.

— Tu crois ?…. D’après toi, chaque flocon est responsable de la rupture de la branche ?….

— Tout juste ! Un flocon ça ne pèse rien, mais quand des petits riens s’unissent, ça peut changer pas mal de choses ! »

Ainsi en est-il pour l’écologie pratique : chaque geste compte.

Le monde changera si tout le monde s’y met, et tout le monde ça commence par moi !
Il ne faut pas voir notre geste tel qu’il nous paraît : petit, isolé, sans importance… Chaque geste posé doit être perçu dans une vision globale.

Je suis un parmi 60 millions de Français. Que se passerait-il si tout le monde faisait comme moi ?…. C’est la question.

Une feuille économisée représente alors 60 millions de feuilles (soit 300 tonnes de papier, l’équivalent de 50 arbres !), mon litre d’eau se transforme en 60 000 m3 (ça représente aussi pas mal d’énergie et de CO2 pour la pomper, la transporter, la traiter…)

Notons que l’éducation au développement durable, par la prise en compte de la dimension d’espace et de temps, permet de poser de nombreux problèmes de mathématiques !

Et lorsque nous mettons en pratique un de ces gestes[[Voir par exemple http://www.linternaute.com/savoir/gestes-nature/index.shtml]], même si tout le monde ne fait pas comme nous, nous avons rempli notre partie du contrat. Nous avons fait tout notre possible (Tout ? Non, quelques amis résistent encore et toujours à l’écologie… Peut-être pourra-t-on en convaincre un ou deux en discutant avec eux…).

Ainsi lorsque nous entendrons parler des problèmes de dérèglement climatique, de pénurie d’eau… nous nous sentirons, à juste titre, moins responsables.

Quant aux gestes que nous ne pouvons pas (encore ?) faire, l’important est d’être conscients, sans se sentir écrasés de culpabilité… Sinon ? Nous risquons de tout rejeter en bloc et ne plus rien faire…